WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse portant sur les transferts sans contrepartie et la croissance économique en Haiti pour la période allant de 1996 à  2013


par Diony PIERRE-LOUIS
Université d'état d'Haiti (faculté de Droit et Des Sciences Économiques) - Licence 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction Générale

Le phénomène migratoire fait une recrudescence de débat sur la scène internationale, l'ampleur de ce phénomène est réelle ; pour cela, sa dimension économique et sociale mérite d'être étudiée sous plusieurs angles, notamment sous l'angle des envois de fonds. L'enjeu essentiel dans la problématique d'envois de fonds réside surtout à travers leur impact sur la croissance économique et développement économique. L'intérêt que suscite l'impact des transferts de fonds sur le développement économique des pays récipiendaires est témoigné par la multiplication des études des Observateurs, chercheurs, banques, grandes organisations internationales, agences des Nations Unies et gouvernements, qui se sont consacrés à ce sujet. Ces transferts de fonds désignent les sommes envoyées par les travailleurs migrants et les autres membres de la diaspora dans leurs pays d'origine, qui sont destinées soit à leurs familles, soit à la constitution d'épargne ou à la création d'activité lucrative ou non. Ces envois de fonds sont évalués en 2005 à 167 milliards de dollars US par la Banque Mondiale, ils constituent la deuxième source de financement des pays en développement après les investissements directs étrangers (IDE) (Ratha, 2013). En progression rapide, ces montants atteignent 285 milliards de dollars US en 2007. Et, malgré le contexte de 2008 caractérisé par la récession économique et la crise financière, et quand bien même ils baisseront au moins de 5,3% en 2009 atteignant 320 milliards de dollars US contre 328 milliards de dollars US un an plus tôt1. Aujourd'hui, il est reconnu qu'ils jouent un rôle financier très important pour les économies en développement en raison de leurs besoins énormes de financement. Les transferts suscitent de plus en plus d'intérêt en raison de leur croissance en volume et de leur relative stabilité par rapport aux autres sources alternatives de financement. Selon la Banque Mondiale (2009), les transferts favorisent l'augmentation des dépenses liées à l'éducation et à des investissements. Ils peuvent constituer selon (Chami et al, 2008) un bon instrument dans la lutte contre la pauvreté, car ils contribuent à la croissance économique s'ils sont investis et créent un effet multiplicateur considérable sur la production nationale. Cependant, l'un des effets néfaste des transferts sur l'économie receveuse c'est le cas où ils induisent une augmentation de la demande supérieure à la capacité de production de l'économie.

Les transferts de fonds peuvent engendrer un autre effet négatif sur la balance des opérations courantes c'est ce que l'on appelle « l'effet boomerang ». C'est-ce qui se produit quand les

1 Banque mondiale (2009)

2

transferts provoquent une augmentation des importations et des déficits de la balance commerciale.

Pour Haïti, les transferts privés occupent aussi une place d'or dans l'économie en raison de l'insuffisance chronique de ressources financières nécessaire afin de stimuler la croissance économique. Au fil des années, ils sont devenus l'une des sources de financement les plus importantes pour les familles puisqu'ils soutiennent les ménages en finançant la scolarité de leurs enfants, le logement et les divers autres besoins.

Haïti, étant l'un des pays les moins développés au monde et où, par conséquent, les besoins de financement sont énormes face à des ressources disponibles insuffisantes, les transferts privés constituent donc une opportunité à exploiter. Evalués en 2013 á environ 2 milliards de dollars US, les transferts privés constituent la deuxième source de financement extérieur derrière l'aide publique au développement. Dans ce cadre, il est important de dire que les transferts privés jouent un rôle important dans la balance des paiements. Ceux-ci compensent les déficits chroniques de la Balance des paiements en réduisant la pénurie des devises, sans lui, le déficit du compte courant aurait atteint des montants exagérés. En effet, durant toute la décennie, ils suivent un rythme exponentiel, ils étaient environ 578.7 millions de dollars US en 2000, soit 73.95% du total des transferts courants et se situent à environ 85% du total en 2012. Dans la même logique, les transferts privés représentent un pourcentage de plus en plus élevé dans le Produit intérieur Brut. En effet, en 1993, ils ont représenté environ 0.818% du PIB et respectivement 4.738% et 15.008% en 2000 et 2012. De plus, ces envois de fonds représentent plus de six fois le montant des IDE en 2012 et procurent aux ménages plus de revenus que les exportations2. Certains auteurs comme : Taylor (1999), Rocher et Pelletier (2008) considèrent que ces transferts contribuent à l'amélioration du niveau de vie des ménages ayant un faible niveau de revenu; et constituent une importante source de devises pour les économies receveuses.

Malgré le poids des transferts privés dans la construction du PIB du pays, Haïti fait face à des défis important dans ses efforts pour générer une croissance plus rapide et lutter contre la pauvreté. La croissance économique poursuit sa décélération en passant 5.5% pour l'exercice de 2010 à 2.8% en 2012 et 4.3%en 2013. Ceci est la résultante de la baisse des investissements, de l'environnement politique incertain. Avec le ralentissement de la croissance du PIB, les appuis étrangers ont chuté de 14.1% à 5.8% entre 2010 et 2012 (BRH, 2013). Les financements de petro

2 Situation économique, Financière, sociale en Haïti et perspectives à court terme, MEF, 2013

3

caribe ont sensiblement diminué en raison de la baisse du prix de pétrole ; ce qui occasionne une réduction des investissements publics.

Par ailleurs, durant cette dernière décennie, la monnaie nationale (gourde) connait une dépréciation accélérée par rapport au dollar US; ce qui est le résultat des différents chocs tant internes qu'externes ou encore des politiques appliquée par la Banque Centrale dans le but de préserver la compétitivité du commerce avec l'extérieur. En effet, de 1996 jusqu'en 2002 la fourchette du taux de change envoisinait entre 16 et 29 gourdes pour 1 dollar US. Ensuite atteignait 44 gourdes en Février 2003 et jusqu'à présent cette tendance à la hausse ne cesse de perdurer3. Ceci ne reste pas sans effet sur le niveau des prix des biens et services puisqu'une hausse du dollar engendre automatiquement une hausse des prix sur le marché national. Compte tenu du poids de l'importation dans l'offre globale en Haïti, la hausse des prix des produits importés(en particulier les produits pétroliers) joue un rôle non négligeable dans l'augmentation du niveau général des prix. L'économie nationale a connu des périodes de fortes inflations, suivies d'épisodes d'inflation modérée, en tout cas plus élevée que celles de nos principaux partenaires et de la plus part des pays de la région. En effet, durant les périodes 1991-1994, 2003-2005, les prix ont fortement augmenté, avec des taux d'inflation atteignant des pics de 51,85% et 38,40% respectivement, tandis qu'ils ont crû à des rythmes un peu plus faibles au cours des périodes 1997-2002, 2006-20074. Ces taux d'inflation qui sont, impitoyables à de divers facteurs, notamment la contraction de l'offre combinée à une augmentation de la masse monétaire, et la dépréciation de la monnaie nationale, représente un poids lourd à notre économie affaiblissant les pouvoirs d'achat des ménages qui étaient déjà en situation chaotique. Si aucune mesure n'est pas prise rapidement par les autorités monétaires pour remédier à cette situation, les conséquences seront très compliqués dans la vie économique du pays.

Les statistiques provenant du Fond Monétaire International (FMI, 2013) relatent que le déficit de la balance commerciale du pays est passé de 500 millions de dollars US à 2.2 milliards de dollars US en 2012. Ce déficit chronique de la balance commerciale du pays est le résultat de la forte propension moyenne à consommer (PMC) des Haïtiens portant sur les produits importés selon Fred DOURA5. Eu égard au fait que Haïti est une économie ouverte, le commerce international joue un rôle particulièrement important dans ses interactions. Toute augmentation

3 Rapport annuel de la BRH

4 Rapport présenté annuellement par l'IHSI

5 Fred DOURA auteur du livre « Economie d'Haïti, dépendance, crise et développement, vol 2, chp8, pg 315 »

4

des prix dans les pays partenaires d'Haïti via le poids important des importations entraineront une détérioration de la balance commerciale. Pour mieux comprendre cette situation, nous partons d'une analyse d'un rapport du centre d'exploitation et d'investissement de la République Dominicaine (CEI-RD) et la Banque Centrale (BC) de ce pays. Selon ces rapports, les relations commerciales entre ces deux pays sont très inégales. En effet, entre les années 2000 et 2013, les exportations des dominicains vers Haïti ont augmenté de 57% contre 13% pour Haïti6. Ainsi, durant l'année 2013 les exportations des dominicains vers Haïti ont évalué entre 1.4 et 1.8 milliards de dollars contre 60 millions d'importation7.

Si l'on considère le montant des investissements directs étrangers injectés dans la région des Caraïbes, Haïti est classé en dernière position8. Cette situation s'est aggravée du fait de l'incapacité du pays d'obtenir des prêts sur le marché international, en raison du risque élevé de défaut de paiement. En outre, Haïti souffre d'un chômage chronique. Cette variable est difficile à évaluer. Car, environ 60% des activités productives se réalisent dans le secteur informel. Cette situation tend à s'aggraver avec la faiblesse d'un secteur privé fragmenté et le manque d'institutions susceptibles de favoriser son expansion.

Cependant, les dernières années ont vu Haïti bénéficier d'une assistance externe (dons et prêts) à un montant s'élevant à plus d'un milliard de dollars en 2012. Ces fonds ont été destinés à la reconstruction du pays après le tremblement de terre de janvier 2010, à travers plusieurs projets du gouvernement. Toutefois, cette source de financement est transitoire. Car elle n'est disponible que pour une période de temps limitée.

Avec les piètres performances de l'économie haïtienne en matière de croissance économique et suite aux observations et analyses de l'ensemble de ces éléments susmentionnés, il nous parait important de formuler notre interrogation comme suit : les transferts privés, contribuent-ils de manière significative à la croissance économique d'Haïti pour la période 1996-2013 ? Cette question laisse présager la pensée des économistes, qui pour certains, en se basant sur les faits empiriques, arrivent à la conclusion commune que les transferts privés ne se répercutent pas entièrement sur la croissance économique.

6 Voir article paru au Journal Le Nouvelliste du 21 0ctobre 2014

( http://www.lenouvelliste.com/article/137179/Limpoprtance-des-exportations-dominicaines-vers-Haiti.hlml). Consulté le 30 novembre 2016 à 4h10PM

7 Mathelier, R. 2013, «une perspective des relations haitiano-dominicaines: l'interdépendance des deux économies, un défis sur le moyen-long terme» paru dans le nouvelliste, 10 mai 2013.

8 (EDIC, P.77).

5

Ainsi, ce travail se propose comme objectif de comprendre et expliquer à travers une évaluation empirique l'impact des transferts privés sur la croissance économique du pays. Il s'agit aussi pour nous de comprendre et d'expliquer ce phénomène en vue d'appréhender les significations que les acteurs économiques attachent à cette réalité. En fait, de manière opérationnelle, cette recherche vise à prouver la relation qui existe entre les transferts privés et la croissance économique en Haïti et à quantifier cette relation au travers un modèle économétrique dans un contexte où le pays cherche á avoir une croissance économique soutenable. Et enfin, proposer des pistes de solutions visant à canaliser ces envois de fonds vers un investissement productif afin de stimuler la croissance économique en Haïti.

Ces constats interpellent conséquemment la réflexion des économistes, chercheurs, banques et des organisations. Ce travail si modeste que soit-il, contient certes des informations utiles qui pourra servir d'outil de référence à d'autres chercheurs.

Notre étude se place dans une perspective d'analyse économétrique. Elle s'articule autour de trois chapitres repartis en huit sections dont deux au premier chapitre et trois à chacun des deux autres. Au premier chapitre, nous présentons le cadre conceptuel et la revue de littérature.

Le deuxième chapitre, exposera le cadre Macroéconomique d'Haïti. Dans le dernier chapitre, nous nous pencherons sur la méthodologie empirique à savoir l'estimation de notre modèle économétrique avant de finir par la conclusion qui récapitulera les principaux résultats obtenus de notre travail.

Hypothèses du travail

Une hypothèse est une proposition de réponses aux questions que l'on se pose à propos de l'objet de la recherche, propositions formulées de telle sorte que l'observation et l'analyse puissent fournir une réponse à la question de recherche formulée.

Dans ce travail nous avons formulé nos hypothèses de la manière ci-après

Hypothèse principale

Les transferts privés ont des impacts peu significatifs sur la croissance économique d'Haïti. Hypothèses spécifiques

H1- les transferts privés ont une influence positive sur le PIB à court terme.

H2- les transferts privés influencent de manière positive les importations.

6

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein