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Rites traditionnels en pays Degah. Regard anthropologique sur le Gbà¶nnචdans le village de Motiamo.

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par KOUASSI MALIRET KOUAKOU
EFAC/INSAAC - Master professionnel 2015
  

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Chapitre 6 :STRATEGIES ENVISAGEABLES POUR LA

VALORISATION DE L'EVENEMENT

I. LA MOBILISATION AUTOUR DE L'EVENEMENT

1. L'initiation des jeunes aux usagesliés à la tradition

Pour favoriser la transmission et la pérennité du Gbônnô, il est indispensable que les jeunes soient conséquemment préparés et aguerris pour assurer la relève du traditionalisme. Mais cette tâche parait d'autant plus difficile que sous l'effet du modernisme, les jeunes ont tendance à tourner le dos à tout ce qui est en rapport avec la tradition. D'abord ceux qui vont à l'école (la majorité d'ailleurs), sont obligés de vivre loin de leurs coutumes, selon une civilisation « plus moderne et universelle ». Et ceux qui sont restés au village aussi doivent faire face aux agressions des mouvements urbains et à l'influence des religions révélées qui les détournent manifestement de la tradition. Dès lors, une perspective d'initiation et de formation s'impose.

Ainsi, les questions de programmation évoquées plus haut liées aux difficultés pour déterminer la période exacte de l'évènement afin d'anticiper sur les préparatifs, nous donnent d'estimer qu'il est impératif de préparer des jeunes qui sachent calculer les dates de sorte que la période de la célébration soit déjà fixée dès l'entame de la nouvelle année traditionnelle. C'est à ce prix qu'une bonne organisation peut être mise en place pour favoriser la vulgarisation et la vitalité de l'évènement à l'instar des grandes plates-formes d'expressions culturelles comme l'Abissa à Grand-Bassam ou le Popo-carnaval à Bonoua. Cela suppose la conception d'un calendrier traditionnel Dègah qui puisse servir de référence à tous. Cette suggestion s'adresse aux sages qui doivent accepter de transmettre leur savoir aux jeunes, mais aussi à la mutuelle du village qui doit s'investir dans le projet et organiser la formation. A cet effet, il doit être envisagé la création d'une académie de formation à l'intention de la jeunesse du village ou d'un groupe de jeunes sélectionnés pour être spécialement initiés et formés.

L'idée d'une académie de formation nous parait si importante et précieuse qu'elle permettra également de familiariser les jeunes avec les danses traditionnelles et la culture immatérielle du village. En effet, il a été constaté que les danses traditionnelles se meurent faute d'un savoir-faire de la jeunesse à la matière, au point ou les veillées traditionnelles sont en train de disparaitre. Ainsi, il est urgent de ressusciter ces danses en favorisant leur transmission aux jeunes. Il est heureux et chanceux d'avoir encore quelques personnes âgées qui savent pratiquer ces danses. C'est pourquoi, dans l'urgence il faut initier des séances de formation à l'endroit des jeunes sur toutes les danses et chants traditionnels qui font partir de l'histoire du village. Cela permettra de conserver l'originalité de la célébration certes, mais surtout d'assurer la sauvegarde du patrimoine immatériel du village. Pour ce faire, nous suggérons que le concept d'Académie de Formation, sur lequel nous insistons, prenne rapidement forme pour favoriser la transmission de la tradition aux jeunes au sein d'ateliers spécialisés, sous l'encadrement des initiés ou encore les dépositaires du savoir et du savoir-faire. Un autre défi lié à la pérennité du Gbônnô est l'initiation des jeunes aux pratiques rituelles qui ont cours pendant la célébration. Pour que l'évènement survive aux menaces auxquelles il fait face, il est important que les jeunes soient préparés. Pour ce faire, ils doivent être constamment proches des sages pendant la cérémonie pour apprendre d'eux. Bien sûr que cela demande un travail de sensibilisation de la jeunesse.

Il convient également de repenser l'espace scénographique des festivités du nouvel an et des animations qui accompagnent l'évènement. Faute d'une salle de cérémonies ou de spectacles aménagée, la fête se déroule sur un espaceplein air avec un sol bondé de sable. Ainsi, tout le long du déroulement des cérémonies officielles et des concerts qui s'en suivent, le public est contraint de baigner dans la poussière et même parfois dans la boue lorsqu'il pleut, avec des conséquences sanitaires incommensurables. Dès lors, il y'a nécessité d'entrevoir la construction d'une salle de spectacle ou un foyer de jeunes bien aménagé et équipé, pour abriter les cérémonies festives. En plus des festivités du Gbônnô, un tel équipement favorisera l'animation socioculturelle dans le village et contribuera ainsi à la sauvegarde des pratiques culturelles en péril. Mais avant la concrétisation de cette recommandation, il est indispensable de réaménager la place actuelle de déroulement des manifestations pour la transformer en une grande terrasse cimentée ou sol en dure commode pour toutes festivités, sans aucun risque sanitaire lié à la poussière et autres.

Afind'assurer la pérennité du peuple Dègah et la protection de la langue contre les menaces sur sa sauvegarde,au regard de sa minorité aussi bien au plan national qu'international, il parait plus qu'indispensable d'agir, en prenant des dispositions urgentes auxquelles toutes les populations doivent adhérer. A cet effet, la première action qu'il convient d'engager, c'est la sensibilisation des populations, surtout celles vivant en dehors du village notamment à Abidjan et dans certaines villes du pays profond. Elles doivent prendre conscience de la nécessité de s'attacher à leurs origines et à leur patois qu'elles doivent aimer, défendre, vulgariser et transmettre à leurs progénitures. Elles doivent patoiser avec leurs enfants et les intégrer dans la communauté afin qu'ils ne soient pas dispersés et assimilés à d'autres peuples. Car leur appartenance ethnique et culturelle détermine leur identité au sein de la société. Ainsi, la nécessaire participation au Gbônnô doit être une recommandation pour toutes les populations, y compris les enfants, afin de leur permettre de se familiariser avec leur culture et leurs origines. La sensibilisation doit être permanente et chaque occasion de rassemblement doit être mise à profit. Aussi, des dispositions vigoureuses doivent être envisagées pour favoriser l'intégration de chaque ressortissant Dègah à cet idéal de communauté vivante et populaire. Pour y arriver, nous suggérons entre autre la promotion du mariage intra-Dègah. Par la sensibilisation et des conditions de dots allégées, les autorités coutumières et les parents doivent encouragerles jeunes aux épousailles internes entre ressortissants Dègah afin de favoriser l'accroissement de la communauté, gage de son dynamisme et sa pérennité. Enfin, nous conseillons la création d'un Centre de Linguistique et d'Animation Culturelle Dègah, pour permettre le recyclage et la formation linguistique des jeunes,la promotion de la culture Dègah par des activités d'animationcomme des journées artistiques, des festivals de contes et danses traditionnels, l'organisation d'activitéstelles que des rencontres culturelles, des festivals traditionnels etc., consacrés à la promotion du peuple Dègah(8(*)).

* (8) voir annexe IV

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius