II. LES PRODUCTIONS ECRITES
Une littérature très nombreuse existe au
sujet de la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées.
Tout d'abord dans les journaux locaux, comme la « Gazette
Ariègeoise » et le magazine
« l'Ariègeois », mais aussi les journaux
nationaux où de nombreux articles ont été publiés
et le sont encore à chaque nouveau rebondissement de « la saga
» des ours des Pyrénées qui comporte d'innombrables
épisodes (certain parle de « guerre de l'ours »). C'est
d'ailleurs par la lecture d'articles de presse que j'ai commencé
à me familiariser avec le sujet. Ensuite, de nombreux sites
internet17 y sont consacrés, notamment les sites des
différentes associations « pro » et « anti » ours
qui se présentent toutes comme actives dans la défense de la
biodiversité et du patrimoine des Pyrénées. Il y a
également le site du ministère de l'environnement
entièrement consacré au « plan de restauration et de
conservation de l'ours brun dans les Pyrénées françaises
». Font aussi partie de ces données écrites les programmes
des différents évènements cités plus haut et au
cours desquels j'ai réalisé des observations. Ainsi que le
compte-rendu de l'Assemblée générale de l'Aspap à
laquelle j'ai assistée et certains exemplaires de la lettre mensuelle
d'information que l'Aspap envoie à ses
adhérents, intitulée « Vivre en
Pyrénées ».
17 Voir les adresses en annexe
17
III. LES ENTRETIENS
Sur dix entretiens, huit ont été
réalisés auprès de personnes du monde agro-pastoral
ariègeois, les deux derniers sont des interviews des agents de l'Oncfs.
Ils sont pour la plupart âgés d'une cinquantaine d'années,
cinq d'entre eux sont néo-ruraux, les autres sont natifs du
département. La question de départ de l'entretien n'a pas
toujours été la même. Pour les personnes avec qui je suis
entrée en contact par le biais de l'Aspap, j'ai leur ai
généralement demandé de me raconter ce qui les avait
amené à adhérer à cette structure. C'est donc le
cas pour six des interviews réalisés. Ensuite, pour les agents de
l'Oncfs, je leur ai demandé de me parler de leur métier. A
l'éleveuse favorable à la cohabitation, je lui ai demandé
ce qui l'avait amenée à créer un label de qualité
avec l'image de l'ours. Pour un des éleveurs, dont je ne savais pas au
départ s'il était adhérent à l'Aspap mais dont je
savais qu'il avait été victime de prédations sur ses
bêtes, j'ai lui ai demandé de me raconter les histoires qui lui
étaient arrivées avec l'ours.
* Jean
Jean habite dans un petit village qui se situe à
la limite de la zone intermédiaire c'est-à-dire à environ
900m d'altitude. Il y élève avec sa femme et son fils des vaches
gasconnes qui transhument, et des ânes des Pyrénées. Leur
production de viande, ils la vendent « en direct »18. Il
est également prestataire de randonnées, il loue des ânes
aux touristes pour se balader dans la montagne. Il n'est pas né en
Ariège mais il est venu s'y installer avec sa femme il y a trente ans.
Il a environ cinquante ans et est issu d'un milieu rural, son père
était éleveur à 60 km de Paris. Le métier
d'éleveur de montagne, il l' appris « en montagne [...] en
regardant ce que faisaient les autres ». Il est opposé au projet de
réintroduction « depuis les cinq premières minutes »
car pour lui, il est évident que c'est incompatible avec
l'activité pastorale. Il est très critique envers ceux qu'il
qualifie « d'intégristes écologistes »et se dit
prêt à se mettre hors-la-loi puisqu'il n'y a pas d'autre solution,
qu'avec le projet de réintroduction on veut imposer des choses
déraisonnables et qu'on ne veut pas entendre les arguments de ceux qui y
sont opposés. Il se dit inquiet de l'insécurité que
génère la présence des ours pour les habitants des
montagnes notamment au printemps quand les ours sortent d'hibernation, que les
troupeaux ne sont pas encore en altitude et qu'il y a des attaques dans les
exploitations . Il
18 Ils vendent leur production directement au
consommateur, sans intermédiaires.
18
estime que la présence des ours n'est pas
attractive pour le tourisme évoquant que des gens venus pour louer des
ânes hésitent à partir en raison de la présence
éventuelle d'ours dans les alentours notamment des personnes avec des
enfants en bas âge. Il est adhérent de l'Aspap depuis sa
création.
* Laurent
Laurent est éleveur avec sa compagne dans un
village situé en limite de zone intermédiaire à environ
900m d'altitude. Ils ont un troupeau de brebis tarasconnaises qui estive et une
vingtaine de cochons, dont ils transforment sur place la viande en charcuterie.
Tout comme Jean, ils font beaucoup de vente directe. Avec sa compagne, ils sont
venus s'installer dans la région il y a une trentaine d'années.
Il est âgé d'une cinquantaine d'années et a une formation
d'architecte. Mais il ne s'est jamais installé estimant que
c'était un métier de marchand qui ne lui convenait pas et il
avait vraiment envie de « vivre plein air intégral ». Depuis
le début des réintroductions, il est régulièrement
victime d'attaques sur son troupeau de brebis; en été sur
l'estive mais aussi au printemps sur son exploitation. Il l'a très mal
vécu surtout au début et il a perçu cet état de
fait comme une atteinte à son travail, ce qui l'a révolté.
Il estime qu'il y a beaucoup d'autres choses à faire de plus important
pour la protection de l'environnement que de persister à
réintroduire des ours dans les Pyrénées. Actuellement il
est un des co-présidents de l'Aspap. Selon lui, cette
réintroduction, telle qu'elle a été menée, manque
complètement de bon sens et traduit un mépris de tous les acteurs
de terrain qui, à son avis, font que les Pyrénées sont ce
qu'elles sont ou qui perpétuent, maintiennent ce qu'ont fait leurs
prédécesseurs. Pour lui, avec cette réintroduction, on
perturbe un fragile équilibre.
* M. et Mme Joly.
Ce couple d'une soixantaine d'années vit dans une
maison près de la ferme familiale où M.Joly est né. Ils
exploitent cette ferme, mais pour que cela soit « viable », M.Joly
travaille également dans une usine située non loin de son lieu de
résidence, il est donc bi-actif par nécessité et se
décrit comme un passionné de son travail d'éleveur. Il a
un troupeau de vaches gasconnes qui passe l'été sur l'estive
voisine. En 2004, « de la colère », il a vendu son troupeau
d'une cinquantaine de brebis à la suite d'attaques, mais depuis, comme
il dit: « j'ai replongé, j'ai racheté des brebis
[...]
19
j'ai toujours eu des brebis et faut toujours des brebis
». Depuis, pour son plaisir, il a quelques brebis autour de la maison,
dont il dit que c'est comme si c'était ses chiens, chaque jour il leur
donne du pain souvent accompagné de ses petits enfants. Il dit avoir
beaucoup d'affection pour elles et c'est pour cela qu'il a été
très affecté: « quand j'ai vendu le troupeau j'étais
pas loin de la déprime ». Depuis 1999, il est victime quasiment
chaque printemps d'une ou deux prédations, mais maintenant il dit avoir
« mis de l'eau dans [son] vin ». Il est critique à
l'égard de l'équipe du suivi de l'ours dont il aurait
souhaité un peu de soutien lors des attaques notamment pour le
rassemblement du troupeau. Et surtout, il souhaiterait qu'ils le
préviennent quand ils savent qu'un ours est dans le secteur. Tout comme
les autres interviewés, il estime que cette réintroduction a
été très mal préparée. Pour lui, il est
aberrant de mener un projet qui met en danger le pastoralisme et
décourage les jeunes qui voudraient s'installer. Il a également
des inquiétudes au niveau de la sécurité des personnes, sa
femme insiste sur ce point, elle est inquiète pour ses petits enfants,
au printemps elle ne les laisse plus seuls dehors. Ils sont adhérents
à l'Aspap depuis le début de sa création car ils estiment
que seuls il ne peuvent être entendus. Ils souhaitaient notamment que
l'association permette la diffusion d'informations autres sur la situation
qu'ils vivent au quotidien, que cela montre que ce ne sont pas eux les «
méchants » dans l'histoire, mais qu'ils sont simplement victimes.
L'entretien a duré quasiment deux heures, ils avaient beaucoup à
raconter sur le sujet. Et, à la fin de l'entretien, M. Joly me dira
qu'il n'a pas perdu son temps parce que les informations qu'il m'a
apportées, je ne les aurais pas eues ailleurs.
* Bernard et Josiane.
Il s'agit d'un couple d'éleveurs qui est
installé dans les piémonts de l'Ariège, ils ont un
troupeau de chevaux qu'ils élèvent pour la viande. Ils sont
âgés d'une cinquantaine d'années. Bernard est venu à
l'élevage après avoir travaillé dans différents
domaines. Ses parents étaient également éleveurs dans le
département. Comme ils n'ont pas assez de surfaces pour faire pacager
leurs chevaux toute l'année, ils passent l'été en estive
avec leur troupeau. Il sont dans une zone où les ours sont en
présence régulière et certains dérochements de
juments ont été reconnus comme dégâts de l'ours. Ils
ont adhéré à l'Aspap parce qu'ils ont été
victimes de l'ours et ils y ont une présence assidue, participant
très souvent aux réunions de l'association. Ils sont
mécontents car ils estiment que certains des dégâts qui
pour eux sont dus à l'ours ne sont pas pris en compte. Pour
20
Bernard, ce qui fait le succès de l'Aspap, qu'il
considère comme devenue une instance incontournable sur le
département, c'est notamment le fait qu'elle soit apolitique et que le
« leader »de l'association n'est comme il le dit:« à la
remorque de personne ».
* Bernadette.
Bernadette est éleveuse de brebis laitières
dans les piémonts ariègeois avec son compagnon. Elle est
âgée d'une cinquantaine d'années, originaire d'une ville du
centre de la France, elle est venue s'installer dans le département il y
a une trentaine d'année. Ce qui l'a amenée à l'Aspap,
c'est la musique. Elle est musicienne et des amis lui ont demandé de
venir jouer dans les manifestations. Elle est sympathisante de la cause depuis
le début, mais elle n'est pas concernée par des prédations
et ses brebis n'estivent pas. En tant qu'éleveuse de brebis, elle se
sent solidaire et en empathie avec ceux qui sont victimes de prédations.
Elle insiste sur le fait que ce projet a été imposé comme
elle dit: « par des écolos n'importe quoi ». Elle ne condamne
pas le principe selon lequel l'homme exploite la nature et pense que s'il ne
l'avait pas fait l'homme ne serait plus là, tout en estimant qu'il
faudrait peut-être le faire autrement, avec plus de respect. Pour elle,
certaines des personnes qui défendent le projet de réintroduction
sont des fanatiques et les idées de nature qu'ils ont relèvent du
religieux. Elle pense qu'ils montrent la nature comme détachée de
l'humain. Elle a déjà été victime d'attaques de
chiens sur son troupeau et dit que c'est plus difficile qu'on le penserait pour
l'éleveur de subir des attaques sur son troupeau, même si les gens
ont des sensibilités différentes.
* Bruno Besche-Commenge.
Cet ancien professeur de français et
linguiste19 est spécialiste de l'histoire des techniques
agro-pastorales (aujourd'hui à la retraite). Très actif au sein
de l'Aspap, il a réalisé un important travail de recherches
donnant notamment lieu a un dossier intitulé: « Ecologie, un vrai
problème manipulé de façon inquiétante: bilan de la
situation créée aujourd'hui par le «plan de restauration et
de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées 2006-2009 »
et conséquences pour l'avenir du massif » publié par l'Addip
(coordination européenne). Il s'agit d'un dossier d'une quarantaine de
pages, une information sur le sujet qui lui paraît plus
représentative de la réalité du terrain. Pour
19 Il a été chercheur au Centre de
Linguistique et de Dialectique de Toulouse.
21
cela, il fait de nombreuses références
à des travaux de scientifiques mais aussi à des
déclarations de personnalités politiques. Bruno Besche-Commenge
pense que ce qui se joue autour de cette réintroduction revêt de
nombreuses facettes. Et pour lui, ce n'est qu'un épisode de plus dans un
processus déjà ancien, qui relève notamment d'une «
guerre des savoirs ». Il considère que ce projet a agi comme un
catalyseur mettant en évidence d'autres phénomènes
à l'oeuvre depuis longtemps, notamment en terme d'aménagement du
territoire. Pour lui, le fond du problème, c'est une marginalisation
d'une forme de savoirs (ici agro-pastoraux) par rapport au développement
d'une pensée scientifique et un problème de dépossession
des gens d'un territoire et surtout d'un savoir.
* Nicolas
Il se présente lui-même comme biologiste,
spécialiste des écosystèmes d'altitude et des
écosystèmes méditerranéens, réalisant
à ce titre des expertises environnementales pour des bureaux
d'étude. Il est ce qu'on appelle un autodidacte, il a obtenu
récemment une équivalence universitaire pour ses
compétences et a été intégré à une
équipe de recherche scientifique en tant qu'ingénieur
d'étude. Il est âgé d'environ cinquante ans. D'origine
hollandaise, il est arrivé dans le département de l'Ariège
dans les années 70 alors qu'il n'avait que 17 ans pour vivre dans une
communauté qu'il a ensuite quittée pour fonder une famille mais
il est toujours resté dans le département. Il a été
pendant plusieurs années salarié de l'association des
Pâtres de Haute Montagne20 qui forme des bergers et des
vachers, il en était le coordinateur; il organisait l'ensemble des
activités de l'association et notamment la formation des pâtres.
Il n'était pas au départ opposé au projet de
réintroduction mais il a changé d'avis, en voyant la façon
dont la réintroduction était menée par le
ministère. Et du surplus de travail que cela représentait pour
les bergers ainsi que le stress auquel cela les soumettait: « d'avoir
discuté avec des membres de l'association euh. Je me rendais compte
que...ça a été quelque chose de terrible qui leur arrivait
». Il est très critique à l'égard de la façon
dont cette réintroduction est menée, notamment concernant les
compétences des équipes qui s'occupent d'expertiser les
prédations. Il est également très critique
vis-à-vis des associations partenaires du ministère dans sa mise
en place qu'il qualifie pour certaines d'intégristes et
dénonce
20 L'association des pâtres était au
départ partenaire du Ministère de l'Ecologie pour la
réintroduction des ours, mais s'est retirée du dispositif en 2001
estimant que leurs propositions n'étaient pas écoutées et
de plus, il s'est avéré que
nombre de ses membres voyant les difficultés
générées par les grands prédateurs
commençaient à s'opposer au projet.
22
ce qu'il appelle une « disneylandisation de la
nature » qu'il ne reconnaît pas comme étant de
l'écologie. Il a rejoint l'Aspap dès le début de sa
création.
* Annie
Annie travaille à l'Oncfs21 depuis
seize ans et habite un village de montagne. Elle est native de la
région, a cinquante cinq ans et a grandi en montagne. Elle allait
à la chasse à l'isard avec son père quand elle
était petite. Elle s'occupe du comptage et du suivi de la faune sauvage
mais aussi de la gestion des populations d'animaux nuisibles tels que les
renards, les martres, les fouines. Son travail, c'est la gestion des milieux et
des espèces. Elle se dit passionnée et parcourt la montagne
depuis très jeune. Elle n'aime pas rester dans les bureaux et est le
plus souvent sur le terrain en montagne. Elle s'occupe notamment de la gestion
de l'habitat du grand tétras qui se réduit du fait de la
fermeture du milieu à l'oeuvre depuis que les montagnes sont moins
exploitées. Selon elle, ce qui a manqué dans la mise en place du
plan de réintroduction c'est l'information et la communication. Comme il
n'y avait plus d'ours, elle était pour la réintroduction, mais
son point de vue a changé avec les années. Elle pense que le
« vrai » ours des Pyrénées ne pose pas les
problèmes que posent les ours slovènes réintroduits. Elle
dit aussi qu'à cause de la fermeture du milieu, les ours descendent plus
bas qu'ils ne le faisaient autrefois où la forêt ne descendait pas
aussi bas dans les vallées. Elle précise ne rien avoir contre
l'ours et être pour que l'on protège ceux qui sont là
(« moi je protège l'animal pas la bêtise humaine »).
Mais elle est contre de nouvelles réintroductions. Néanmoins,
elle ne plaint pas ceux qui laissent leurs troupeaux sans surveillance. Elle
estime que les chasseurs sont plus écolos que les écolos car ils
sont sur le terrain.
* Cédric.
Cédric travaille également à
l'Oncfs, il fait partie de l'équipe technique du suivi de l'ours. Il a
environ trente ans. Natif du département il a une formation de
technicien supérieur dans le domaine de l'environnement et de la gestion
de la faune sauvage. Cela fait deux ans qu'il fait ce travail de suivi
technique des ours. La principale fonction de cette équipe est de
collecter des données sur la population d'ours des
Pyrénées afin que l'équipe scientifique puisse ensuite
traiter ces données. Ce
21 Office National de la Chasse et de la Faune
Sauvage.
23
qui donne lieu a la réalisation de cartes de
déplacements et de zones d'occupation par l'animal. Elle fait
également la collecte d'indices, d'échantillons (poils,
excréments) qui sont ensuite analysés
génétiquement. Sa mission comprend aussi la vérification
de témoignages d'observations d'ours, les constats de dommages
causés par l'ours (exceptionnellement, car ce sont les agents
départementaux qui font habituellement ce travail), les captures quand
c'est nécessaire, et de l'information auprès de différents
publics (éleveurs, chasseurs, scolaires, etc.). Son métier lui
plaît, il le trouve intéressant mais il regrette que son
équipe soit souvent la cible des opposants au projet de
réintroduction du département en raison de ses fonctions. Il
estime donc qu'il faut être vraiment «blindé, [...] bien
moralement et physiquement pour supporter ça » et comme il le dit:
« faut pas qu'on ait d'avis tranché, même si au fond de nous
on a le droit d'avoir une opinion, [...] on se doit l'impartialité
».
* Martine.
Elle a quarante huit ans, elle est née à
Paris. Arrivée en Ariège en 1982 pour suivre une formation de
berger, elle est finalement restée dans la région. Avec son
compagnon, elle élève dans un village situé dans les
piémonts pyrénéens des brebis et des vaches qui passent
l'été en estive. Elle fait parti des éleveurs qui ont
choisi de créer un label de qualité en utilisant l'image de
l'ours. Le label s'appelle: « Le broutard22 du pays de l'ours
». Ils ont décidé de tirer parti de la présence de
l'ours, du côté positif de sa présence, afin de valoriser
leur produit qui se vendait mal et à un prix plutôt bas. La mise
en place de ce label s'est montrée être une démarche
efficace puisque le prix de vente de leurs agneaux, distribués en vente
directe, a connu une hausse importante. Et la demande est supérieure
à la capacité de production de ces quelques éleveurs.
Selon Martine, c'est parce que les « écolos » qui habitent
à Toulouse sont prêts à faire cette démarche pour
aider les éleveurs à cohabiter avec l'ours. Ce qui en fait un
acte de soutien, et même un acte presque politique dit-elle. Elle
regrette qu'il n'y ait pas plus d'éleveurs qui « osent »
commercialiser sous ce label d'autant plus que la demande est là. Si
elle pense que la cohabitation avec des grands prédateurs est possible,
elle dit que c'est parce qu'elle place les êtres humains à la
même hauteur que « le reste » et estime, au départ, que
« l'ours a autant le droit de vivre [qu'eux] dans les
Pyrénées ».
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