11 Première partie : Approche théorique de l'ETP
12 Chapitre I: État de la
question
L'approche théorique est le soubassement, le
fondement de cette recherche. Comme l'affirme Mvessomba, c'est
« un ensemble d'éléments qui constituent la
charpente ou la fondation d'un travail scientifique » (2013,
p.97). Dans cette partie nous aurons la justification, le contexte, le
problème, la problématique, la question de recherche,
l'hypothèse de recherche, l'objectif de recherche,
l'intérêt, la clarification des concepts et le cadre
conceptuel.
1.1 Contexte de
l'étude
En Europe, dans la pratique en dehors des institutions
hospitalières, 80% des maladies traitées sont chroniques. Bien
que la plupart des traitements soit remarquablement efficace en raison de la
recherche médicale, leur qualité est souvent loin d'être
satisfaisante (OMS, 1998). Les maladies chroniques à l'exemple des
Maladies Rénales Chroniques constituent des défis pour les
systèmes de santé. La croissance mondiale annuelle de l'incidence
des MRC a été estimée à 8%, ce qui équivaut
à un taux de croissance six fois supérieur à celui de la
population mondiale (1,3%).
Aux Etats-Unis d'Amérique, la proportion des malades en
dialyse et transplantation rénale s'élevait à 360.000 en
2003 (cette incidence était à 150.000 dix ans auparavant), soit
0,13% de l'ensemble d'une population de 270 millions d'habitants (Sumaili,
2009). On estimait, en 2004, à 1,8 million, le nombre de personnes
traitées dans le monde par dialyse et transplantation rénale. Il
y a 90% de patients sous Épuration Extra Rénale (EER) qui vivent
dans les pays développés pendant que l'issue de la
majorité de ceux des pays en voie de développement est la mort
dans un délai très court (Ibid).
Dans une situation de maladie, tousles patients manifestent le
besoin de connaître leur situation. Les experts de l'OMS ont
constaté que les patients étaient mal informés sur leur
maladie et que peu d'entre eux étaient assistés dans la gestion
de leur traitement (OMS, 1998). Dans les pays développés, les
infirmiers sont au premier plan de la prise en soin de ces personnes. L'Ordre
National des infirmiers (ONI) de France reconnait que :
Les infirmiers de dialyse, transplantation et
néphrologie ont un rôle essentiel et vital d'accompagnement des
patients avant et pendant toute la durée du traitement. Ils les
informent sur la maladie et ses conséquences mais aussi les forment et
les éduquent aux soins et aux gestes nécessaires à une
bonne observance des traitements. Ils prennent également en compte
toutes les dimensions psychologiques liées à la prise en charge
et gèrent les moments de découragement des malades. Les
infirmiers ne doivent pas non plus se désintéresser des
conditions de vie des patients puisqu'elles sont susceptibles d'influer sur la
qualité de leur traitement.(ONI, 2010, p. 9)
Dans les pays en voie de développement en
général et en Afrique en particulier, la MRC plonge ses victimes
dans un désespoir total. Dans sa thèse portant sur
l'Éducation thérapeutique de l'adulte en insuffisance
rénale chronique avancée,Younous (2012)soutient que selon
l'Association marocaine de la presse médicale, environ 13 000 patients
seraient traités pour insuffisance rénale chronique en phase
terminale en 2012. En 2006, le Ministre de la Santé à
l'époque, avait indiqué qu'au Maroc, 4850 patients étaient
pris en soin par 115 centres de dialyse. Ce chiffre a progressé en 2008
pour atteindre 9114 personnes, dont 6114 bénéficiaient des
services de 160 centres spécialisés. De son côté, un
ancien Président de la Société marocaine de
néphrologie, a estimé que les cas d'insuffisance rénale
chronique terminale au Maroc sont de 100 à 120 personnes sur 1 million
d'habitants et qu'environ 3000 cas se trouvent chaque année en attente
de dialyse (Op. cit.). Du point de vue caractéristique
sociodémographique,l'insuffisance rénale chronique est 2 à
3 fois plus fréquente chez l'homme que chez la femme. L'âge des
nouveaux patients débutant la dialyse augmente
régulièrement (âge moyen de 66,3 ans et médian de
70,4 ans en 2006). A ces statistiques s'ajoute le fait que cette maladie est en
nette progression (5 à 8% par an) si bien qu'elle constitue un
véritable problème de Santé publique. Elle est l'une des
cinq priorités du Ministère marocain de la santé
(Ibid.).
Sumaili (2009) souligne que la MRC constitue un
problème mondial majeur de Santé publique. Son ampleur
réelle en Afrique demeure inconnue. Malgré, les progrès
réalisés dans l'identification, la prévention de celle-ci
et le traitement de la phase terminale de la maladie, ce domaine reste un grand
défi en Afrique Sub-saharienne à cause du manque cruel des
ressources nécessaires. Néanmoins, la MRC est une cause
importante de décès en République Démocratique du
Congo (RDC) comme dans les pays environnants (ibid.). De plus, les
facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels comme l'Hypertension
Artérielle (HTA) et le diabète sucré qui sont
associés à la MRC deviennent de plus en plus fréquents
dans les pays en voie de développement dans le cadre de la transition
épidémiologique.
En RDC, une étude réalisée en 2009 dans
un Centre de Santé (CS) a révélé que plusieurs
patients diabétiques avec la MRC n'étaient ni
dépistés, ni adéquatement soignés et non plus
référés précocement. Pourtant, les interventions
précoces sont bénéfiques car elles peuvent non seulement
prévenir, stopper ou ralentir la MRC, mais aussi prévenir les
complications cardiovasculaires. Par ailleurs ces patients sont
particulièrement jeunes rejoignant ainsi le profil rapporté dans
la plupart des pays en voie de développement. En effet, la moyenne
d'âge des patients insuffisants rénaux chroniques terminaux en
Afrique Sub-saharienne comme au Sénégal et au Burkina Faso est de
46 ans (Sumaili, 2009). Il s'agit là pourtant d'un âge pourvoyeur
de ressources humaines nécessaires au développement
économique d'une nation.
Au Cameroun la transition épidémiologique se
répercute aussi au niveau de la MRC. Aujourd'hui, le taux de progression
est élevé, et on prévoit que le nombre de patients ayant
le diabète de type 2 va doubler dans le monde dans les 25 années
à venir (MINSANTE, 2009). Selon le MINSANTE, ceci va conduire à
une augmentation du nombre de patients ayant une Insuffisance Rénale
Chronique (IRC) au Cameroun. Aussi, le nombre de ceux nécessitant une
thérapie de suppléance rénale, en particulier la dialyse
va croître. Face à cette situation, le Gouvernement camerounais a
réagi en multipliant les centres d'hémodialyse pour en faciliter
l'accessibilité. Il a subventionné le coût d'une session
d'hémodialyse qui revient désormais à 5000 Fcfa
(Ibid.). Actuellement le Cameroun compte 09 centres
d'hémodialyse dont deux à Yaoundé (CHUY et HGY). Par
ailleurs, avec l'émergence des infirmiers Licenciés et des
Masters, d'importantes réformes ont émergées en sciences
infirmières en termes de qualité de soins. La prise en soin des
patients dialysés devrait répondre aux nouvelles approches
paradigmatiques et épistémologiques afin d'aboutir à
l'accompagnement efficace de ces personnes.
Au CHUY, le service d'hémodialyse a ouvert ses portes
depuis 2006 et reçoit des patients de toutes les régions du
Cameroun. Dans le souci de satisfaire les patients dont le nombre s'accroit de
jour en jour, une extension a été faite et la capacité
actuelle du service est de 10 places.En ce jour, 80 patients organisés
en six groupes bénéficient des prestations des infirmiers.
Au vue de ce qui précède et devant cette
situation alarmante, des répercussions sont énormes sur le plan
social et scientifique en termes de problèmes dont font face les
différents acteurs. Ce qui justifie la motivation pour ce sujet de
recherche.
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