1.2 Justification du choix du sujet
Les progrès de la médecine améliorent la
qualité de vie et par conséquent l'espérance de vie de la
population. En prolongeant l'espérance de vie, ils favorisent le
vieillissement et les maladies chroniques. La prise en soin des personnes
atteintes de maladies chroniques interpelle la compétence de tous les
soignants. Ainsi, l'OMS fait de l'amélioration de la qualité de
vie des patients atteints d'affections chroniques, une priorité.
Pourtant, au cours de notre pratique,nous avons constaté un certain
nombre de situations à propos des patients dialysés qui ont
attiré notre attention dans le service de
néphrologie du CHUY à savoir : La mauvaise perception de la
dialyse par les patients et leur famille et la non implication des infirmiers
à l'ETP.
- La mauvaise perception de la dialyse par les patients et
leur famille. Les patients et leur famille pour diverses raisons ont une
mauvaise perception de la dialyse. Cette situation retarde la décision
du démarrage du traitement précipitant ainsi le
décès des patients.
- Les infirmiers s'avouent non concernés, voire non
habilités à éduquer la personne ou sa famille surtout
avant la 1ère séance de dialyse. Les personnes atteintes et leur
famille restent souvent sur leurs besoins d'informations et devront toujours
attendre le médecin pour recevoir des informations sur la dialyse.
Dans notre tentative d'apaiser le stress des personnes
malades, les infirmiers titulaires nous ont interpelé sur l'usurpationdu
rôle des médecins. Pour eux, dans la période de
consultation et de discussion avec le médecin pour l'institution de la
dialyse, l'infirmier ne peut pas s'en mêler. Pourtant il est l'acteur
principal dans l'éradication des deux premières situations que
nous avons évoquées précédemment. Il s'agit de la
mauvaise perception de la dialyse et la non implication des infirmiers à
l'ETP. C'est dans cette optique que l'ONI (2010, p. 17) déclare que
« la qualité et la diversité des interventions
proposées font des infirmiers de véritables tuteurs de
résilience ». Convaincue de cette position, Roland (2013,
p. 25) ajoute que l'ETP « fait partie intégrante du
rôle de l'infirmier dans le chemin clinique du
patient ».
Dans un environnement de maladie chronique, nous utilisons
l'ETP pour explorer le niveau d'adaptation des infirmiers. Notons que dans la
réforme des soins, l'OMS recommande l'intégration
systématique de l'ETP dans les pratiques.L'ETP aide les personnes
atteintes de maladies chroniques à devenir capables de prendre en soin
leur maladie, produisant ainsi des bénéfices en termes de
santé et financièrement. L'ETP abonde les pays surtout
développés et commence à faire envahir les pays africains
en général et au Cameroun en particulier. Cependant, de nombreux
soignants manquent de capacités requises pour éduquer leurs
patients (OMS, 1998). Les personnes vivantes avec les maladies chroniques ne
sont pas quotidiennement suivies par les soignants. Cette situation
amène l'infirmier à aider ces personnes à mobiliser toutes
leurs ressources pour faire face à la maladie au quotidien et à
prévenir les complications. Ainsi, Mathieu (2013, p.21), reconnait que
« L'infirmier(ère) a donc un rôle important à
jouer afin d'éduquer les personnes à risques et les
soutenir... ». La majorité des pays
développés a institué dans leur système de
santé, des structures de coordination de l'ETP. Les maladies chroniques
représentent la majorité des recours thérapeutiques. Le
but de l'ETP est de remettre entre les mains de la personne malade, la
responsabilité du maintien de sa santé, par l'utilisation de
moyens appropriés. L'éducation thérapeutique a aussi pour
but de réduire la dépendance du patient en lui permettant
d'intégrer son handicap à sa vie quotidienne. Les infirmiers
doivent se l'approprier comme le souligne Hesbeen, (1999, p. 4)
Aujourd'hui comme par le passé, la discipline
infirmière accorde plus d'importance à la promotion de la
santé qu'au traitement de la maladie. C'est ce qui explique pourquoi
elle s'intéresse aux connaissances liées au concept de soin
(care), qui est différent de celui de traitement (cure), relevant, lui,
de la médecine.
L'ETP est un rôle propre de l'infirmier. En France, le
rôle éducatif de l'infirmier est consigné dans la loi
Hôpital, Patient, Santé et Territoire (HPST du 21 juillet 2009,
à l'article L. 1161-1 du code de la santé publique comme
suit : « L'éducation thérapeutique s'inscrit dans
le parcours de soins du patient. Elle a pour objectif de rendre le patient plus
autonome en facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en
améliorant sa qualité de vie. Elle n'est pas opposable au
malade... ». Eduquer le patient représente aujourd'hui
une pratique indispensable de la thérapeutique. Mais, cette
éducation est difficile parce qu'il s'agit d'une véritable
formation devant aboutir à un transfert des compétences du
soignant vers le soigné. A cet effet, la personne malade est un apprenant
particulier, car elle est psychologiquement diminuée et physiquement
faible vu sa pathologie. Tous les infirmiers doivent faire de cette pratique
leur attitude quotidienne sans attendre le législateur, pour le bien de
la personne malade. Par ailleurs la majorité des patients du CHUY
à qui le médecin a proposé la dialyse l'ont refusé
de peur de mourir sous hémodialyse (Sonna, 2012). Les infirmiers sont
alors vivement sollicités dans cette situation angoissante pour le
patient. Cette relation entre l'infirmier et le patient dialysé pose
d'énormes problèmes.
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