Paragraphe II : Le contenu de la convention
Contrairement aux autres conventions internationales, la CDB
ne s'est pas fixée un programme spécifique23. Ce texte
comprend un ensemble de 42 articles et 2 annexes. Elle convoque la
responsabilisation des parties dans leur mode de gestion de la
biodiversité. La lecture de cette convention fait constater que ses
dispositions sont exprimées en objectifs généraux
plutôt que des obligations précises. Spécifique et
dédiée à une catégorie de la biodiversité
(A), la CDB s'est définie des objectifs (B) que ses membres sont
appelés à atteindre dans la mesure du possible et selon leur
propre politique qu'ils auront déterminée.
A. Les ressources visées dans la convention
La Convention sur la diversité biologique vise tous les
niveaux de la diversité biologique. Elle s'intéresse aux
différents écosystèmes, la diversité des
espèces existantes dans la nature et les ressources
génétiques. Ce texte vise particulièrement les PFNL quand
il dispose dans son préambule qu' « un grand nombre de
communautés locales et de populations autochtones dépendent
étroitement et traditionnellement des ressources biologiques sur
lesquelles sont fondées leurs
Guillaume Lescuyer, « Importance économique de
quelques produits forestiers non ligneux dans quelques villages du sud-Cameroun
», in Bois et forêts des tropiques, 2010, n°304 (2). P.17.
22 AWONO Abdon et al, Guide à destination
des petites et moyennes entreprises forestières pour le commerce durable
des produits forestiers non ligneux en Afrique centrale, CIFOR, 2013, p.3.
23 La CDB est un instrument complexe de par son
programme large ou général sur la protection de la
biodiversité. Elle redéfinit la distribution des droits et
obligations des États membres.
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traditions ». Cette réalité est
vérifiable en Afrique centrale lorsqu'on connait
l'intérêt24 que les communautés rurales
attachent sur les ressources non ligneuses. Cette convention vise aussi «
les espèces et communautés qui sont menacées
d'extinction; des espèces sauvages apparentées à des
espèces domestiques ou cultivées ; d'intérêt
médical, agricole ou économique ; d'importance sociale,
scientifique ou culturelle ; ou d'un intérêt pour la recherche sur
la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique,
telles que les espèces témoins »25.
L'orientation de la CDB est suffisamment claire et
justificative. Car, elle aspire à protéger la biodiversité
qui présente des avantages et un intérêt pour le
développement durable et la « santé de l'environnement
»26. La convention met aussi un accent sur le « rôle
capital » de la gente féminine dans la conservation et
l'utilisation durable de la diversité biologique. Cette dernière
analysée sous cet angle, il ne fait aucun doute au regard de certaines
observations empiriques27, que les femmes sont fortement
attachées à l'exploitation et la commercialisation de cette
ressource. Les populations riveraines en général et les femmes en
particulier ont une connaissance parfaite de ces produits. La prise en compte
de leur savoir-faire constitue « un préalable indispensable
à une gestion durable de ces ressources, qu'il s'agisse de
préserver les espèces productrices face à leur
exploitation commerciale ou de les améliorer, notamment par des actions
de type sylvicole et un enrichissement progressif de la forêt
»28.
Cette explication va en droite ligne avec le dispositif du
préambule conventionnel qui détermine et conduit à ses
ambitions.
24 Les produits forestiers non ligneux
représentent pour les populations riveraines, les éléments
anthropologiques et culturels fondamentaux. Ils tirent l'essentiel du
matériel artisanal, les aliments, les bases du mystico-religieux, et les
composantes de leur pharmacopée traditionnelle.
25 Annexe I de la Convention sur la diversité
biologique.
26 Certains éléments de la
biodiversité sont nuisibles pour l'environnement et pourrait contribuer
à sa dégradation.
27 Les populations forestières utilisent les
PFNL depuis fort longtemps. Il apparait que les femmes sont les mieux
informées sur les PFNL alimentaires qu'elles exploitent pour nourrir les
familles et donc les conservent en les aménageant pour assurer la
durabilité.
28 TCHATAT (M.) et NDOYE (O.), Etude des produits
forestiers non ligneux d'Afrique centrale : réalités et
perspectives, in Bois et forêts des tropiques, 2006, n° 288 (2), p
27.
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