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Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

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II. LES PRODUCTIONS ECRITES

Une littérature très nombreuse existe au sujet de la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Tout d'abord dans les journaux locaux, comme la « Gazette Ariègeoise » et le magazine

« l'Ariègeois », mais aussi les journaux nationaux où de nombreux articles ont été publiés et le sont encore à chaque nouveau rebondissement de « la saga » des ours des Pyrénées qui comporte d'innombrables épisodes (certain parle de « guerre de l'ours »). C'est d'ailleurs par la lecture d'articles de presse que j'ai commencé à me familiariser avec le sujet. Ensuite, de nombreux sites internet17 y sont consacrés, notamment les sites des différentes associations « pro » et « anti » ours qui se présentent toutes comme actives dans la défense de la biodiversité et du patrimoine des Pyrénées. Il y a également le site du ministère de l'environnement entièrement consacré au « plan de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées françaises ». Font aussi partie de ces données écrites les programmes des différents évènements cités plus haut et au cours desquels j'ai réalisé des observations. Ainsi que le compte-rendu de l'Assemblée générale de l'Aspap à laquelle j'ai assistée et certains exemplaires de la lettre mensuelle d'information que l'Aspap envoie à ses

adhérents, intitulée « Vivre en Pyrénées ».

17 Voir les adresses en annexe

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III. LES ENTRETIENS

Sur dix entretiens, huit ont été réalisés auprès de personnes du monde agro-pastoral ariègeois, les deux derniers sont des interviews des agents de l'Oncfs. Ils sont pour la plupart âgés d'une cinquantaine d'années, cinq d'entre eux sont néo-ruraux, les autres sont natifs du département. La question de départ de l'entretien n'a pas toujours été la même. Pour les personnes avec qui je suis entrée en contact par le biais de l'Aspap, j'ai leur ai généralement demandé de me raconter ce qui les avait amené à adhérer à cette structure. C'est donc le cas pour six des interviews réalisés. Ensuite, pour les agents de l'Oncfs, je leur ai demandé de me parler de leur métier. A l'éleveuse favorable à la cohabitation, je lui ai demandé ce qui l'avait amenée à créer un label de qualité avec l'image de l'ours. Pour un des éleveurs, dont je ne savais pas au départ s'il était adhérent à l'Aspap mais dont je savais qu'il avait été victime de prédations sur ses bêtes, j'ai lui ai demandé de me raconter les histoires qui lui étaient arrivées avec l'ours.

* Jean

Jean habite dans un petit village qui se situe à la limite de la zone intermédiaire c'est-à-dire à environ 900m d'altitude. Il y élève avec sa femme et son fils des vaches gasconnes qui transhument, et des ânes des Pyrénées. Leur production de viande, ils la vendent « en direct »18. Il est également prestataire de randonnées, il loue des ânes aux touristes pour se balader dans la montagne. Il n'est pas né en Ariège mais il est venu s'y installer avec sa femme il y a trente ans. Il a environ cinquante ans et est issu d'un milieu rural, son père était éleveur à 60 km de Paris. Le métier d'éleveur de montagne, il l' appris « en montagne [...] en regardant ce que faisaient les autres ». Il est opposé au projet de réintroduction « depuis les cinq premières minutes » car pour lui, il est évident que c'est incompatible avec l'activité pastorale. Il est très critique envers ceux qu'il qualifie « d'intégristes écologistes »et se dit prêt à se mettre hors-la-loi puisqu'il n'y a pas d'autre solution, qu'avec le projet de réintroduction on veut imposer des choses déraisonnables et qu'on ne veut pas entendre les arguments de ceux qui y sont opposés. Il se dit inquiet de l'insécurité que génère la présence des ours pour les habitants des montagnes notamment au printemps quand les ours sortent d'hibernation, que les troupeaux ne sont pas encore en altitude et qu'il y a des attaques dans les exploitations . Il

18 Ils vendent leur production directement au consommateur, sans intermédiaires.

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estime que la présence des ours n'est pas attractive pour le tourisme évoquant que des gens venus pour louer des ânes hésitent à partir en raison de la présence éventuelle d'ours dans les alentours notamment des personnes avec des enfants en bas âge. Il est adhérent de l'Aspap depuis sa création.

* Laurent

Laurent est éleveur avec sa compagne dans un village situé en limite de zone intermédiaire à environ 900m d'altitude. Ils ont un troupeau de brebis tarasconnaises qui estive et une vingtaine de cochons, dont ils transforment sur place la viande en charcuterie. Tout comme Jean, ils font beaucoup de vente directe. Avec sa compagne, ils sont venus s'installer dans la région il y a une trentaine d'années. Il est âgé d'une cinquantaine d'années et a une formation d'architecte. Mais il ne s'est jamais installé estimant que c'était un métier de marchand qui ne lui convenait pas et il avait vraiment envie de « vivre plein air intégral ». Depuis le début des réintroductions, il est régulièrement victime d'attaques sur son troupeau de brebis; en été sur l'estive mais aussi au printemps sur son exploitation. Il l'a très mal vécu surtout au début et il a perçu cet état de fait comme une atteinte à son travail, ce qui l'a révolté. Il estime qu'il y a beaucoup d'autres choses à faire de plus important pour la protection de l'environnement que de persister à réintroduire des ours dans les Pyrénées. Actuellement il est un des co-présidents de l'Aspap. Selon lui, cette réintroduction, telle qu'elle a été menée, manque complètement de bon sens et traduit un mépris de tous les acteurs de terrain qui, à son avis, font que les Pyrénées sont ce qu'elles sont ou qui perpétuent, maintiennent ce qu'ont fait leurs prédécesseurs. Pour lui, avec cette réintroduction, on perturbe un fragile équilibre.

* M. et Mme Joly.

Ce couple d'une soixantaine d'années vit dans une maison près de la ferme familiale où M.Joly est né. Ils exploitent cette ferme, mais pour que cela soit « viable », M.Joly travaille également dans une usine située non loin de son lieu de résidence, il est donc bi-actif par nécessité et se décrit comme un passionné de son travail d'éleveur. Il a un troupeau de vaches gasconnes qui passe l'été sur l'estive voisine. En 2004, « de la colère », il a vendu son troupeau d'une cinquantaine de brebis à la suite d'attaques, mais depuis, comme il dit: « j'ai replongé, j'ai racheté des brebis [...]

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j'ai toujours eu des brebis et faut toujours des brebis ». Depuis, pour son plaisir, il a quelques brebis autour de la maison, dont il dit que c'est comme si c'était ses chiens, chaque jour il leur donne du pain souvent accompagné de ses petits enfants. Il dit avoir beaucoup d'affection pour elles et c'est pour cela qu'il a été très affecté: « quand j'ai vendu le troupeau j'étais pas loin de la déprime ». Depuis 1999, il est victime quasiment chaque printemps d'une ou deux prédations, mais maintenant il dit avoir « mis de l'eau dans [son] vin ». Il est critique à l'égard de l'équipe du suivi de l'ours dont il aurait souhaité un peu de soutien lors des attaques notamment pour le rassemblement du troupeau. Et surtout, il souhaiterait qu'ils le préviennent quand ils savent qu'un ours est dans le secteur. Tout comme les autres interviewés, il estime que cette réintroduction a été très mal préparée. Pour lui, il est aberrant de mener un projet qui met en danger le pastoralisme et décourage les jeunes qui voudraient s'installer. Il a également des inquiétudes au niveau de la sécurité des personnes, sa femme insiste sur ce point, elle est inquiète pour ses petits enfants, au printemps elle ne les laisse plus seuls dehors. Ils sont adhérents à l'Aspap depuis le début de sa création car ils estiment que seuls il ne peuvent être entendus. Ils souhaitaient notamment que l'association permette la diffusion d'informations autres sur la situation qu'ils vivent au quotidien, que cela montre que ce ne sont pas eux les « méchants » dans l'histoire, mais qu'ils sont simplement victimes. L'entretien a duré quasiment deux heures, ils avaient beaucoup à raconter sur le sujet. Et, à la fin de l'entretien, M. Joly me dira qu'il n'a pas perdu son temps parce que les informations qu'il m'a apportées, je ne les aurais pas eues ailleurs.

* Bernard et Josiane.

Il s'agit d'un couple d'éleveurs qui est installé dans les piémonts de l'Ariège, ils ont un troupeau de chevaux qu'ils élèvent pour la viande. Ils sont âgés d'une cinquantaine d'années. Bernard est venu à l'élevage après avoir travaillé dans différents domaines. Ses parents étaient également éleveurs dans le département. Comme ils n'ont pas assez de surfaces pour faire pacager leurs chevaux toute l'année, ils passent l'été en estive avec leur troupeau. Il sont dans une zone où les ours sont en présence régulière et certains dérochements de juments ont été reconnus comme dégâts de l'ours. Ils ont adhéré à l'Aspap parce qu'ils ont été victimes de l'ours et ils y ont une présence assidue, participant très souvent aux réunions de l'association. Ils sont mécontents car ils estiment que certains des dégâts qui pour eux sont dus à l'ours ne sont pas pris en compte. Pour

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Bernard, ce qui fait le succès de l'Aspap, qu'il considère comme devenue une instance incontournable sur le département, c'est notamment le fait qu'elle soit apolitique et que le « leader »de l'association n'est comme il le dit:« à la remorque de personne ».

* Bernadette.

Bernadette est éleveuse de brebis laitières dans les piémonts ariègeois avec son compagnon. Elle est âgée d'une cinquantaine d'années, originaire d'une ville du centre de la France, elle est venue s'installer dans le département il y a une trentaine d'année. Ce qui l'a amenée à l'Aspap, c'est la musique. Elle est musicienne et des amis lui ont demandé de venir jouer dans les manifestations. Elle est sympathisante de la cause depuis le début, mais elle n'est pas concernée par des prédations et ses brebis n'estivent pas. En tant qu'éleveuse de brebis, elle se sent solidaire et en empathie avec ceux qui sont victimes de prédations. Elle insiste sur le fait que ce projet a été imposé comme elle dit: « par des écolos n'importe quoi ». Elle ne condamne pas le principe selon lequel l'homme exploite la nature et pense que s'il ne l'avait pas fait l'homme ne serait plus là, tout en estimant qu'il faudrait peut-être le faire autrement, avec plus de respect. Pour elle, certaines des personnes qui défendent le projet de réintroduction sont des fanatiques et les idées de nature qu'ils ont relèvent du religieux. Elle pense qu'ils montrent la nature comme détachée de l'humain. Elle a déjà été victime d'attaques de chiens sur son troupeau et dit que c'est plus difficile qu'on le penserait pour l'éleveur de subir des attaques sur son troupeau, même si les gens ont des sensibilités différentes.

* Bruno Besche-Commenge.

Cet ancien professeur de français et linguiste19 est spécialiste de l'histoire des techniques agro-pastorales (aujourd'hui à la retraite). Très actif au sein de l'Aspap, il a réalisé un important travail de recherches donnant notamment lieu a un dossier intitulé: « Ecologie, un vrai problème manipulé de façon inquiétante: bilan de la situation créée aujourd'hui par le «plan de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées 2006-2009 » et conséquences pour l'avenir du massif » publié par l'Addip (coordination européenne). Il s'agit d'un dossier d'une quarantaine de pages, une information sur le sujet qui lui paraît plus représentative de la réalité du terrain. Pour

19 Il a été chercheur au Centre de Linguistique et de Dialectique de Toulouse.

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cela, il fait de nombreuses références à des travaux de scientifiques mais aussi à des déclarations de personnalités politiques. Bruno Besche-Commenge pense que ce qui se joue autour de cette réintroduction revêt de nombreuses facettes. Et pour lui, ce n'est qu'un épisode de plus dans un processus déjà ancien, qui relève notamment d'une « guerre des savoirs ». Il considère que ce projet a agi comme un catalyseur mettant en évidence d'autres phénomènes à l'oeuvre depuis longtemps, notamment en terme d'aménagement du territoire. Pour lui, le fond du problème, c'est une marginalisation d'une forme de savoirs (ici agro-pastoraux) par rapport au développement d'une pensée scientifique et un problème de dépossession des gens d'un territoire et surtout d'un savoir.

* Nicolas

Il se présente lui-même comme biologiste, spécialiste des écosystèmes d'altitude et des écosystèmes méditerranéens, réalisant à ce titre des expertises environnementales pour des bureaux d'étude. Il est ce qu'on appelle un autodidacte, il a obtenu récemment une équivalence universitaire pour ses compétences et a été intégré à une équipe de recherche scientifique en tant qu'ingénieur d'étude. Il est âgé d'environ cinquante ans. D'origine hollandaise, il est arrivé dans le département de l'Ariège dans les années 70 alors qu'il n'avait que 17 ans pour vivre dans une communauté qu'il a ensuite quittée pour fonder une famille mais il est toujours resté dans le département. Il a été pendant plusieurs années salarié de l'association des Pâtres de Haute Montagne20 qui forme des bergers et des vachers, il en était le coordinateur; il organisait l'ensemble des activités de l'association et notamment la formation des pâtres. Il n'était pas au départ opposé au projet de réintroduction mais il a changé d'avis, en voyant la façon dont la réintroduction était menée par le ministère. Et du surplus de travail que cela représentait pour les bergers ainsi que le stress auquel cela les soumettait: « d'avoir discuté avec des membres de l'association euh. Je me rendais compte que...ça a été quelque chose de terrible qui leur arrivait ». Il est très critique à l'égard de la façon dont cette réintroduction est menée, notamment concernant les compétences des équipes qui s'occupent d'expertiser les prédations. Il est également très critique vis-à-vis des associations partenaires du ministère dans sa mise en place qu'il qualifie pour certaines d'intégristes et dénonce

20 L'association des pâtres était au départ partenaire du Ministère de l'Ecologie pour la réintroduction des ours, mais s'est retirée du dispositif en 2001 estimant que leurs propositions n'étaient pas écoutées et de plus, il s'est avéré que

nombre de ses membres voyant les difficultés générées par les grands prédateurs commençaient à s'opposer au projet.

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ce qu'il appelle une « disneylandisation de la nature » qu'il ne reconnaît pas comme étant de l'écologie. Il a rejoint l'Aspap dès le début de sa création.

* Annie

Annie travaille à l'Oncfs21 depuis seize ans et habite un village de montagne. Elle est native de la région, a cinquante cinq ans et a grandi en montagne. Elle allait à la chasse à l'isard avec son père quand elle était petite. Elle s'occupe du comptage et du suivi de la faune sauvage mais aussi de la gestion des populations d'animaux nuisibles tels que les renards, les martres, les fouines. Son travail, c'est la gestion des milieux et des espèces. Elle se dit passionnée et parcourt la montagne depuis très jeune. Elle n'aime pas rester dans les bureaux et est le plus souvent sur le terrain en montagne. Elle s'occupe notamment de la gestion de l'habitat du grand tétras qui se réduit du fait de la fermeture du milieu à l'oeuvre depuis que les montagnes sont moins exploitées. Selon elle, ce qui a manqué dans la mise en place du plan de réintroduction c'est l'information et la communication. Comme il n'y avait plus d'ours, elle était pour la réintroduction, mais son point de vue a changé avec les années. Elle pense que le « vrai » ours des Pyrénées ne pose pas les problèmes que posent les ours slovènes réintroduits. Elle dit aussi qu'à cause de la fermeture du milieu, les ours descendent plus bas qu'ils ne le faisaient autrefois où la forêt ne descendait pas aussi bas dans les vallées. Elle précise ne rien avoir contre l'ours et être pour que l'on protège ceux qui sont là (« moi je protège l'animal pas la bêtise humaine »). Mais elle est contre de nouvelles réintroductions. Néanmoins, elle ne plaint pas ceux qui laissent leurs troupeaux sans surveillance. Elle estime que les chasseurs sont plus écolos que les écolos car ils sont sur le terrain.

* Cédric.

Cédric travaille également à l'Oncfs, il fait partie de l'équipe technique du suivi de l'ours. Il a environ trente ans. Natif du département il a une formation de technicien supérieur dans le domaine de l'environnement et de la gestion de la faune sauvage. Cela fait deux ans qu'il fait ce travail de suivi technique des ours. La principale fonction de cette équipe est de collecter des données sur la population d'ours des Pyrénées afin que l'équipe scientifique puisse ensuite traiter ces données. Ce

21 Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage.

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qui donne lieu a la réalisation de cartes de déplacements et de zones d'occupation par l'animal. Elle fait également la collecte d'indices, d'échantillons (poils, excréments) qui sont ensuite analysés génétiquement. Sa mission comprend aussi la vérification de témoignages d'observations d'ours, les constats de dommages causés par l'ours (exceptionnellement, car ce sont les agents départementaux qui font habituellement ce travail), les captures quand c'est nécessaire, et de l'information auprès de différents publics (éleveurs, chasseurs, scolaires, etc.). Son métier lui plaît, il le trouve intéressant mais il regrette que son équipe soit souvent la cible des opposants au projet de réintroduction du département en raison de ses fonctions. Il estime donc qu'il faut être vraiment «blindé, [...] bien moralement et physiquement pour supporter ça » et comme il le dit: « faut pas qu'on ait d'avis tranché, même si au fond de nous on a le droit d'avoir une opinion, [...] on se doit l'impartialité ».

* Martine.

Elle a quarante huit ans, elle est née à Paris. Arrivée en Ariège en 1982 pour suivre une formation de berger, elle est finalement restée dans la région. Avec son compagnon, elle élève dans un village situé dans les piémonts pyrénéens des brebis et des vaches qui passent l'été en estive. Elle fait parti des éleveurs qui ont choisi de créer un label de qualité en utilisant l'image de l'ours. Le label s'appelle: « Le broutard22 du pays de l'ours ». Ils ont décidé de tirer parti de la présence de l'ours, du côté positif de sa présence, afin de valoriser leur produit qui se vendait mal et à un prix plutôt bas. La mise en place de ce label s'est montrée être une démarche efficace puisque le prix de vente de leurs agneaux, distribués en vente directe, a connu une hausse importante. Et la demande est supérieure à la capacité de production de ces quelques éleveurs. Selon Martine, c'est parce que les « écolos » qui habitent à Toulouse sont prêts à faire cette démarche pour aider les éleveurs à cohabiter avec l'ours. Ce qui en fait un acte de soutien, et même un acte presque politique dit-elle. Elle regrette qu'il n'y ait pas plus d'éleveurs qui « osent » commercialiser sous ce label d'autant plus que la demande est là. Si elle pense que la cohabitation avec des grands prédateurs est possible, elle dit que c'est parce qu'elle place les êtres humains à la même hauteur que « le reste » et estime, au départ, que « l'ours a autant le droit de vivre [qu'eux] dans les Pyrénées ».

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery