§3 La Russie Face à l'Europe.
Les nouveaux défis n'incitent-ils pas à
reconsidérer le « dilemme Russie-Europe » ? Tout au long de
son histoire - de la Moscovie à l'empire russe, puis à l'Union
soviétique -, la Russie a fait l'objet d'un intérêt et
d'une jalousie bien particuliers qui rappellent les sentiments à
l'égard d'une famille chrétienne décomposée. Alors
que l'Occident n'est toujours pas persuadé que la Russie fasse partie de
l'Europe, un nouveau paradigme historique de coopération s'impose.
Coopération, avant tout, entre la Russie, la France et l'Allemagne. Dans
le subconscient russe, la France a toujours été
considérée comme un pays ami, et cette image n'a pas
été ébranlée par le face-à-face entre la
Russie et l'Occident au cours du XXe siècle. Car, pour les Russes,
l'Europe comme la France ont toujours été des notions
culturelles, alors que l'« Occident »est perçu comme une
entité géopolitique et militaire adverse.
La propagande soviétique a toujours
ménagé la France, réservant ses diatribes à la
politique américaine. Même l'invasion de Napoléon et Moscou
incendiée n'ont pas laissé dans le coeur des Russes de blessures
incurables. Ceux-ci voient la France comme un pays qui a été leur
allié durant les deux guerres mondiales. Ils sont reconnaissants aux
pilotes de l'escadrille Normandie-Niemen et vénèrent le
général de Gaulle plus que ne le font les Français. Ils
sont conscients que la France ne doit sa place dans le camp des vainqueurs et
son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations
unies qu'au général de Gaulle et à l'URSS.
43
|