SOMMAIRE
INTRODUCTION 6
PARTIE I. CADRE THÉORIQUE 9
CHAPITRE 1. LE SOIN OU L'HISTOIRE D'UNE RELATION 9
CHAPITRE 2. L'HUMOUR COMME MODE DE COMMUNICATION 21
CHAPITRE 3. L'EMPLOI DE L'HUMOUR DANS LE TRAVAIL DU MER 35
PARTIE II. CADRE EMPIRIQUE 42
CHAPITRE 1. RECHERCHE EXPLORATOIRE 42
CHAPITRE 2. PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES 44
CHAPITRE 3. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 45
PARTIE III. RÉSULTATS 50
CHAPITRE 1. ANALYSE DES DONNÉES QUANTITATIVES 50
CHAPITRE 2. ANALYSE DES DONNÉES QUALITATIVES 61
PARTIE IV. DISCUSSION 70
CHAPITRE 1. MISE À L'ÉPREUVE DES
HYPOTHÈSES 70
CHAPITRE 2. LES LIMITES DE L'ÉTUDE 78
CONCLUSION 80
BIBLIOGRAPHIE 82
LISTE DES TABLEAUX 88
LISTE DES FIGURES 89
TABLE DES MATIÈRES 90
TABLE DES ANNEXES 93
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INTRODUCTION
P
ourquoi rions-nous ? Quelle signification soulève
l'action de rire ou de faire rire ? Peut-être est-ce pour affirmer notre
existence dans le réel. Ou bien pour obtenir la reconnaissance de
soi-même à travers le lien social qui s'établit lorsque
nous partageons un moment de jovialité avec autrui. Quelque soit la
réponse - chacun disposant de sa propre interprétation - le rire
est indiscutablement une preuve tangible de vie.
Une belle vie, c'est une vie heureuse, une vie joyeuse, une
vie rieuse. Or, quel meilleur lieu d'expression de notre profonde humanitude
que l'atmosphère aseptisée de l'hôpital ? Si nous avons
tendance à assimiler les établissements médicaux à
la maladie, voire même à la mort, nous en oublierions presque
qu'ils constituent la représentation d'une ode à la vie.
Continuer à vivre, poursuivre sa vie comme autrefois,
n'est-ce pas là l'objectif que se fixe tout soignant à
l'égard de son patient ? Mais affirmer son humanité dans un
environnement stérile, sans apparence de personnalité, n'est pas
chose aisée. D'autant plus lorsque la technique représente une
part importante du métier où nous, manipulateurs en
électroradiologie médicale, sommes constamment
confrontés.
L'exercice de style nous impose de citer une situation d'appel
à notre mémoire, une situation qui nous a profondément
marquée. Il me faut donc introduire l'évènement qui m'a
conduit à traiter de ce thème plutôt qu'un autre. Quelle
composition difficile de mentionner l'unique accroche qui m'a acheminé
vers l'humour ! En réalité, je ne peux en évoquer une
seule. De nature plutôt joyeuse, j'ai à coeur d'utiliser
régulièrement l'humour dans ma relation avec le patient. Du
simple sourire de bienvenue, aux éclats de rires à la suite d'une
blague potache initiée par le patient lui-même, l'humour se
présente sous de multiples aspects.
Au cours de cette troisième année
d'études, je me souviens d'une patiente âgée de 55 ans,
adressée en service de remnographie en vue de réaliser une IRM
hépatique. Un précédent examen remnographique
effectué un an plus tôt, avait mis en évidence une cirrhose
hépatique sans complication. Cependant, quelque temps après, une
échographie de contrôle avait découvert une lésion
focale au niveau du lobe droit. L'examen prescrit vise à identifier la
nature précise de cette lésion.
Lorsque j'ai accueilli la patiente en cabine, celle-ci m'a
directement interpellé quant à son appréhension à
faire l'examen. En effet, lors de son IRM précédente elle ne se
sentait pas suffisamment informée au cours des séquences
d'acquisition. Les manipulateurs en charge de l'examen lui avaient
reproché de ne pas tenir l'apnée lors des séquences
dynamiques ; on l'avait « grondée » m'avait-elle dit
en souriant. Après coup, on l'informa que c'était en fait
dû à un problème de casque qui ne fonctionnait pas,
d'où la raison d'une mauvaise communication et d'une
incompréhension entre soignant et soigné. J'ai donc tenté
de la rassurer en lui disant que nous lui
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parlerions davantage mais qu'il fallait malgré tout
bouger le moins possible au risque de rendre les images ininterprétables
et donc d'allonger la durée d'examen.
Afin de l'apaiser, j'ai ajouté sur un ton humoristique
: « Sinon nous vous gronderons une seconde fois ! La punition sera
plus sévère, je peux vous l'assurer ! ». La patiente
s'est mise à rigoler puis s'est immédiatement
tranquillisée. Je lui ai également demandé de simuler une
apnée afin de voir si elle était capable de la tenir.
Étant donné qu'elle y parvenait sans difficultés, je l'ai
mise en confiance en lui expliquant que ce ne serait pas plus difficile que
cela : « promis, juré ! » ai-je lancé.
À la fin de l'examen, lorsque le médecin lui a
fait part de son compte-rendu, la patiente s'est dite très satisfaite de
sa prise en charge, et que le « jeune homme » reste toujours
aussi souriant. Ce petit compliment qui m'était adressé m'a fait
énormément plaisir ! Dans ces moments-là, on se rend
compte qu'il suffit de peu pour égayer la journée d'un patient et
par la même occasion, apporter de l'agrément à notre propre
quotidien parfois morose.
Lors de l'explication du déroulement de l'examen j'ai
donc tenu à utiliser l'humour comme moyen de communication. Il
s'agissait de faire rire la patiente afin de minimiser son
anxiété, et d'aplanir cet effet de hiérarchie entre un
soignant tout-puissant et un soigné subissant qu'elle semblait ressentir
en usant du terme « gronder ». À mon sens, l'humour
m'a rendu plus accessible et m'a permis d'instaurer une certaine
complicité avec la patiente. Ainsi, cette dernière a pu se
détacher de ses émotions négatives - le stress -
susceptibles d'entraver la bonne réalisation de l'examen, pour se
focaliser sur des émotions positives - la plaisanterie en
l'occurrence.
En un court instant, le soigné doit donc faire part de
ses peurs, de ses angoisses, de ses problèmes, et parfois même
confier certains aspects de sa vie intime à une personne qui lui est
inconnue. Dans un tel contexte, pratiquer l'humour constitue un moyen
empathique pour le soignant de se livrer tout autant, en personnalisant le soin
à son image.
L'humour délivre, désamorce, lie, rapproche, et
permet de partager et d'échanger des centaines d'émotions et de
perceptions sous une forme comique, non dénuée de sous-entendus
et de pensées implicites. Adopter une attitude humoristique s'apparente
à dépasser les frontières d'une démarche soignante
protocolaire, formaliste et exempte du moindre sentiment.
Cependant, tous les individus ne pratiquent pas l'humour, ou
du moins, tous ne disposent pas de la même approche humoristique. Ce qui
sera susceptible de prêter à rire chez une personne, ne le sera
peut-être pas chez une autre. Voilà toute la complexité de
l'humour. Un cocktail d'émotions à manier avec discernement,
malgré son apparence simplette et ingénue.
Est-il possible d'apprendre l'humour ? Un tel apprentissage ne
permettrait-il pas d'améliorer la prise en charge thérapeutique
actuelle du patient ? Cela ne serait-il pas l'occasion de rendre les soins
techniques dispensés plus humains ? Éduquer à l'humour
n'encouragerait-il pas les manipulateurs à se perfectionner et à
privilégier le relationnel dans leur pratique ? En d'autres termes, cela
ne constituerait-il pas un moyen pour les soignants de devenir davantage...
soignants ?
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Néanmoins, la mise en place d'une formation à
l'humour ne s'impose pas d'emblée. S'il semble évident que nous
naissons tous avec des aptitudes préexistantes en termes de
personnalité, notre culture, notre origine sociale et notre
expérience de vie, s'avèrent également capables de modeler
nos attitudes et comportements.
Une formation à l'humour ne permettrait-il pas d'agir
sur notre façon d'appréhender certaines situations que nous
affrontons ? Peut-être serions-nous alors plus enclins à user de
l'humour au cours de notre pratique professionnelle ? Au final, apprendre
à rire de bon coeur ne représenterait-il pas un
bénéfice de vie à la fois du côté des
patients mais aussi des soignants ?
Nous en venons à poser la problématique suivante
:
L'humour, inné ou acquis : vers une
formation des manipulateurs en électroradiologie médicale
?
Nous tenterons d'apporter une réponse à cette
singulière question, après avoir préalablement
répondu à nos deux hypothèses de recherche. Notre
première hypothèse est la suivante : « l'humour, par ses
bienfaits physiques et psychologiques, permet d'instaurer une relation de
confiance entre soignant et soigné ». La seconde
hypothèse admet quant à elle que « les manipulateurs en
électroradiologie médicale, diplômés et futurs
diplômés, sont favorables à l'apprentissage de l'humour
dans leur pratique soignante ».
Nous décomposerons notre travail de fin d'études
en quatre parties principales. Dans un premier temps, le cadre théorique
abordera les concepts clés nécessaires à la bonne
compréhension de notre étude. Dans un deuxième temps, le
cadre empirique décrira notre méthodologie de recherche. Puis, la
troisième partie exposera les résultats obtenus lors de nos
enquêtes effectuées auprès des soignants et des
étudiants manipulateurs. Enfin, le dernier point mettra à
l'épreuve nos deux hypothèses générales, pour en
dégager la pertinence d'une possible formation à l'humour et sa
portée réelle dans la perspective d'une amélioration
significative des pratiques soignantes contemporaines.
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