1. L'importance des connaissances traditionnelles
Les pays d'Afrique centrale brillent par une insuffisante
prise en compte des connaissances des populations indigènes sur les
PFNL. Ces dernières possèdent pourtant un patrimoine
considérable dans la gestion des ressources naturelles qu'elles ont
accumulé depuis les temps ancestraux.
94 But stratégique principal de la COMIFAC
contenu dans le plan de convergence 2015-2025 sous la logique d'une
économie verte d'ici 2025.
54
En effet, les peuples forestiers disposent des savoirs
traditionnels importants qui découlent d'une utilisation des PFNL depuis
de longues dates. Ils sont conscients de la variation et des
caractéristiques des espèces existantes. Cette connaissance
avérée aussi bien sur les vertus des produits que sur leurs modes
d'utilisation, est nécessaire pour la recherche et le
développement des filières PFNL. La valorisation des
connaissances locales dans le domaine des PFNL est un instrument indispensable
pour la préservation de la diversité biologique. Sa mise en
oeuvre passerait par le respect des droits des communautés qui le plus
souvent s'obstinent à transmettre leur savoir-faire traditionnel.
Les pays d'Afrique Centrale ayant tous adhéré
à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et à la
Déclaration des Nations Unies sur les Peuples autochtones, la COMIFAC
s'en est saisie et en a fait de l'intégration des connaissances
traditionnelles l'une de ses priorités. Elle précise dans son
plan de convergence que «toutes les parties prenantes à la
gestion des écosystèmes forestiers doivent consentir des efforts
pour capitaliser les connaissances et savoirs faire traditionnels des
populations locales et autochtones. Considérées comme des atouts
indéniables pour la conservation des ressources biologiques, ces
connaissances doivent être promues et valorisées pour garantir le
développement socio-économique et culturel de ces populations, et
partant procurer les services essentiels pour le bien-être de l'homme et
la réduction de la pauvreté»95.
En plus de cette recommandation, il est important de noter
qu'une prise en compte du genre dans les instances de gestion des forêts
et activités de planification d'exploitation des PFNL est aussi
nécessaire.
2. La prise en compte du genre dans le processus de gestion
durable des PFNL
L'activité de récolte et de commercialisation
des PFNL dans le bassin du Congo est concurremment exercée par les
hommes et les femmes. En principe, l'exploitation de ces produits était
perçue au départ comme une activité «exclusivement
féminine». Cependant, le manque d'emploi et l'augmentation du taux
de chômage dans les pays de la sous-région ont conduit à
une transformation de la répartition sexuelle traditionnelle des
activités de production au point où bien d'hommes se sont
finalement intéressés au secteur.
95 Plan de convergence pour la gestion durable des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale 2015 - 2025. P.4
55
La gente masculine intervient désormais dans la
production et la commercialisation des PFNL présentant de grandes
valeurs marchandes.
Au Cameroun comme en RDC, «les femmes ne sont pas
systématiquement impliquées dans les projets de
développement, alors que les PFNL sont à même d'augmenter
leur pouvoir au sein du ménage. Cependant, faute d'opportunités
d'emploi en milieu urbain, il s'avère que les hommes sont davantage
intéressés par la commercialisation des produits non ligneux les
plus lucratifs»96. Jusqu'ici, bien que les hommes
s'intéresse aux activités de PFNL, les femmes,
accompagnées des enfants, gardent le monopole de l'exploitation et du
marché en Afrique centrale97. D'où l'importance
d'intégrer les questions de genre dans les mécanismes de gestion
durable et de conservation des PFNL. La participation et l'implication
effective de toutes les parties prenantes, sans oublier les femmes, dans
l'élaboration et la mise en oeuvre et le suivi des projets doivent
être de rigueur.
Les pays d'Afrique centrale gagneraient à
intégrer les femmes dans les différents projets relatifs à
la conservation de la nature et à l'utilisation rationnelle des
ressources. Les problèmes de genre se sont posés au cours des
deux dernières décennies. Ce phénomène s'est
déjà imposé dans des initiatives au niveau international,
ce qui justifie l'intérêt que l'on doit lui accorder dans le
bassin du Congo. Dans ce contexte, le rapport entre les hommes et les femmes,
la répartition des rôles sociaux, des responsabilités et
des relations avec le milieu doivent être mieux compris et surtout mieux
affirmés dans les politiques nationales et les programmes
sous-régionaux.
Les Etats doivent assumer leurs engagements internationaux
relatifs aux droits des femmes. La COMIFAC, à travers son Traité
doit également mettre en pratique les dispositions souscrites dans la
Convention de Rio et les Accords régionaux pour pouvoir assumer
pleinement les engagements pris par les parties membres en matière de
genre. Il s'agit précisément de la reconnaissance de
l'égalité Hommes - Femmes en matière d'accès aux
ressources forestières et à la propriété
foncière98.
96 TCHATAT (M.) et NDOYE (O.), Etude des produits
forestiers non ligneux d'Afrique centrale : réalités et
perspectives, in Bois et forêts des tropiques, 2006, n° 288 (2),
p.32
97 Les femmes assurent la responsabilité de
mère. Elles sont chargées de trouver la ration de la famille.
Dans la plupart des ménages, les activités qui exigent de grands
efforts sont réservées aux hommes. Par contre celles qui prennent
plus de temps et qui demandent plus de travail sont exercées par les
femmes. C'est par exemple le cas du Gnetum majoritairement exploité par
les femmes au Cameroun et en RDC.
98 Il est de tradition en Afrique centrale que les
femmes n'ont pas droit d'accès au foncier. Elles exercent ce droit
à travers leurs maris.
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La prise en compte des aspirations des femmes dans
l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des
programmes de conservation et de gestion durable des forêts est le
corollaire du développement durable des localités.
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