A.1.4. Les effets physiologiques du rire
L'
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adage populaire « le rire, c'est la santé
», accepté comme tel, semble résister à toute
explication logique. Certains « scientifiques » actuels recommandent
même à la
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population de rire quinze minutes par jour au minimum afin de
gagner en santé.
Pourtant, l'influence du psychique sur le développement
et le traitement des maladies est connue des médecins depuis
l'Antiquité. La Bible notait déjà au chapitre XVII, verset
22 : « un coeur joyeux guérit comme une médecine mais un
esprit chagrin dessèche les os ». Mulcaster, médecin
anglais du XVIe siècle, soutient que le rire « aide
ceux qui sont mélancoliques et ont la poitrine et les mains froides, car
le rire déplace beaucoup d'air dans la poitrine et produit une chaleur
qui fouette le sang ». Walsh, médecin américain du
XXe siècle, définit le rire en une équation
mathématique : « La santé d'un individu est
proportionnelle à la quantité de son rire ».
Comme nous le rappelle Rubinstein (1983), « le corps
est le moyen de manifestation de l'intelligence dans le monde sensible. L'un ne
peut agir sans l'autre, la dépendance du physique est
subordonnée, la plupart du temps, au moral ; c'est par la
prépondérance momentanée du moral sur le physique que se
développe un grand nombre de maladies ». Ainsi, la maladie
tend à abattre le moral du patient, à anéantir ses forces
musculaires et motrices, tandis que l'humour et le rire apportent joie,
gaieté, espérance et décuplent la capacité de
résilience du sujet face à sa maladie. Dans un tel contexte, le
rire semble détenir de nombreuses propriétés
bénéfiques sur la santé (Cf. Tableau II).
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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016
Tableau II. Les effets physiologiques du rire
Constitue un exercice musculaire
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> mobilise la plupart des muscles de
l'organisme, depuis ceux du visage
jusqu'aux membres, en passant par le diaphragme et les
muscles abdominaux
> « constitue un
véritable `jogging stationnaire' » (Schaller,
2010)
> « quelques minutes de rire par
chatouillement réparties dans la journée sont
l'équivalent d'au moins une heure de culture
physique » (Rubinstein, 1983)
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>
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muscles inspirateurs/expirateurs favorisent les mouvements amples
du thorax
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Améliore la
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correspond à une expiration forcée assurant
un recyclage complet de l'air de
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respiration
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>
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réserve pulmonaire, et une libération des voies
aériennes supérieures
« dans tous les cas d'insuffisance
respiratoire et d'emphysème, le rire amène une
amélioration » (Schaller, 2010)
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>
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la pression artérielle diminue suite à la
dilatation des vaisseaux sanguins
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Stimule le
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>
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les échanges pulmonaires assurent un apport accru en
oxygène aux organes
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système
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>
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« le rire a des effets durables sur le
métabolisme du cholestérol puisque le
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cardiovasculaire
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brassage hépatique, l'augmentation des
échanges pulmonaires tendent à faire baisser le
taux des graisses sanguines. Il a donc un rôle certain de
prévention de l'athérome vasculaire et de
l'artériosclérose » (Rubinstein, 1983)
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provoque une puissante gymnastique abdominale qui vient
stimuler organes digestifs et organes glandulaires tels que le foie et le
pancréas
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Facilite la
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>
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« il est l'un des moyens naturels les plus
efficaces de lutte contre la
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digestion
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constipation » (Schaller, 2010)
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>
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« augmentation de la sécrétion
de salive et des sucs digestifs, [...j la digestion est plus
complète, plus régulière, mieux coordonnée »
(Rubinstein, 1983)
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>
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le centre cortical du rire est situé dans le
cortex préfrontal de l'hémisphère droit,
siège de la personnalité, lié au système limbique,
centre des émotions
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Agit sur
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>
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l'hypothalamus, composante du système limbique,
assure en partie le contrôle
|
le système
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du rythme cardiaque, de la respiration, de la tension
artérielle, et des
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neuro-végétatif
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sécrétions hormonales, par le complexe
hypothalamo-hypophysaire
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>
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« son action entraîne une activation du
système parasympathique, qui assure une
régénération de l'organisme, une amélioration du
sommeil et un meilleur fonctionnement de l'immunité »
(Schaller, 2010)
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Soulage la douleur
|
>
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« rire stimule la production
cérébrale de catécholamines [...j en retour, les
catécholamines augmentent la production d'endorphines, les morphines
naturelles qui agissent contre la douleur » (Rubinstein,
1983)
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Éveille le
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>
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stimule les facultés intellectuelles et améliore
les capacités mnésiques
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psychisme
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>
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« construit une barrière morale
d'optimisme, chasse les petites inquiétudes et provoque une
véritable désintoxication mentale » (Schaller, 2010)
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Développe
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>
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le rire reproduit les phases de la fonction sexuelle : la
préparation (excitation), la montée (érection),
l'attente (copulation), l'explosion (orgasme), et la
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la sexualité
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relaxation (repos)>
« qui sait rire peut faire rire, qui fait rire
séduit et qui séduit est prêt pour des plaisirs
érotiques sans complexes » (Rubinstein, 1983)
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>
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s'il n'est pas encore prouvé scientifiquement que
le rire soit synonyme de
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Promeut
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longévité, ces nombreux bienfaits physiologiques
nous poussent à le croire
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la qualité de vie
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>
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« même si le rire n'augmente pas
nécessairement la durée de la vie, il augmente
indiscutablement la qualité de la vie » (Rubinstein, 1983)
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Source : L'auteur
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ETIENNE CORDIER - Promotion
2013/2016
Nous conclurons sur les multiples effets physiologiques du
rire par la possible existence d'une « molécule du rire » dans
l'organisme. Pour Rubinstein (1983), « l'hypothèse d'une
molécule, ou d'une hormone du rire [me] paraît vraisemblable
». L'exemple le plus pertinent est celui du protoxyde d'azote,
substance chimique autrefois appelée « gaz hilarant » lors de
sa découverte au milieu du XIXe siècle, et
désormais utilisée dans le milieu médical pour ses
propriétés anesthésiques et analgésiques. Le
raisonnement de Rubinstein qui en découle est le suivant : si une
molécule extérieure au corps permet de déclencher le rire,
alors cela signifie qu'il existe des sites récepteurs neuronaux du rire,
donc que le rire fait intrinsèquement partie de nous.
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