A.1.2. La maladie
L
a maladie correspond à une altération de la
santé (Littré, 1863). Dès lors, ces deux concepts -
santé et maladie - bien que farouchement opposés, ne sauraient
être dissociés l'un de l'autre. Pour Potier (2002), la maladie
« se manifeste par des signes subjectifs et objectifs qui permettent
de l'identifier. Elle peut être définie par sa durée :
brève (maladie aiguë) ou durable (maladie chronique) ; elle peut
récidiver ou se compliquer et elle peut être
désignée par son mode de prise en charge : maladie de longue
durée ». Bien que ce concept de maladie puisse prendre
diverses formes, la maladie reste toujours l'entité faisant entrave au
bon équilibre de l'individu.
La maladie crée ainsi un ensemble de ruptures d'ordre
biologique, psychologique et social. Cette altération
interdimensionnelle se manifeste alors par des symptômes objectifs
identifiés par des troubles physico-cliniques, et par des
symptômes subjectifs liés à son expérience de vie
personnelle. Hesbeen (1997) résume cet aspect de la maladie en
énonçant que : « la maladie a beau être
objectivée dans le corps que l'on a, elle ne touche en fin de compte,
que le corps que l'on est ».
Là où la langue française se limite au
concept de « maladie » pour évoquer l'altération du
corps physique, mental ou social, l'anglais distingue les termes (Douguet,
2000) :
? « disease », qui fait
référence à la maladie du point de vue soignant. Il
évoque l'identification médicale de maladie et correspond
à l'altération biologique du corps, c'est-à-dire à
la pathologie à proprement parler.
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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
? « illness » met en avant la maladie du
point de vue patient et désigne ce qui affecte la vie de l'individu. La
maladie est ici référée à l'expérience
personnelle, au vécu propre, à une altération
psychologique.
? « sickness » évoque la maladie du
point de vue de la société. Le sujet est reconnu comme
étant malade et à ce titre, il est exempté de ses
fonctions habituelles dans la société.
Selon Chalifour (1999), la maladie « n'est pas,
à proprement parler, une infection ou une déficience de
l'organisme. C'est l'organisme tout entier qui est
déséquilibré et affaibli. Le processus de guérison
implique une remise en question de soi-même, de ses valeurs, de ses
comportements, de ses relations avec les autres, de sa façon de vivre
». Dès lors, le rôle du soignant revient à
favoriser ce processus de guérison en parvenant à comprendre la
norme de vie du patient.
L'état normal ou pathologique d'un individu vivant ne
peut être déterminé que par l'observation et la
compréhension de sa relation singulière à son milieu de
vie (Canguilhem, 1966). Le soignant doit donc apprendre à identifier les
besoins fondamentaux à satisfaire chez l'individu pathologique, afin de
pouvoir y remédier et apporter à cette personne la manifestation
d'un état de mieux-être qui lui correspondrait.
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