II. ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET ORGANISATION
SOCIO-POLITIQUE
1. Principales activités économiques
Les Dègah sont pour la plupart des agriculteurs, des
chasseurs et des pêcheurs, et ils dépendent donc de la nature pour
leur subsistance. En Côte d'Ivoire comme au Ghana, les Dègah
occupent une zone où il y a une transition de la forêt à la
savane. Les populations sont donc essentiellement des agriculteurs. En plus de
la culture de l'anacarde récemment introduite et devenue aujourd'hui
leur principale production agricole de rente, ils pratiquent en
général une agriculture de subsistance centrée surtout sur
l'igname qu'ils continuent de commercialiser abondamment, le manioc, le
maïs, l'arachide etc. Il y a aussi la chasse, la pêche en
rivière, l'élevage et quelques métiers traditionnels tels
que la poterie et le tissage. Notons que traditionnellement les Dègah
pratiquent l'élevage de poulets, chèvres, moutons, porcs, juste
pour leurs différentes pratiques rituelles ou pour leur propre
consommation. Les femmes ramassent les noix de karité annuellement et
font du beurre de karité. Par ailleurs, la sècheresse permanente,
l'infertilité des sols dûs aux conditions climatiques et
l'insuffisance même de terres cultivables sur leur territoire, poussent
les Dègah, notamment ceux de Côte d'Ivoire, à s'orienter
vers d'autres horizons. Ils migrent à la recherche de travail et
l'éducation. Ils vont généralement à Abidjan pour
trouver du travail ou dans les régions forestières du pays
propices à l'agriculture. Cependant, certains vont et reviennent chaque
année travailler sur leurs propres exploitations agricoles (pour ceux
qui en disposent) lorsque les pluies commencent.
2. Organisation socio-politique
Les Dègah ont migré avec leurs
différentes structures politiques et sociales qui ont
évolué au fil des ans. Aujourd'hui, ils sont parmi les rares
groupes ethniques en Afrique qui pratiquent à la fois le système
patrilinéaire et matrilinéaire de l'héritage. En effet, le
mode de succession des biens est relatif selon le groupe. Cette succession est
matrilinéaire au Ghana, par emprunt au système Ashanti.
Cependant, chez les Dègah installés en Côte d'Ivoire, la
transmission des biens se fait de père en fils. Cela s'explique
certainement par leur brassage avec leurs voisins, notamment les Koulango et
les Nafana, de qui ils ont copiés certaines habitudes. Par ailleurs,
contrairement à ceux du Ghana qui continuent de pratiquer une chefferie
de type Akan, la fonction de chef de village chez les Dègah de
Côte d'Ivoire est réservée généralement
à un seul clan considéré comme la famille fondatrice du
village. Les Dègah ont migré aussi avec les « Dia
Némouan » (chef de famille). Ainsi, on retrouve dans la
structure politique et sociale, le chef du village et les chefs de familles.
Aussi, contrairement au système Akan, dans le système
Dègah, les femmes n'ont pas de pouvoir coutumier de décision et
n'ont donc aucune part à prendre dans les décisions
d'installation ou de destitution du chef. Elles travaillent seulement comme des
femmes leaders et mobilisent leurs soeurs pour des activités
communautaires. A cet organigramme traditionnel, il faut ajouter les structures
associatives modernes telles que les mutuelles, les associations de jeunes, les
associations de femmes, les associations d'élèves et
étudiants etc., qu'on retrouve dans chaque village. Notons que chez les
Dègah de Côte d'Ivoire, il n'y a pas de chef suprême qu'on
peut considérer comme roi de tout le peuple. Par contre, les
défis de développement et de solidarité ont conduit les
cadres des trois villages à la mise en place d'une union de tous les
Dègah de Côte d'Ivoire dénommée UNIDEGAH.
|