Chapitre 2 : PRESENTATION DU VILLAGE DE
MOTIAMO
I. HISTORIQUE ET LOCALISATION
1. Histoire et organisation du village
La fondation du village de Motiamo remonte aux lendemains du
deuxième mouvement migratoire des Dègah à partir du Ghana.
Après le conflit avec leurs voisins Goussi depuis la Haute Volta qui les
a poussé à s'installer au Ghana, certains d'entre eux vont
à nouveau émigrer vers le nord, notamment en direction de la
Côte d'Ivoire suite à la guerre de 1722-1728 entre les Ashanti et
les Bono. C'est alors qu'à l'instar des deux autres groupes
installés à Boromba et Zagala, Dah Gbamélé,
ancêtre des Dègah de Motiamo, va conduire ses hommes à
Bondigué (en terre ivoirienne), avant de s'établir dans leur
cité actuelle à la demande de Koffi N'Guettia.
En effet, dans ses activités de chasse à
Bondigué, Dah Gbamélé va faire la connaissance du chasseur
Nafana Koffi N'Guettia avec qui il devient ami. Celui-ci invite Dah
Gbamélé à partir résider avec lui dans son village
d'origine Wélékéi. Dah Gbamélé lui donne
alors rendez-vous des années plus tard, le temps pour lui de se
décider. A son retour pour le rendez-vous, Koffi N'Guettia vient trouver
que les Dègah ont perdu leur chef. Alors, Dah Gbamélé lui
donne encore rendez-vous dans trois ans, le temps de finir les obsèques
du chef disparu. Au bout des trois ans, les deux amis se rendent ensemble
à Wélékéi où Koffi N'Guettia présente
Gbamélé au chef des Nafana. Ayant trouvé le cadre
convenable, Dah Gbamélé retourne chercher ses hommes à
Bondigué pour s'établir à Wélékéi.
Mais contre l'avis des Nafana de résider sur le même territoire
avec les Dègah, Dah Gbamélé demande à être
localisé sur un autre site avec ses hommes pour éviter d'autres
conflits de cohabitation. C'est ainsi qu'il leur sera permis de choisir leur
site d'occupation actuelle, propice à l'agriculture et à leur
activité de chasse, mais aussi bouclier sécuritaire pour le
trône du royaume du Pinango.
A l'origine, le nom du campement était
Pèmiabra qui signifie en Brong « que celui qui m'aime
vienne à moi ». Mais ce nom sera influencé par le
dénominatif Mofouô par lequel les Brong et les Ashanti
appelaient les Dègah. On reconnaissait donc Dah Gbamélé et
ses hommes par l'expression Mofouô qui va devenir par
déformation Motiamo, du nom actuel du village.
Le village de Motiamo est composé de seize (16)
familles reparties dans six (6) grands quartiers que sont Yarafô
gôavec six (6) familles, Kôrafôgô avec
deux (2) familles, Wêlafôgô avec une (1) famille,
Sirafôgô avec deux (2) familles,
Wêlarafôgô avec une (1) famille et
Sôgafôgô avec quatre (4) familles. Dans la structure
hiérarchique, il y'a le chef du village, les doyens de quartiers etles
chefs de familles. A cette structure, s'ajoutent la mutuelle du village, les
associations des jeunes et des femmes et l'union des Elèves et
Etudiants. Le chef de village est choisi dans la lignée du chef pour un
mandat à vie. Le système de succession au trône est
héréditaire et tournant entre les trois (3) familles
Kpamélé, Guindé et Kouassi Dougoutigui de la grande
famille Yaradia (quartier Yarafôgô) dont l'ancêtre
direct est Dah Gbamélé, fondateur du village. Dans l'exercice de
ses fonctions, le chef s'appuie sur une notabilité de seize (16) doyens
représentants les seize (16) familles du village. A ce jour, le village
a connu onze (11) chefs, y compris l'actuel en la personne de Dah Kohoro SIE
KOBENA qui exerce le trône depuis le 03 avril 2009 en replacement de Dah
KOBENAN KRA (le 10ème chef) décédé le 10
février 2006. Notons que chez les Dègah de Motiamo, les
funérailles du chef sont organisées trois ans après son
décès. C'est ensuite qu'un nouveau chef est choisi. Pendant ce
temps, le trône est conservé par le quartier
Kôrafôgô qui en assure l'intérim jusqu'à
l'organisation des funérailles et la désignation d'un nouveau
chef.
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