II. LE DIAGNOSTIC DU CADRE ORGANISATIONNEL
1. Les limites du plan d'organisation
En tant que fête traditionnelle annuelle, le
Gbônnô est une occasion d'animation culturelle qui attire une foule
de festivaliers aux origines diverses. La célébration revêt
d'une si grande dimension qu'elle nécessite une préparation
conséquente et une méthode cohérente d'organisation. Cela
suppose un dispositif coordonné qui départage les
responsabilités en vue d'une efficacité dans l'action et la
réussite de l'évènement. Il est vrai qu'en termes de
savoir-faire, les acteurs de l'organisation se distinguent par leurs
expériences traditionnelles et rudimentaires qui permettent d'assurer le
déroulement de la célébration. Mais ces techniques
organisationnelles s'avèrent très limitées, car elles ne
favorisent pas la modernisation et la professionnalisation de
l'évènement.
En effet, outre le comité local des jeunes dont
l'action se limite seulement à la logistique, notamment la mise en place
des bâches et chaises, l'organisation du Gbônnô ne repose sur
aucune structure formelle et officielle impliquant les différentes
couches sociales du village. Quand bien même la mutuelle intervient
parfois en appui aux jeunes du village pour l'acquisition de matériels,
elle n'est pas directement impliquée dans l'organisation de
l'évènement qui se veut pourtant unique. Il en est de même
pour l'union des élèves et étudiants du village qui n'a
pas une responsabilité explicite dans la célébration,
ainsi que l'association des femmes dont l'implication n'est pas officielle.
Plusieurs aspects techniques inhérents à l'organisation d'un
évènement de si grande envergure échappent du coup au
contrôle de l'association des jeunes qui doit s'en tenir aux moyens de
bord dont elle dispose. Il s'agit par exemple du manque demoyens
médicaux pour la prise en charge de la santé des festivaliers,
l'absence d'un dispositif sécuritaire pour contenir la masse lorsqu'il
y'a des débordements, l'absence de communication autours de
l'évènement pour l'ouvrir au reste du monde etc. Aussi, le manque
d'un plan d'organisation coordonné ne favorise pas le
développement d'activités complémentaires
d'intérêts communautaires, de sorte que l'évènement
se trouve réduit à sa seule dimension rituelle et festive.
2. L'absence de communication autour de
l'évènement
Lors de notre séjour de recherche à Motiamo
pendant l'édition 2014 de l'évènement, il nous a
été donné de constater le caractère original,
authentique et attrayant du Gbônnô qui se veut un festival unique
dans le département. Cependant, loin d'être un rendez-vous
culturel officiel bien connu, l'évènement se réduit
à une simple manifestation traditionnelle réunissant seulement
les ressortissants du village et quelques invités. A l'origine de cet
état des faits, il y'a le manque de communication sur
l'évènement. Cette faiblesse a été relevée
par le président des jeunes du village qui a affirmé qu'il
n'existe aucune stratégie de communication qui accompagne
l'évènement. Il ajoute par ailleurs que même l'idée
de parrainage de la cérémonie est très récente, car
le trop grand secret autour de la célébration ne permet pas de
connaitre la date longtemps avant, pour envisager des démarches dans ce
sens. Ainsi, l'évènement se retrouve cantonné et
limité à une fête de village seulement. Aussi, la
célébration souffre d'un manque de promotion et d'ouverture sur
l'extérieure. Aucune institution ou structure extérieure n'est
associée à l'évènement. Nos contacts à la
mairie de Bondoukou et à la Direction Régionale de la Culture et
de la Francophonie de la ville ne disent pas le contraire.
Interviewée sur la question, Mlle KONIN Gnangoran
Brigitte, chef du service socioculturel de la mairie de Bondoukou que nous
avons eu à rencontrer dans le cadre de nos enquêtes, nous confie
que la mairie n'est pas impliquée dans l'évènement car
elle n'a jamais été saisie à cet effet. A notre
curiosité de savoir si faute d'être saisie, la mairie avait
connaissance de l'existence de l'évènement, le chef du
socioculturel répond par la négation et affirme même que la
mairie n'a à ce jour pas encore réalisé un inventaire des
évènements culturels qui ont lieu dans la commune. Elle ajoute
qu'à défaut d'être acteur d'un quelconque
évènement dans la commune, l'intervention socioculturelle de la
mairie consisteseulement à répondre à des invitations pour
des cérémonies culturelles ou à apporter juste une
assistance matérielle à des cérémonies pour
lesquelles elle est sollicitée.
A l'absence du Directeur Régional de la Culture et de
la Francophonie, une entrevue avec M. KOUAME Apollinaire, Conseiller Adjoint
d'Action Culturelle au sein de ladite Direction, nous donne d'apprendre que la
DRCF de Bondoukou n'a paségalement connaissance de
l'évènement. Il nous explique même que la DRCF de Bondoukou
existe depuis 2008, mais elle n'est pas informée de la
célébration. Il ajoute par ailleurs que la DRCF aurait pu y
participer si elle avait été saisie par les organisateurs, ou
alors elle aurait fait une prospection sur l'évènement si elle en
savait l'existence. M. KOUAME Apollinaire reconnait en outre que la DRCF ne
dispose pas d'un évènement dont elle est le principal
organisateur, car le Festival du Zanzan ou Vacance Culture auxquels elle prend
part sont une activité du ministère. Il conclut que la DRCF est
donc prête à accompagner ou à s'approprier tout
évènement culturel comme le Gbônnô, pour en faire une
activité phare dans la région, à condition qu'il soit
authentique et original.
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