1. L'importance culturelle de la biodiversité.
Les PFNL sont une composante non moins importante de la
biodiversité. Leur utilisation contribue à l'identité
culturelle des communautés rurales du Cameroun et de la RDC. Ils sont un
élément indispensable pour le bien-être des populations
riveraines parce qu'utilisés dans la pharmacopée
traditionnelle15. En effet, ces ressources se révèlent
une source de richesse biologique indéniable des pays du bassin du Congo
car, en plus de leur utilisation dans le traitement des maladies, la
construction et l'artisanat, ils constituent un véritable «
filet de sécurité alimentaire d'urgence contre des
aléas saisonniers et en cas de nécessité urgente pour les
ménages »16.
14 La CDB dispose dans son préambule que «
les parties contractantes sont conscientes de la valeur intrinsèque
de la diversité biologique et de la valeur de la diversité et de
ses éléments constitutifs sur les plans environnemental,
génétique, social, économique, scientifique,
éducatif, culturel, récréatif et esthétique
».
15 AWONO (A.) et al, Étude de l'importance
économique et sociale du secteur forestier et faunique au Cameroun,
novembre 2013, pp 129.
16 Mukerji 1995, cité par SHANGO MUTAMBWE,
op.cit. p.15
12
L'attribution d'un statut patrimonial à la
biodiversité justifie sa valeur d'existence, corollaire de son
importance culturelle et des savoirs locaux17. L'importance de la
biodiversité se définie davantage par sa valeur
économique.
2. L'importance socio-économique de la
biodiversité
La mobilisation et l'affluence autour des ressources
biologiques témoignent toute la valeur que les consommateurs et
commerçants leur attachent. Parlant des PFNL, ils représentent
une source de revenus très importante pour les populations du bassin du
Congo parce qu'ils permettent une limitation des risques au sein des
ménages grâce aux multiples services qu'ils offrent à
l'homme et à l'environnement. «Plusieurs millions de
ménages dans le monde entier sont fortement tributaires de ces produits
pour leur subsistance et/ou leurs revenus. Quelques PFNL sont également
commercialisés à l'échelle internationale. A l'heure
actuelle, il existe au moins 150 PFNL importants sur le plan du commerce
international, notamment le miel, la gomme arabique, le rotin et le bambou, le
liège, les noix et les champignons, les résines, les huiles
essentielles et certaines parties des végétaux et des animaux
entrant dans la fabrication de produits
pharmaceutiques»18. Le marché international du
Prunus africana a été évalué à 220
millions de dollars par an19. La commercialisation des PFNL apporte
des plus-values dans les économies des ménages. Instrument de
lutte contre la pauvreté, les PFNL constituent « des biens
marchands ou de subsistance destinés à la consommation humaine ou
industrielle. Ils sont dérivés des ressources et de la biomasse
renouvelables de la forêt, permettant d'augmenter les revenus des
ménages ruraux et de créer des emplois »20.
L'importance économique de certaines filières de PFNL à
l'échelle nationale et internationale est avérée en
Afrique centrale21.
17 La CDB avait reconnu la valeur culturelle de la
biodiversité et des savoirs locaux. Elle dispose que les populations
autochtones dépendent des ressources biologiques sur lesquelles sont
fondées leurs
traditions.
18 NGBOLUA (N.) et al, Utilisation de produits
forestiers non ligneux à Gbadolite (R.D. Congo) : cas de Cola acuminata
(P. Beauv.) Schott & Endl. (Malvaceae) et de Piper guineense Schumach.
& Thonn. (Piperaceae), in Congo sciences volume 2/numéro 2, p.125
19 CUNNINGHAM et al. (1998) cité par AWONO
(A.) et MANIRAKIZA (D.), Projet pour la mobilisation et le renforcement des
capacités des petites et moyennes entreprises paysannes en relation avec
l'exploitation des produits forestiers non ligneux au Cameroun et en RDC, Etude
de base prunus africana dans le Nord-ouest et le Nud-ouest Cameroun, CFOR,
décembre 2007, p.24
20 AWONO (A.) et al, Les Produits Forestiers Non
Ligneux d'origine végétale, in Etude de l'importance
économique et sociale du secteur forestier et faunique au
Cameroun, CIFOR, novembre 2013, p 130.
21 Ndoye, Chupezi Tieguhong, 2004 ; Awono et
al., 2009, démontrent que certains PFNL phares comme
le njansang (Ricinodendron heudelotii), la mangue
sauvage (Irvingia gabonensis), le gnetum (Gnetum spp.) ont
des chiffres d'affaires dépassant 500 000 € par an pour certaines
d'entre elles ; cités par
13
Les recherches effectuées dans ce secteur
démontrent que « la valeur marchande de 45 principaux PFNL
échangés au Cameroun, notamment la viande de brousse, le poisson,
le bois de chauffage et les produits à base de plante, est
estimée à environ 1 028 milliards de dollars américains
par an. Sachant qu'au moins 283 000 personnes au Cameroun et 70 000 en RDC
travaillent dans des entreprises exploitant 15 des principaux PFNL, le chiffre
total pour l'ensemble du secteur pourrait être beaucoup plus important.
Cela représente plus de la moitié des emplois enregistrés
dans le secteur forestier, au Cameroun comme en RDC
»22.
C'est somme toute cette importance multidimensionnelle de la
biodiversité qui détermine le contenu de la CDB.
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