3.3 GENERALITES SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE
3.3.1 Historique
De tout temps, les hommes ont imaginés mille recettes
pour essayer de parer aux conséquences indésirées des
rapports amoureux :
Introduction dans le vagin de miel ou de pommade à base
d'excréments de crocodile en Egypte, du badigeonnage d'huile de
cèdre ou un onguent de plomb ou à l'encens mélangé
à l'huile d'olive en Grèce. De l'usage d'huiles (safran, acacia,
racines de mandragore) mélangées à la pulpe de grenade ou
figue pour éviter que le sperme pénètre dans le vagin
préconisé par un médecin dans l'antiquité (les
prémices des spermicides actuels).
De l'eau froide pour tuer le sperme vivant à
l'époque romaine. D'ailleurs chez les nobles un esclave accourait
après chaque rapports sexuels pour effectuer une douche vaginale,
pratique que l'on rencontre encore ; les « poires ».
Aux tampons occlusifs en laine (principe qui sera à la
base du diaphragme), pour fermer le col de l'utérus,
étudié par Soranos, le plus brillant gynécologue
de l'Antiquité. A l'étude des cycles préconisant
l'abstinence juste avant et après les règles, pensant que la
femme est fertile à ce moment là, procédé propose
par le même Soranos
Aux instructions sur les périodes d'abstinence
donnée dans le Kama-Sutra en Inde à partir du 4e
siècle (par rapport au soleil, par exemple),
A l'apparition, en Asie au 16 e siècle du
préservatif. Les Chinois le fabriquent en papier de soie huilée,
les Japonais en écaille de tortue ou en cuir.
En 1564, Gabriel Fallope invente un fourreau de lin «
à la mesure du gland » imbibé de décoctions d'herbes
astringentes. De nombreux textes du 17ème siècle parlent de
sachets péniens. C'est d'ailleurs au milieu de ce siècle
qu'aurait vécu le Docteur Condom , médecin de Charles II
d'Angleterre. Beaucoup d'interrogations sur l'existence même de ce
médecin. Condom (préservatif) vient du verbe latin condere
qui signifie, caché, protéger. Louis XIV en commande pour
son propre usage. Il se banalise, beaucoup d'hommes les utilisent. Ils sont en
boyau animal (pas très confortable) « cuirasse contre le plaisir
» dira la marquise de Sévigné. Il faut attendre la
Révolution Française puis les moeurs faciles du Directoire pour
voir le commerce du préservatif se légalisé. Le latex fut
découvert par Charles Goodyear en 1839. Ce n'est qu'en 1870
qu'apparaît le 1 er préservatif sur le marché.
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En 1901, voici quelques noms
évocateurs de marques de préservatifs : le crocodile, le rival
protecteur, le voluptueux, le bibi, chatouilleur, le porc épic, le
velouté, le cristallin. La capote est lavée après chaque
utilisation, séchée et talquée.
Au début du 20eme siècle, apparaît la mode
des douches vaginales, avec l'invention de la pompe qui propulse dans le vagin,
après chaque rapport sexuel, un mélange d'eau et de toutes sortes
de produits supposés détruirent les spermatozoïdes
(vinaigre, acide citrique, etc. ;;). Le stérilet est mis au point au
début du 20eme siècle, mais ne sera utilisé
qu'après la seconde guerre mondiale, venant concurrencer la
méthode Ogino. Déjà du temps des pharaons, on mettait des
pierres dans l'utérus des chamelles pour qu'elles ne soient pas pleines
pour la traversée du désert ; on a également
retrouvé des stérilets dans les momies égyptiennes.
En 1924, Kiasuku Ogino, médecin japonais, met au point
la méthode qui a pris son nom en calculant la période de
fécondité au moment de l'ovulation entre le 12eme et le 16eme
jour du cycle, et en pratiquant donc l'abstinence pendant cette
période.
Des milliers de femmes utilisent ce calendrier Ogino et des
milliers de bébé Ogino comme on les appelle, naîtront ; les
échecs étant d'environ 40%.
Puis arrive la méthode des températures,
méthode Knauss, nom de son inventeur, repérant la montée
de la température au moment de l'ovulation. Elle s'avéra
être aussi un échec sur le plan contraceptif. Cette méthode
est beaucoup plus efficace pour repérer l'ovulation dans une
démarche de traitement de stérilité.
En 1912, une infirmière new yorkaise, Margaret Sanger
assiste à la mort d'une mère de trois enfants qui avait
tenté d'avorter. Elle se mobilise et en 1923 fonde à New York le
premier centre de planning. Trois ans plus tard, il en existe 250 aux
états unis. En 1951, avec l'aide de cette femme Margaret Sanger,
Grégory PINCUS ouvre le premier centre de recherche ou il travaille sur
les hormones sexuelles. Son équipe à Mexico met au point une
synthèse d'oestrogènes et progestérone qui empêche
l'ovulation.
En 1954 les premiers essais à Porto Rico montrent
l'efficacité de cette contraception orale. La pilule est née.
Elle se nomme l'Enovid. Des effets secondaires importants apparaissent, mais
cette méthode étant une grande avancée pour les femmes,
les recherches continuent.
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En 1960, aux Etats Unis, la première pilule
contraceptive est commercialisée. En France, le pouvoir politique se
refuse à l'autoriser. En Chine, dès 1965, elle connaîtra un
développement considérable très rapidement. La Grande
Bretagne est la première en Europe à l'expérimenter.
En 1961, des françaises, créent dans une
quasi-clandestinité, le premier centre de planning familial à
Grenoble. On y fait venir de Suisse ou d'Angleterre des diaphragmes et la
pilule y fait une timide apparition en 1965. Pour contourner la loi, ses
propriétés contraceptives ne sont pas mentionnées.
Officiellement, c'est un médicament pour régulariser les
règles.
C'est en 1967 que fut votée la loi Neuwirth qui abroge
les articles du code de la santé réprimant la propagande
anticonceptionnelle, et autorise l'importation, la fabrication des
contraceptifs. Cette loi crée les lieux de diffusion de cette
contraception : les centres de planification et d'éducation familiale.
Mais les décrets d'application ne parurent qu'en 1974, (7 ans pour que
les législateurs acceptent cette liberté de choix proposée
aux femmes)
Les Françaises ne cesseront de faire pression sur les
hommes politiques. Entre 1967 et 1987, le pourcentage de femmes entre 15 et 49
ans prenant la pilule passera de 4 à 30 %.
Les industries pharmaceutiques poursuivront leur recherche,
des pilules associant des dosages d'oestrogènes et progestatifs
différents seront mis sur le marché. On parle de pilule de 2
ème et 3 ème génération. Les prix augmentent (de 15
Frs (supprimer Adépal) à 50 frs). On assistera au
non-remboursement de ces pilules malgré les pressions des associations
d'usagers et de professionnels.
En France, le Dépoprovera introduit dans les
années 1980 a peu de succès. La perturbation du cycle menstruel
est très mal vécue en Europe. Souvent dans les centres de
planification, la demande de cette contraception injectable vient de femmes
africaines (contraception utilisée fréquemment dans leur pays
d'origine.)
Cette méthode était proposée par le corps
médical aux femmes qui avaient de grandes difficultés avec les
autres contraceptifs. Cela a changé depuis l'arrivée de l'implant
contraceptif. Aux Etats Unis, le Norplant, (bâtonnets de silicone
implantés sous la peau) est mis sur le marché en 1993, et
utilisé comme moyen de pression par le pouvoir législatif ; ainsi
les femmes reconnues coupables de violence sur enfant avaient l'obligation de
se faire placer ses implants, entraînant une stérilisation
forcée de ces femmes pour 5 ans.
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En 1988, apparaîtra le RU 486, pilule abortive. Des
recherches ont été effectuées pour utiliser cette
molécule comme contraceptif, mais elles seront abandonnées
très vite, ne donnant pas de résultats intéressants sur
cette indication. Depuis la méthode d'avortement par voie
médicamenteuse se développe, et peut maintenant être
proposée dans les établissements pratiquant des IVG, ou dans des
cabinets médicaux en ville avec des médecins qui ont passé
convention avec un centre de référence d'IVG.
L'OMS crée des programmes de recherche sur de nouvelles
techniques contraceptives ; (pilule mensuelle, auto injection, vaccin ...)
En juin 1999, un contraceptif d'urgence, "la pilule du
lendemain" comme on la nommera à ce moment là est mis en vente
sur le marché français, sans prescription médicale. En
décembre de la même année, ce contraceptif d'urgence (de
rattrapage pourront nous dire) sera disponible dans les infirmeries scolaires
et en janvier 2002, un décret permet la délivrance gratuite, pour
les mineures, de cette contraception dans les pharmacies. Grande avancée
pour les mineures Dans les années 90 apparaît un
préservatif féminin, Fémidon dont la commercialisation
s'arrêtera vite en France, car peu d'utilisatrices de ce produit. Il
réapparaîtra au début des années 2000, mais avec une
diffusion restreinte.
Début 2004, deux nouvelles formes de contraception
hormonales - le patch et l'anneau vaginal - sont commercialisées. Aux
USA la méthode la plus répandue est la stérilisation, 38%
des hommes et des femmes y ont recours. [27]
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