1.7.3 Éducation
Thérapeutique
Plusieurs termes s'apparentent à ce concept. Les plus
fréquents sont : éducation du patient, éducation
thérapeutique et éducation thérapeutique du patient. Ces
syntagmes, qui renvoyaient à des conceptions spéci?ques de
l'éducation dans le champ de la santé, ont été
opposés durant plusieurs années par des auteurs. Ils sont
aujourd'hui considérés comme des synonymes.
L'ETP désigne des activités organisées et
planifiées, réalisées dans le cadre de la relation de
soins, et visant l'apprentissage par la personne malade de savoirs et de
comportements lui permettant de mieux gérer sa maladie et sa vie
(Deccache, 1989).
Selon l'OMS (1998, p. 20), l'ETP « vise à
aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences
dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie
chronique ».
Selon ses experts, c'est un processus continu,
intégré dans les soins et centré sur la personne malade.
Il comprend des activités organisées de sensibilisation,
d'information, d'apprentissage et d'accompagnement psychosocial.Ainsi, elle
concerne la maladie, le traitement prescrit, les soins, l'hospitalisation et
les comportements de santé/maladie des personnes malades. Ces deux
définitions se rejoignent parfaitement et mettent l'accent sur le soin
à la personne malade, l'objet même des soins infirmiers. C'est
dans ce sens que l'OMS ajoute qu'elle vise à aider la personne malade et
ses proches à comprendre la maladie et le traitement, coopérer
avec les soignants, vivre le plus sainement possible et maintenir ou
améliorer la qualité de vie. L'éducation devrait rendre la
personne malade capable d'acquérir et maintenir les ressources
nécessaires pour gérer de manière optimale sa vie avec la
maladie. Abordant dans le même sens, d'Ivernois et Gagnayre (2011)
soulignent que l'ETP est une nécessité
épidémiologique, thérapeutique, économique mais
également éthique. Dans la suite nous allons aborder les acteurs
de l'ETP, les approches, le contenu et les obstacles de l'ETP.
Intervenants concernés par l'ETP
Plusieurs acteurs professionnels sont impliqués dans
l'ETP et selon Roland (2013), ils peuvent intervenir tout au long du chemin
clinique de développement du patient afinde l'aider à
acquérir des connaissances et des compétences. Tous les agents de
santé, les autres professionnels, les proches de la personne malade mais
surtout l'infirmier dans une approche interdisciplinaire, doivent
également accompagner le patient dialysé (Volle, 2007). Nous
voulons faire une nuance entre la pluridisciplinarité et
l'interdisciplinarité.
Dans une approche pluridisciplinaire, plusieurs disciplines
sont réunies sans qu'il n'y ait une intégration ou une
synthèse collective de l'information. Il en résulte en
général une simple juxtaposition des données produites par
chaque discipline (Dabrion, 2013).
Un travail interdisciplinaire est un processus dans lequel on
développe une capacité d'analyse et de synthèse à
partir des perspectives de plusieurs disciplines. Il tente de
synthétiser et de relier le savoir discipline et de le placer dans un
cadre systémique plus large. Les soignants doivent s'investir
personnellement à partir d'un projet d'équipe afin de rendre
possible un travail en interdisciplinarité (Op. cit.). C'est
cette dernière approche qui convient dans l'ETP et qui engendre un autre
concept de collaboration. Selon Dabrion (Op. cit., p.211), c'est
« un processus interprofessionnel de communication et de prise de
décisions permettant aux connaissances et aux aptitudes distinctes et
communes des fournisseurs de soins de santé d'influencer de façon
synergique les soins prodigués aux patients ou aux
clients » L'infirmier ne peut prétendre réussir
l'ETP dialysé s'il ne collabore et ne coordonne l'intervention des
autres prestataires de soins.
· Professionnels de santé
Tous les professionnels de santé sont concernés
par l'ETP. Ils doivent proposer aux personnes atteintes de maladie chronique la
possibilité d'en bénéficier. C'est l'occasion pour le
soignant de rentrer en relation avec la personne et de mieux la
connaître. La mise en oeuvre de l'ETP exige une équipe
pluridisciplinaire et dépend de la personne malade (HAS-INPES, 2007).
Toutefois « le soignant doit être éducateur au sens
fort, c'est-à-dire doué de cette empathie qui n'est que la
capacité à sortir momentanément de soi. Non seulement de
son quant-à-soi social et professionnel, mais aussi de ses
schémas habituels de pensée, de son mode de raisonnement, pour
accéder à ceux de l'autre » (Lorto & Moquet,
p. 43)
Par contre, une formation à l'ETP est indispensable
pour la prise en soin éducative efficace de la personne. Ainsi, la
HAS-INPES (2007) reconnait que cette formation peut être initiale,
continue ou par expérience. En effet elle souligne que le soignant doit
posséder les compétences dans les domaines suivants :
Compétences relationnelles : Communiquer de
manière empathique, recourir à l'écoute active, choisir
des mots adaptés, reconnaître les ressources et les
difficultés d'apprentissage, permettre au patient de prendre une place
plus active au niveau des décisions qui concernent sa santé, ses
soins personnels et ses apprentissages. Soutenir la motivation du patient, tout
au long de la prise en soin de la maladie chronique.
Compétences pédagogiques et d'animation :
Choisir et utiliser de manière adéquate des techniques et des
outils pédagogiques qui facilitent et soutiennent l'acquisition de
compétences d'autosoins et d'adaptation, prendre en compte les besoins
et la diversité des patients lors des séances d'ETP.
Compétences méthodologiques et
organisationnelles : Planifier les étapes de la démarche d'ETP
(conception et organisation d'un programme individuel d'ETP
négocié avec le patient, mise en oeuvre et évaluation),
recourir à des modalités de coordination des actions entre les
services et les professionnels de santé, de manière continue et
dans la durée.
Compétences biomédicales et de soins : Avoir une
connaissance de la maladie chronique et de la stratégie de prise en
charge thérapeutique concernées par le programme d'ETP,
reconnaître les troubles psychiques, les situations de
vulnérabilité psychologique et sociale.
Par ailleurs, selon Lorto et Moquet (2009), la posture
éducative concerne tous les professionnels intervenant dans le champ de
la santé. Elle renvoie à une posture d'écoute et
d'accompagnement cognitif et psychosocial dans la relation avec le patient,
dans le but de lui permettre d'acquérir des compétences
d'adaptation à la maladie et des compétences d'autosoins. Elle
est différente de l'ETP qui est une approche organisée et bien
structurée par une équipe.
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