B. Les propositions générales de
l'approche
L'hypothèse fondamentale d'une conduite «
maximisant » une valeur, a permis à ALLISON de ressortir des
propositions centrales sur lesquelles sont basées la plupart des
explications. Le principe général pouvant être
formulé ainsi : la probabilité de toute action précise
résulte d'une combinaison des facteurs suivants : 1) les valeurs et
objectifs importants de la nation ; 2) les diverses actions possibles
perçues par cette dernière ; 3) les estimations par la nation des
divers ensembles de conséquences (découlant de chaque action
possibles) ; 4) l'évaluation finale de chaque ensemble de
conséquences86. Cela fournit deux propositions87
:
80 Sur les concepts de base et les principes du
modèle rationnel, lire Ibid., pp. 29-34.
81 Charles Philippe DAVID, Au sein de la Maison
Blanche : la formulation de la politique étrangère des
Etats-Unis, 2e édition, Québec, Presses de
l`Université Laval, 2004, p.
82 Traduit de «Conceptual Models and the Cuban
Missile Crisis», The American Political Science Review, vol.
LXIII, 1969, pp. 689-718, in Philippe BRAILLARD, 1977, op. cit., p.
180.
83 Graham T. ALLISON, 1971, op. cit., p.
10.
84 Traduction de l'auteur de la présente
étude : « l'essaie d'explication des évènements
internationaux par l'analyse des buts et calculs des nations ou gouvernements
constitue la marque de fabrique du modèle de l'acteur rationnel
», voir idem.
85 Version originale: « 1) What is the
problem? 2) What are the alternatives? 3) What are the strategic costs and
benefits associated with each alternative? 4) What is the observed pattern of
national (governmental) values and shared axioms? 5) What are pressures in the
«international strategic marketplace»? », voir ibid,
p. 257.
86 Traduit de «Conceptual Models and the Cuban Missile
Crisis», in Philippe BRAILLARD, 1977, op. cit., p. 181. Pour la
version originale, voir ibid., p. 34.
87 Idem.
1. Une augmentation des coûts d'une action possible,
c'est-à-dire une réduction de la valeur de l'ensemble des
conséquences découlant de cette action, ou une réduction
de la probabilité d'atteindre des conséquences
déterminées, réduit la probabilité du choix de
cette action.
2. Une réduction des coûts d'une action
possible, c'est-à-dire une augmentation de la valeur de
l'ensemble des conséquences découlant de cette
action, ou une augmentation de la probabilité d'atteindre des
conséquences déterminées, augmente la probabilité
du choix de cette action.
Dans le cadre de ce travail, le modèle I permet
d'expliquer la façon dont s'est construite la
décision du recours au règlement judiciaire,
celle-ci étant le fruit d'un calcul rationnel, conduite par un acteur
(le Cameroun) confronté à un nombre limité d'options pour
promouvoir et défendre son intérêt national.
Néanmoins, comme l'a lui-même reconnu ALLISON, le modèle I
ne suffit pas à lui seul pour expliquer certaines décisions de
politique étrangère88. Afin de saisir au mieux le
processus de construction de la décision du Cameroun, le modèle
III, axé sur le fonctionnement de la machine gouvernementale, permet
d'aller au-delà de la vision monolithique du processus de prise de
décision proposée par le modèle I.
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