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Caractérisation des exploitations agricoles en Haà¯ti. Cas de la 1ère section communale de Milot au cours de l'année 2015-2016.

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par Marc-Donald VINCENT
Université Chrétienne du Nord dà¢â‚¬â„¢Haïti (UCNH) - Licence en sciences agronomiques  2016
  

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5.8. Contraintes et stratégies des exploitations agricoles

Les contraintes dont les exploitations agricoles de la zone d'étude sont confrontées ne sont pas les mêmes dépendamment du mode de gestion, des pratiques culturales adoptées et des facteurs climatiques. En effet, l'exploitant agricole qui vit aux dépens de l'agriculture n'a pas droit à l'échec et développe en ce sens un ensemble de stratégies pouvant l'aider à réussir la plus forte possible de ses cultures de façon à répondre aux besoins de son ménage.

5.8.1. Les contraintes des exploitations agricoles

Les enquêtes menées dans la zone d'étude montrent que les contraintes auxquelles les exploitations sont confrontées varient en fonction du type de culture au mode d'élevage. Parmi les contraintes observées et évoquées, les plus courantes demeurent :

La variation et l'irrégularité climatique

l'inaccessibilité aux intrants importants agricoles et de matériels agricoles

Le manque d'espace de production végétale et animale

L'instabilité de la structure

Le faible revenu des EA et le découragement de certains exploitants agricoles

En plus de ces contraintes, les faits montrent que plus de 80% des exploitants agricoles ne prennent en compte les caractéristiques des organes récoltables (racines, tiges, fruits) des espèces

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associées de façon à éviter la compétition pour les mêmes éléments. De même, la distance trop rapprochée des poquets se révèle un facteur de compétition dans la zone d'étude qui tient à réduire le niveau du rendement agronomique.

Pour ce qui concerne la quantité de semences mise par poquet, on l'estime en moyenne à 4 par poquet pour les semences multipliées par voie sexuée et à 2 par poquet pour les semences multipliées par voie végétative.

5.8.2. Les stratégies développées par les exploitations agricoles

Considérant ces contraintes et bien d'autres encore, l'exploitant ne devrait pas laisser décider uniquement la nature, mais aurait dû chercher à influencer la donne par une mise en oeuvre des stratégies dotées d'une durabilité de production allant au contexte de la demande et du milieu. Par ailleurs, vu que bon nombre d'exploitants se contente de donner des solutions ponctuelles aux contraintes, il arrive que celles-ci ne soient que passagères et reviennent au fil du temps. Malgré tout, ils se concentrent vers un calendrier cultural et des systèmes de culture qui sont présentés ci-après (voir le tableau 32).

Tableau 32: Répartition des cultures par aire topographique

Aire topographique

Plaine

Montagne

Piémont

Espèces cultivées

sèche

Marécage

Agroforesterie,

Taro,

igname, manioc, banane-figue

Banane, canne-à-

sucre, maïs, haricot, pois congo, patate

Marécage Riz,

mazombelle

manioc, certaines espèces

 
 

pluriannuelles

Source : Enquête de l'auteur, Octobre et Novembre 2015

Ce tableau (32) présente les principales espèces cultivées au niveau de 3 aires topographiques. Cette forme de mise en valeur permet aux exploitants agricoles de tenir compte de la réalité des différentes aires topographiques de la zone d'étude.

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Tableau 33: Système de culture mise en oeuvre

Système de culture

Association culturale

Culture pure

 

Espèces cultivées

1-

Banane, taro, giraumont, igname

 

1-

Canne-à-sucre

 

2-

Riz

 

2-

Maïs, haricot, canne-à-sucre

 

3-

Mazombelle

3-

Maïs, pois congo

 
 

4-

Arachide

4-

Maïs, haricot

 

5-

Patate, manioc, pois congo

 

Source : Enquête de l'auteur, Octobre et Novembre 2015

Dans le tableau (33) ci-avant, l'étude montre que l'association Maïs, haricot, canne-à-sucre se fait surtout lors de la première plantation de la parcelle en canne-à-sucre. Il arrive parfois que le riz soit associé au mazombelle sous forme de contour. Le système d'association culturale est la plus pratiquée dans la zone d'étude, elle représente presque 2/3 du système cultural. En grande partie, les exploitants pratiquent l'association culturale en vue de réduire les marges de perte des récoltes. Car, si les conditions climatiques ne favorisent l'une, ils espèrent que les conditions favorisent l'autre. Il faut relater que le système d'association implique grandement les arbres fruitiers suivant : Oranger, Noix d'acajou, Manguier, citron, chadèque, arbre véritable, arbre-à-pain, grénadia, corossolier, cachiman, papayer, ananas, quénepier, avocatier, cacaoyer, caféier, cocotier.

Tableau 34: Calendrier cultural adopté dans la zone d'étude

 

Septembre à Décembre

 
 

Février à Juillet

 
 

1.

Patate

6-

Maïs

 
 

1.

Haricot

6.

Igname

6.

Manioc

7-

Banane

2.

Pois congo

7.

Banane

7.

Igname

8-

Pois congo

3.

Maïs

8.

Riz

4.

Giraumont

9-

Canne-à-sucre

4.

Manioc

 

5.

Riz

 

5.

Patate

Source : Enquête de l'auteur, Octobre et Novembre 2015

Le type de calendrier (tableau 34) utilisé par les exploitants agricoles est similaire au calendrier scolaire haïtien où l'ouverture de classe est faite en mois de septembre. Cette

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comparaison n'est pas sans effet vu qu'une grande part des revenus agricoles est destinée à la scolarité des membres du ménage.

Les exploitants agricoles travaillent de façon à récolter le plus de cultures possibles avant l'ouverture des classes. De ce fait, ils divisent l'année culturale en deux saisons, dont l'une petite saison appelé couramment Ti-sezon (de Septembre à Décembre) et l'autre grande saison (de Février à Juillet).

En outre, dans certains cas, l'exploitant agricole en vue d'atteindre les objectifs fixés utilise un itinéraire technique allant des travaux de préparation de sol (labourage à la pioche et à la houe, le sarclage), du semis direct, de l'entretien des cultures, jusqu'á la récolte.

Du même angle, pour combler le manque de fourrage, l'affouragement (feuilles d'avocatier) est utilisé. Contre le risque d'élevage en liberté, ils procèdent à la clôture des parcelles par des espèces du genre cactus.

Face aux contraintes liées à l'instabilité du foncier, plus de 40% des exploitants agricoles ne pratiquent pas la jachère alors que 60% de ces exploitants préfèrent pratiquer le brulis dans leurs parcelles de canne-à-sucre et de riz pour augmenter la fertilité des sols en diminuant les résidus de récolte. Certaines fois, le brulis est pratiqué à des fins de défrichage. Ce qui est déconseillé.

Face aux contraintes liées à la perte de fertilité des sols de la zone d'étude, Moins de 40% des exploitants fertilisent certaines de leur culture. A cet effet, le type de fertilisants apportés à certaines cultures demeure l'organique dont les plus communs sont le fumier et le paillage.

En conclusion, les stratégies développées par les exploitations agricoles face aux contraintes dont elles font face concernent surtout l'occupation des parcelles, les systèmes de culture et l'application d'un calendrier cultural selon l'aire topographique, la saison et les moyens de production dont elles disposent. De toute façon, ces stratégies aident dans la mesure qu'elles évitent de cultiver n'importe quelle semence n'importe où. En plus, elles permettent aux chefs d'exploitation agricole de planifier les campagnes agricoles en fonction de la saison à venir. Par ailleurs, les pratiques culturales ayant rapport aux rotations, associations et successions culturales ne semblent-elles pas assimilées par les chefs d'exploitation agricole de la zone d'étude.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry