Conclusion:
Pour mieux comprendre l'influence de l'AS sur le niveau de
divulgation volontaire des informations des entreprises, nous avons
présenté l'AS dans un premier lieu, qui n'ayant pas une
définition unique bien qu'il s'agisse dans tous les cas des
salariés qui détiennent des actions de leurs entreprises, et cela
à travers un aperçu historique de ses premiers outils aux
Etats-Unis, ses pratiques dans certaines pays dans le monde tout en se
focalisant sur les différentes modalités offertes aux
salariés pour devenir des actionnaires en France.
Dans un deuxième lieu, la divulgation volontaire,
définie comme le processus de communication au public des informations
pertinentes sur la réalité économique de l'entreprise,
nous avons cité, premièrement, les motivations des entreprises
à divulguer comme l'asymétrie d'information, le contrôle et
l'amélioration de la couverture des analystes et deuxièmement,
les contraintes de celle-ci qui se caractérisent principalement par des
coûts, qui limitent la divulgation volontaire des entreprises ainsi la
perte de ses avantages.
Notre objectif est de déterminer l'impact de l'AS sur
le niveau de la divulgation volontaire. En effet, ce thème de recherche
suscite un intérêt croissant auprès de la plupart des
études Anglo-Saxonnes mais il est limité dans les pays
francophones.
Dans le deuxième chapitre de notre étude, nous
allons présenter une revue de la littérature qui porte sur la
relation qui lie la divulgation volontaire, l'AS et le pouvoir syndical de
négociation, puis un cadre théorique qui englobe tous les
théories qui approuvent cette relation et enfin le développement
de nos hypothèses.
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Chapitre 2 : Cadre théorique
et revue de la littérature
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Introduction :
Le débat sur les avantages et les inconvénients
de l'AS est de plus en plus croissant depuis plusieurs années (Bova et
al, 2013).
D'un côté, Jones et Kato (1995) montrent que
l'AS, non seulement, permet d'augmenter la productivité des
employés, mais d'aligner les objectifs de l'entreprise et ceux des
gestionnaires, qui généralement tentent à servir les
intérêts des actionnaires majoritaires. D'un autre
côté, La porta et al (1997), affirment selon des preuves
empiriques que, donner aux employés non gestionnaires trop de
participation dans l'entreprise peut minier la valeur actionnariale de
celle-ci.
Dans notre recherche, nous cherchons à connaitre
l'impact de l'AS sur le niveau de la divulgation volontaire des entreprises
tout en se basant sur les salariés syndiqués, qui leur
capacité à défendre les conditions de travail et de vie de
leurs adhérents, dépend invariablement de leur pouvoir de
négociation. Les relations professionnelles, dans le système
français, ont connu depuis une vingtaine d'années des
évolutions importantes, parmi lesquelles le développement d'une
négociation collective à l'échelle des entreprises.
D'où selon Andolfatto et Labbé (2000), l'émergence du
syndicalisme qui ne se limite plus à la seule gestion des conflits ou
à la revendication du partage des bénéfices.
Arcimoles et Huault (1998) suggèrent que les
organisations syndicales, au-delà des questions salariales, sont de plus
en plus sollicitées sur des questions liées à la gestion
des entreprises telles que l'aménagement du temps de travail, la
formation professionnelle ou encore l'emploi.
Au cours du deuxième chapitre, nous allons citer, dans
une première section, les théories qui nous aident à mieux
comprendre ce thème, ensuite les différentes revues de la
littérature concernant la relation existante entre l' AS et le niveau de
la divulgation volontaire des entreprises. La troisième section est
consacrée au développement de nos hypothèses de
recherche.
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Section 1 : Le cadre théorique
Pour établir un lien entre l'AS et la divulgation
volontaire, Bova et al (2013) se sont basés sur la théorie
économique qui suggère que les entreprises
bénéficient d'une divulgation volontaire des informations sur le
marché de capitaux.
Plus précisément, dans le cas d'absence de
coûts ou d'incertitude quant à l'existence de l'information, la
théorie suggère que les entreprises doivent suivre une politique
tendant à éliminer totalement l'asymétrie d'information
avec le marché.
Pour mieux analyser le lien entre l'AS et la divulgation
volontaire, nous allons dégager, dans cette section, les fondements
théoriques de chacune de ces pratiques.
1.1 La théorie de l'agence :
1.1.1 L'actionnariat salarié : un outil de
convergence des intérêts Liebeskind (2000), insiste sur
l'importance, pour toute firme caractérisée par une forte
intensité en capital humain, de la mise en place de mécanismes
incitatifs, de manière à attirer des salariés hautement
qualifiés, les amener à développer leur capital humain et
à retenir ces employés sur une durée suffisante.
Selon Jensen et Meckling, (1976), fondateurs de la
théorie de l'agence, l'agent a la possibilité de ne pas agir dans
le meilleur intérêt du principal vu la différence de leurs
objectifs qui donnera lieu à des « coûts d'agence » pour
celui-ci.
Donc les salariés peuvent adopter des comportements
allant à l'encontre des intérêts des dirigeants et des
actionnaires (par exemple, la réduction des efforts individuels) et ceux
afin de compenser le caractère non diversifiable de leur investissement
en capital humain (Desbrières, 2002).
Pour limiter les sources de conflits, pouvant engendrer des
pertes de qualité, de productivité et de performance ; et assurer
la convergence des intérêts des salariés avec ceux des
dirigeants et actionnaires, des mécanismes d'incitation et de
contrôle peuvent être mises en place, dont notamment l'AS
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L'AS contribue à atténuer les conflits
d'intérêts via la création d'un ensemble d'objectifs dont
la réalisation génère des effets positifs pour l'ensemble
des partenaires de l'entreprise Dondi (1992).
En effet, Aoki (1984) affirme que l'AS est un mécanisme
d'incitation à la performance qui permet la représentation des
salariés dans les organes de décisions et de contrôle de la
firme
1.1.2 La divulgation volontaire : un outil de
réduction des coûts d'agence
Jensen et Meckling (1976) définissent cette relation
d'agence comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le principal)
engage une autre personne (l'agent) afin d'agir en son nom et qui implique la
délégation d'un droit de décision (autorité)
à l'agent.
Si le dirigeant n'est pas l'actionnaire majoritaire de
l'entreprise, la délégation du pouvoir serait une source de
conflit.
Jensen et Meckling (1976) montrent que la relation d'agence
conduit à un problème d'asymétrie d'information parce que
les gestionnaires peuvent accéder à des informations plus que les
actionnaires.
La divergence entre les intérêts des dirigeants
(maximisation du revenu, objectifs de domination et besoin de
sécurité) et ceux des actionnaires (maximiser le profit) engendre
des coûts d'agence.
Il existe plusieurs moyens de résolution des conflits
d'agence qui permettent de renforcer le contrôle et de rechercher une
convergence d'intérêt entre les actionnaires et les dirigeants.
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Par exemple :
- Selon Healy et Palepu (2001), les contrats optimaux c'est
l'un des moyens pour réduire les problèmes de l'agence, car ils
contribuent à aligner les intérêts des dirigeants avec ceux
des actionnaires et cela par l'élimination en grande partie des
incitatifs de profits à court terme.
- La réglementation est un autre moyen
d'atténuer le problème de l'agence par l'obligation des
dirigeants à divulguer intégralement l'information privée
(Healy et Palepu, 2001), mais cette divulgation, malgré son
caractère obligatoire, elle n'est jamais garantie (Al-Razeen et
Karbhari, 2004).
- Enfin la divulgation volontaire où les dirigeants
divulguent plus d'informations volontaire afin de réduire les
coûts d'agence (Barako et al, 2006) et aussi pour convaincre les parties
externes qu'ils agissent de façon optimale (Watson et al, 2002).
D'après Jensen et Meckling (1976), la divulgation est
un mécanisme de gouvernance destiné à atténuer les
coûts d'agence (coûts de surveillance des dirigeants par les
actionnaires et coûts de dédouanement que ces derniers supportent
pour montrer leur bonne gestion).
Donc la divulgation volontaire constitue un avantage pour les
deux contractants, pour l'agent (dirigeant) par l'amélioration de sa
rémunération, la confiance des actionnaires et son horizon
à la direction.
Quant au principal (actionnaire) la divulgation volontaire du
dirigeant réduit les deux coûts d'acquisition de l'information et
de contrôle ce qui accroît la valeur de l'entreprise.
En fait selon Barako et al. (2006) les actionnaires auront
tendance à encourager une politique de divulgation volontaire dans la
mesure où elle leur permet d'avoir les informations dont ils ont besoin
pour juger la gestion du dirigeant, cela leur permet de réduire les
coûts de surveillance qu'ils supportent.
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Ali et al (2007) affirment qu'il existe deux types de
problème d'agence :
Le premier problème résulte de la
séparation entre la propriété et la gestion : les
dirigeants agissent à l'encontre des intérêts des
actionnaires.
Le deuxième problème est dû des conflits
entre les actionnaires et les dirigeants dans un premier lieu et les non
dirigeants dans un deuxième : les membres de la famille tendent à
contrôler leur entreprise à travers leurs participations
importantes dans le capital (actionnaires) et dans la gestion de l'entreprise
(conseil d'administration). Donc le problème d'agence en France est un
conflit entre les actionnaires de contrôle et les actionnaires
minoritaires.
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