1.20.4 Les
obstacles liés à l'infirmier
L'ambiance bon enfant qui a souvent régnée entre
les infirmiers et les patients était appréciable. Une certaine
familiarité et une complicité s'est installée entre ces
deux partenaires. Aucun patient ne s'est plaint tout le long du séjour,
ce qui signe l'esprit de disponibilité des infirmiers. Ces
résultats ne surprennent pas car en 2010, Nkoum a constaté que la
plus-part des infirmiersutilisait une approche globale. Laquelle approche fait
du patient un sujet, un acteur et un partenaire de soin. L'auteur a lié
cette attitude à la nouvelle génération d'infirmiers issue
des écoles supérieures. Cet environnement propice à
l'éducation que a été observé ne suffit pas pour la
réussite de l'ETP.
Les experts de l'OMS ont confirmé que les obstacles
à l'ETP sont dus à la formation initiale de la plupart des
soignants (OMS, 1998). Les infirmiers ont du mal à faire un saut
épistémologique et paradigmatique afin de passer de l'expert
(dominant) au partenaire (égal à égal). L'intervention de
cet informateur est entière : « C'est des relations
autoritaires, si tu vois tel personnel s'adresser à un malade c'est pour
lui donner des instructions, pour lui montrer comment c'est lui qui commande
parce que c'est son service, et ça, ça bloque carrément,
euh, quand je parlais de relation au départ, quand tu viens devant le
malade tu veux lui montrer que tu es le parfait soignant qui connait tout, lui
il doit seulement subir, il doit seulement encaisser, ça ne marche
pas » Inf 1. Contrairement aux idées
préconçues, informer le patient n'est pas l'éduquer, le
conseiller n'est pas forcement lui faire apprendre. « D'où
l'importance d'une formation qui a pour but de rendre les soignants capables de
maîtriser les différentes phases de la prise en charge
pédagogique d'un patient » (d'Ivernois & Gagnayre,
2011, p. 139). C'est l'amalgame de ces différentes pratiques qui rend
incompétents les infirmiers. Les programmes de formation de base
semblent méconnaître l'ETP mais au contraire donnent la dimension
éducative des soins infirmiers. Or, l'ETP est devenue une nouvelle
compétence à concevoir dans les programmes de formation des
infirmiers. Justumus et al cité dans (ibid.) font le même
constat lorsqu'ils déclarent que les études médicales, les
formations en sciences de la santé n'ont pas jusqu'à
présent réellement préparé les professionnels
à assumer ce rôle d'ETP. Ceci corrobore avec les propos de cet
infirmier : « Dans le service, il n'ya pas de
diététicien par exemple, on doit se battre pour collecter des
informations par ci et là. Mais si on avait eu des séminaires de
formation cela nous auraient beaucoup aidé à la bonne marche des
activités dans le service et les patients en gagneraient
plus » Inf 4. L'on ne peut demander à l'infirmier de
restituer que ce qu'on lui a appris, or dans le cas d'espèce, seul le
deuxième cycle de formation des infirmiers prépare ceci à
l'ETP au Cameroun. Il est nécessaire de voir dans les institutions
abritant les infirmiers en pratiques avancées des
infirmiers-éducateurs, concevoir et mettre en oeuvre des programmes
d'ETP au bénéfice des patients.
Ne pas s'engager dans une activité peut incarner le
manque de motivation de la part des infirmiers. A l'ère des techniques
de communications et des compétences disponibles sur place, les
infirmiers ne peuvent pas incriminer le manque de connaissance dans
l'inactivité éducative. L'Homme étant
génétiquement programmé pour apprendre si les infirmiers
avaient la motivation nécessaire, ils pouvaient par tous les moyens
chercher la compétence requise. Les infirmiers en pratiques
avancées (MSI) du service devraient passer de l'amotivation à une
motivation interne afin d'implémenter des séances d'ETP et de
former les IDE à cette pratique.
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