4. Divergences entre les interventions et les besoins
naturels et réels des enfants et insuffisante mobilisation de
ressources
Les jeux et loisirs de l'enfant semblent être totalement
négligés par cette intervention.
En effet, nulle part où il a été
signalé la création d'un cadre pour l'épanouissement de
l'enfant (air des jeux, centre culturel, etc.) pourtant l'enfant est un
être gai, joyeux, actif, en mouvement et qui met beaucoup d'importances
sur les jeux. Il se déduit que cette intervention n'a pas tenu compte
des aspirations naturelles des enfants.
La non-amélioration de la situation des enfants peut
être liée à la mobilisation des moyens. Ne disposant pas de
moyens suffisants pour couvrir tous les besoins en protection de l'enfance,
l'UNICEF est parfois amené à ne pas être à la
hauteur de sa tâche. Nous avons en effet découvert que l'UNICEF ne
bénéficie pas d'une facilitation voulue pour l'accomplissement de
sa mission au Sud-Kivu. Par ailleurs, le gouvernement congolais ne lui assure
pas toutes les conditions exigées dans la coopération pour
l'efficacité de ses interventions. Parmi ces conditions, il y a lieu de
citer la garantie de la sécurité des biens et des agents de
l'UNICEF, l'utilisation rationnelle des fonds et autres moyens alloués
aux activités de protection des enfants, etc.
5. Le laxisme du gouvernement provincial du Sud-Kivu
dans la prise en compte des droits de l'enfant et la confusion dans
l'attribution des tâches
Le gouvernement provincial du Sud-Kivu est à la base de
la stagnation de la mauvaise
situation des enfants dans cette partie du pays pour plusieurs
causes. Parmi elles, l'on peut citer d'abord la méconnaissance des
droits de l'enfant. En effet, les autorités politico-administratives en
province du Sud-Kivu semblent ne pas reconnaître les droits de l'enfant.
Il ne suffit pas de connaitre les droits de l'enfant, il faut encore les
reconnaître. La reconnaissance des droits de l'enfant traduit le fait
d'être convaincu que ces droits s'imposent dans leur application,
à la personne concernée. Cependant, il se produit un constat amer
au Sud-Kivu, du fait que le gouvernement provincial bafoue les droits de
l'enfant qui par ailleurs ne s'imposent pas à lui. La simple
inapplication par ce gouvernement des règles contenues dans les
instruments juridiques de protection de l'enfant corrobore cette affirmation.
Citons ici le droit à l'éducation gratuite à
l'école primaire qui est resté lettre morte. Pourtant, la R.D.C.
a ratifié plusieurs instruments juridiques de protection de l'enfant et
a elle-même incorporé dans
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sa constitution et les autres lois nationales les principes
qui consacrent la protection des enfants tel que nous l'avons
détaillé dans le troisième chapitre de ce travail.
Les moyens ne manquant pas en réalité,
l'inapplication de ces textes, très riches de contenu en matière
de protection des enfants, est dû au manque de volonté politique
à la fois du gouvernement central que du gouvernement provincial. En
effet, le plus souvent, il a été constaté que le
gouvernement ne libère pas les moyens nécessaires pour couvrir
les besoins en matière de protection des enfants. Les prévisions
budgétaires du plan du programme de pays entre le gouvernement de la RDC
et l'UNICEF démontrent que pour la période allant de 2008
à 2012, seulement 12 800$ sont programmés par an.111
Au regard des besoins liés à la protection des enfants, ce budget
est trop insignifiant. Au-delà de ce constat, il faut encore se demander
si les montants prévus ont été libérés en
totalité et à temps opportun. Et s'ils l'ont été,
il faudra encore se demander s'ils ont été utilisés
rationnellement et aux fins pour lesquelles ils ont été
destinés. Comme le souligne le Secrétaire Général
de l'ONU, « de nouvelles allégations faisant état d'actes de
corruption et de détournement de fonds publics commis par des membres
des administrations et assemblées provinciales ont surgi, entravant les
travaux des structures gouvernementales dans les provinces de Maniema,
Kinshasa, en Equateur et dans le Sud-Kivu ».112
En outre, nos recherches sur le terrain nous ont fait
constater que le gouvernement provincial du Sud-Kivu est
caractérisé par une confusion dans l'attribution des tâches
en matière de P.E. En effet, ce gouvernement semble abandonner une bonne
part de ses responsabilités et met les espoirs dans l'intervention des
O.I. et O.N.G. qui se préoccupent de la P.E. Pourtant c'est à lui
qu'incombe en premier lieu la charge de protéger les enfants sur son
territoire, les O.I. et les O.N.G. ne pouvant jouer qu'un rôle d'appoint.
Ainsi, nous avons été personnellement surpris pendant la
récolte des données du fait que certains services de l'Etat nous
renvoyaient à l'UNICEF, au Save the Children Found... pourtant ce sont
ces premiers qui sont sensés constituer des premières banques de
données en cette matière sur base des rapports qui lui sont
présentés par ces organisations.
111 RDC/Ministère du plan, Plan d'action du
programme de pays entre le gouvernement de la RDC et l'UNICEF
2008-2012, draft, inédit, s.l.n.d.
112 ONU/Conseil de sécurité,
Vingt-sixième rapport du Secrétaire général
sur la MONUC, Ed. Nations-Unies, le 3 juillet 2008, p. 15
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