2.3.2. Le travail de l'adaptation
cinématographique
Le travail d'adaptation est le choix et le tri de nombreuses
coupes douloureuses, qui ne peuvent se faire que suite à
l'imprégnation du scénariste du contenu du livre afin d'en
retirer les éléments qui instaureront la base d'un
scénario.
La méthode la plus pratiquée est de commencer par
résumer chacun des chapitres de l'oeuvre, celle qui consiste à
dégager les éléments de base suivants :
- Le thème qu'on saisit à travers
un résumé global de l'oeuvre.
- L'intrigue ; le noeud du roman sur lequel on
met l'accent pour extraire le degré dramaturgique.
- Le protagoniste ; personne ayant le
rôle principal dans l'histoire.
Le conflit extrême ; appelé « climax »,
l'objectif auquel le protagoniste se rend en mission.
Après avoir défini les éléments
constituants le schéma du scénario, le travail de l'adaptation,
se basant sur ces éléments, peut se définir par les
étapes suivantes :
1. L'organisation : en trois actes, des
éléments les plus dramaturgiques du roman. Ces trois actes se
présentent comme suit :
a. L'exposition : permet de
présenter rapidement le protagoniste, l'univers dans lequel il vit, la
situation dans laquelle il se trouve au moment où débute le film.
Soudain, survient un événement, l'incident déclencheur qui
va bouleverser
l'équilibre de ce personnage, le pousser à faire
un choix difficile, ou alors lui faire désirer quelque chose de nouveau.
Dès lors, le héros de l'histoire a un objectif qui va le pousser
à tout faire pour l'atteindre. L'histoire, à proprement parler,
peut alors débuter.
b. Le développement :
représente la majeure partie du scénario où le
protagoniste fait tout pour atteindre son objectif en faisant face à de
nombreux
obstacles, parfois incarnés par un personnage, un
antagoniste. Les obstacles s'enchaînent et gagnent sans cesse en
intensité jusqu'à un point de non retour, le
climax, au cours duquel le protagoniste va devoir mener l'ultime
combat contre un
personnage ou un événement. A ce stade, le
héros a soit atteint son objectif, soit échoué. C'est ce
qu'on appelle la réponse dramatique.
Le deuxième acte peut être scindé en deux,
par un climax médian, qui relance l'histoire et l'intérêt
du spectateur.
c. Le dénouement : montre les
résultats, les conséquences de l'histoire. C'est la partie la
plus brève du scénario. Chaque acte se décompose lui-
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même en séquences, qui se décomposent
à leur tour en scènes. Assurément, il existe des variantes
; ce schéma n'est qu'une base.
2. Suppression des éléments qui ne font
pas avancer l'action :
Tels que les personnages et les événements
superflus, cette suppression se réalise
par :
a. La fusion qui vise à fondre les
caractéristiques de plusieurs personnages en un seul.
b. Le montage qui est une scène
muette construite d'une succession de plans rapides permet de résumer
tout un plan de l'histoire, de montrer que le temps passe.
3. La traduction, en action, de tout
l'aspect intérieur du personnage, ses pensées, ses souvenirs, ses
émotions. Cette étape permet de montrer ce que le personnage
ressent à travers ses actions et ses gestes.
4. Le rétrécissement des
scènes et dialogues qui ne doivent, généralement, pas
dépasser les trois minutes.
5. Le recours à la voix off (dialogue
prononcé par un personnage qui n'est pas à l'écran,
parfois, c'est aussi l'illustration sonore des pensées du personnage
à l'écran par le biais de musiques ou de bruits) afin de
résumer une situation, de rendre hommage, discrètement, au texte
d'origine.
6. Rendre le protagoniste le plus actif possible pour
que le public puisse s'identifier à lui ; autrement, les
spectateurs ne pourront pas pénétrer dans l'histoire, s'y
intéresser, être émus.
7. L'entrée rapide dans le vif de l'histoire
par une exposition qui doit être brève. Dans le cas
où le roman présente un univers complexe, dense, le
scénariste est obligé de trouver le moyen de le présenter
brièvement, à l'aide d'images fortes.
8. L'invention des éléments
manquants, quand le roman ne contient pas un ou quelques
éléments constituant le schéma du scénario.
9. L'éloignement du texte de départ
même si le roman contient un bon potentiel filmique, car le
travail de l'adaptation n'est, en aucun cas, de la paraphrase. Ceux-ci
constituent les étapes que peut et doit suivre un adaptateur dans son
travail, mais ce n'est jamais de la science exacte et chaque scénariste
a une marge de liberté qui permet à son don, son génie,
d'intervenir pour créer sa propre oeuvre.
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