Approches
pédagogique en ETP
Pour Moutet, cité dans Vincent et al (2009, p. 93)
« le professionnel de santé qui ouvre son regard sur les
patients et leur vécu perçoit une complexité et une
richesse inouïe ». La véritable question est de savoir
quelle approche devrait utiliser le soignant pour exploiter cette richesse et
concevoir des programmes éducatifs qui aient du sens pour le patient
?
La personne (et non pas le malade ou le patient) doit
être au centre de toute approche. C'est dans ce sens que Lorto et Moquet
(2009, p. 41) déclarent que « Tout comme la
capacité d'enseigner ne s'exerce que si celui qui enseigne est sorti de
la prison du quant-à-soi. Apprendre, c'est se construire. Tant que le
désir de vivre du patient est pris dans des contradictions qui le
ruinent, jamais le moindre chantier ne pourra voir le jour ».
Ainsi toute approche doit tenir compte de la personne de façon
holistique sur le plan familial, culturel, social. Cela signifie qu'il faut
considérer les dimensions environnementales, psychologiques ou
sociologiques. La personne dialysée n'est pas toujours
hospitalisée mais vit dans son milieu familial et social. Le
professionnel doit pouvoir convoquer les différentes approches
éducatives disponibles en ETP. Quelle que soit l'approche
adoptée, les personnes et les proches veulent une approche de soins
centrée sur eux, que les professionnels soient à l'écoute
de leurs besoins et de ce qu'ils vivent ( Lefebvre & Levert, 2009).
Nous allons aborder dans un premier temps les quatre approches
retenues par Lefebvre et Levert (op. cit.). Il s'agit ici de l'approche
centrée sur la personne et son projet de vie, le modèle
écosystémique, l'approche ré?exive et l'approche de
partenariat.
· Approche centrée sur la personne et son projet
de vie
L'approche centrée sur la personne vise l'acquisition
de compétences par la personne, afin qu'elle puisse prendre en charge de
manière active sa situation et qu'elle prenne les meilleures
décisions pour elle-même ( Lefebvre & Levert, 2009). Dans
cette approche selon l'auteur, il y a une reconnaissance mutuelle de
l'expertise de chacun (le savoir disciplinaire de l'intervenant et le savoir
particulier de la personne en regard de sa situation de vie) qui est mise
à profit en vue de l'actualisation du but commun : Le projet de
vie. La planification par étapes proposée par Lorto et Moquet
(2009) est un cadre logique et cohérent pour l'action des professionnels
de santé. Chacune des quatre étapes recommandées s'inscrit
dans la continuité de la précédente.
- La première étape est l'identification des
besoins de chaque patient, dont ressortiront, au moyen d'un diagnostic
éducatif, les composantes pédagogiques, psychosociales et
biomédicales. Il faut éviter de poser le diagnostic dans une
posture médicale et paternaliste mais de façon consensuelle en
tenant comptant de l'avis de la personne.
- La seconde étape consiste à formuler avec le
patient les compétences à acquérir ou à mobiliser
et à maintenir au regard de son projet, de la stratégie
thérapeutique et de ses priorités. Il faut alors négocier
avec lui afin de planifier un programme personnalisé d'ETP, de les
communiquer sans équivoque au patient et aux professionnels de
santé impliqués dans sa mise en oeuvre et le suivi du patient, et
de concevoir l'évaluation individuelle sur la base des
compétences négociées avec le patient.
- La troisième étape, consiste à
sélectionner les contenus à proposer lors des séances
d'ETP, les méthodes et techniques participatives d'apprentissage qui
facilitent les interactions et les médiations avec le patient et ses
proches pour l'acquisition de compétences, et à mettre en oeuvre
le programme d'ETP.
- La quatrième étape est celle de
l'évaluation des compétences acquises par le patient (acquisition
de compétences, adaptation, changements mis en oeuvre dans la vie
quotidienne), du déroulement et de la pertinence du programme, indiquant
ainsi au patient et aux professionnels de santé ce que le patient sait,
ce qu'il a compris, ce qu'il sait faire et appliquer, ce qu'il lui reste
éventuellement à acquérir, la manière dont il
s'adapte à ce qui lui arrive.
En résumé, il n'y a pas de patient
incompétent mais une personne qui attend du soignant de lui donner les
outils nécessaires à son autogestion du quotidien. Donnant
l'exemple des diabétiques Lorto et Moquet (2009, p. 42)
déclaraient « Rares sont les diabétiques
incompétents. Celui qui ne comprend pas les mécanismes essentiels
de son rapport à l'équilibre glycémique ne souffre pas de
faiblesse intellectuelle, il souffre de n'avoir pas encore été
conduit à vouloir entendre ce qui lui arrive. ».
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