2. L'influence des religions
révélées
Le Gbônnô est un évènement
d'intérêt collectif pour l'ensemble de la communauté
villageoise. Il se veut une valeur patrimoniale pour le village, un instrument
représentatif de l'identité culturelle et traditionnelle des
populations et un symbole de l'appartenance de chaque individu à la
communauté. Les rites qui accompagnent la célébration sont
faits dans l'intérêt de toutes les populations sans aucune
distinction. Pourtant, dans son aspect funéraire, la
célébration est réduite seulement aux défunts ne
pratiquant ni le christianisme, ni l'islam. Car conformément aux
principes de ces religions, une fois le défunt enseveli avec tous les
rites d'accompagnement, il n'est plus question de cérémonies
traditionnelles ou rites funéraires quelconques. Or la
réalité actuelle est que, outre quelques individus non encore
croyants, presque chaque personne dans le village a une appartenance entre le
christianisme et l'islam. Ainsi, de plus en plus le nombre de
décès à célébrer lors des rites
funéraires annuels s'amenuise, ce qui constitue une sérieuse
menace sur la pérennité de la célébration. La
conséquence imminentede cette réalité est que le
Gbônnô pourrait à la longue se réduire seulement
à la cérémonie de la fête du nouvel an, sans son
aspect traditionnel et originel qui est les rites funéraires.
Interrogé sur la question de savoir pourquoi les
chrétiens s'excluent des rites funéraires annuels lors du
Gbônnô, le catéchiste du village, M. DAPHA Jonas, nous
explique que c'est dans le respect des principes bibliques et des
recommandations de l'évêque. Mais pour lui, le fait de ne pas
prendre en compte les défunts chrétiens ou musulmans ne signifie
pas que les croyants ne participent pas à la cérémonie,
car tous y sont impliqués dès l'instant où un
défunt parent ou proche est concerné par les rites, surtout que
des rituels comme le Hilatchôguî s'imposent à tous,
même les chrétiens et les musulmans. Pour le président des
jeunes du village M. KOUAKOU Simon, le Gbônnô ne disparaitra pas,
car il y'aura toujours un moyen sage de contourner les menaces auxquelles il
fait face en vue d'assurer sa pérennité. En outre, le commissaire
à la retraite DIAKA Koffi Kouman Eugène, fils du village et
parrain de l'édition 2014, nous confie que l'évêque avec
qui il a eu une entrevue, au sujet du Gbônnô, a avoué qu'il
aurait autorisé les chrétiens du village à y être
associés si au préalable il avait eu plus d'informations sur
l'évènement, car maintenant instruit, il considèrela
célébration comme une pratique purement culturelle et une
croyance non contraire aux principes bibliques.
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