B. La marginalisation des acteurs locaux
Les communautés villageoises des zones
forestières constituent des acteurs locaux, utilisateurs principaux des
PFNL. Leur exploitation de ces ressources, nous l'avons mentionné, est
encadré par des règles qui limitent l'accès des
communautés locales et les peuples autochtones à la ressource.
Lors de la déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement de 1992, les Nations Unies ont recommandé aux Etats
de coopérer avec les populations afin d'éradiquer la
pauvreté et de pouvoir parvenir à un développement
durable. Jusqu'à présent, cette volonté de la
communauté internationale tarde à être mise en pratique de
manière effective. Les stratégies employées par les
pouvoirs centraux des pays du bassin du Congo ne répondent pas aux
attentes des administrés.
Pendant ce temps, les élites locales émergent et
profitent des lourdeurs administratives quant à l'acquisition de
l'agrément autorisant l'exploitation de la ressource. Les petits
producteurs des PFNL manquent de moyens financiers pour acquérir les
titres d'exploitations. Cette situation s'explique par le fait que
«les procédures d'obtention de
82 NGUIFFO Samuel, op.cit., p.79.
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l'agrément d'exploitation ne tiennent pas compte du
type de produits forestiers (bois d'oeuvre ou produits non ligneux), ni de la
catégorie d'acteurs (industriels ou artisans)»83.
Dans les cas où l'Etat aurait reconnu à la communauté
l'autonomie de gestion84, il est aussi exigé un certain
nombre d'observations liées aux ambitions et objectifs de gestion
fixés par l'administration des forêts. La création d'une
forêt de particulier est soumise à des conditions de
propriété foncière de la personne privée qui en
prétend s'attribuer une forêt. Elle est assujettie à la
production de la preuve de propriété sur les produits forestiers
qu'il aurait plantés.
Par ailleurs, «dans plusieurs pays de la
sous-région, on constate des difficultés dans l'acquisition des
permis d'exploitation et lorsque ces derniers sont attribués aux
opérateurs économiques, c'est pour des durées
limitées»85.
Tout compte fait, il est important de relever que les
forêts du Cameroun et de la RDC sont colonisées par l'homme depuis
de longues dates. La diversité ethnique et l'accroissement
démographique dans les deux Etats sont autant de
phénomènes qui nécessitent une attention
particulière afin de combattre la pression sur la ressource non
ligneuse. Des solutions plus adaptées doivent être prises afin
d'assurer une véritable exploitation durable des PFNL.
83 NGUENANG (G.M.), Pour une fiscalité
adaptée des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) et des Produits
Forestiers Spéciaux, p.2
84 Les législations forestières du
Cameroun et de la RDC L'Etat ont prévu des possibilités d'octroie
des forêts communautaires. Mais l'Etat garde toujours le droit de regard
sur la gestion des ressources, qui qui doit respecter les normes
établies pour l'exploitation forestière. Les différentes
opérations de gestion des forêts communautaires, et plus
précisément l'exploitation des produits forestiers non ligneux
sont soumises à un plan simple d'aménagement forestier.
85 BONANNEE (M.) et al, Le cadre
législatif et réglementaire régissant l'utilisation des
Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) en Afrique centrale, FAO, 2007,
p.36
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