A. La persévérance dans la voie du
pacifisme
Dès le début du conflit, le Chef de l'Etat
camerounais a manifesté une prédilection en faveur du
règlement pacifique. Après l'invasion de la péninsule de
Bakassi par l'armée nigériane, l'inclination pour la paix, la
patience et l'esprit de dialogue de ce dernier ont permis d'éviter une
guerre aux deux pays. Ferdinand Léopold OYONO, ami proche du
Président BIYA et Ministre des Relations Extérieures durant le
conflit, explique que « malgré sa vive émotion et ses
légitimes ressentiments au regard de cette violation manifeste de
l'intégrité territoriale dont il est le garant, le
Président Paul BIYA avait tenu à s'enquérir de la
situation en téléphonant personnellement à son homologue
et frère Sani ABACHA »326.
L'attachement du Chef de l'Etat à la paix,
préalable selon lui pour l'épanouissement du
Cameroun327, compte parmi les paramètres qui expliquent
l'orientation première du pays vers une action
diplomatique328.
En effet, dans un souci d'apaisement, le Président
Camerounais a d'abord exploré, l'éventualité d'une
solution bilatérale. Néanmoins, cette voie n'a donné aucun
résultat positif. Fidèle à ses convictions, il a
confirmé son option résolue pour le règlement pacifique en
s'orientant cette fois vers une solution multilatérale. Toutefois, les
Organisations Internationales saisies, en l'occurrence l'O.U.A. et l'ONU,
malgré leurs efforts ne sont pas parvenues à résorber
l'antagonisme camerouno-nigérian.
A ce moment s'est posé le problème de la
solution la mieux à même de permettre le règlement
définitif du conflit de Bakassi. Fidèle à ses principes,
parmi lesquels figure le légalisme, le Chef de l'Etat a pris une
décision qui, tout en lui permettant de rester dans la voie pacifique,
montrait la détermination des autorités camerounaises pour un
règlement, juste, durable et conforme au droit international, du conflit
frontalier avec le « grand voisin » occidental. Le 31 décembre
1994, il a ainsi expliqué son option au peuple camerounais : c'est
« le souci de dialogue et de paix
326 Propos recueilli par Zacharie NGNIMAN, 1996, op. cit.,
p. 14.
327 Paul BIYA, 1987, op cit., p.19.
328 A titre illustratif, l'armée camerounaise,
conformément aux instructions, a eu une attitude essentiellement
défensive. Le déploiement militaire, en vue de la défense
de l'intégrité territoriale, n'a pas empêché la
diplomatie d'agir.
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qui nous a déterminés à
préférer les voies du droit à celles de la force pour
favoriser le règlement du différend »329.
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