2. Pratiques culturelles et traits distinctifs des
Dègah
Les Dègah restent très attachés à
leurs traditions. Ils aiment les festivals, le culte des idoles, les
cérémonies rituelles, les danses sacrées etc. Ils sont un
peuple très heureux de leur identité culturelle. Ils ont en effet
des pratiques culturelles permanentes qui indiquent leur caractère
distinctif et aussi démontrent leurs croyances religieuses. Au nombre
des diverses coutumes et célébrations traditionnelles qu'ils
pratiquent, on a le Pidii ou fête de moisson
d'ignames en reconnaissance à « Korowii »
(Dieu) et aux « vôuga » (divinités
terrestres), le Harè Kwaala ou sanctification de la
terre qui consiste à réparer les torts commis sur la terre,
les rites de veuvage ou
loubaalô pour les hommes et
louhannôn pour les femmes, les
Loudjenan ou encore louuri qui sont des rites
funéraires organisés chaque année pour tous les morts du
village, le Hamfaalô qui désigne la
célébration du mariage traditionnel etc. Chez les Dègah,
le mariage est une institution sacrée dont la célébration
respecte un certain nombre d'étapes. Traditionnellement, le processus
pour contracter le mariage implique les parents qui cherchent des
épouses pour leurs fils. Mais lorsque les jeunes sont assez majeurs pour
vivre en couple, les parents du garçon vont annoncer leur intention en
envoyant le montant de la somme prévue à cet effet pour demander
officiellement la main de la fille. A ce niveau, les parents de la jeune fille
demandent son consentement avant de recueillir les présents. En d'autres
circonstances, il peut arriver que deux familles s'accordent pour marier leurs
enfants. Les deux familles bouclent alors toutes les démarches du
mariage et passent à la célébration traditionnelle et
festive, parfois à la surprise de la jeune fille. On parle dans ce cas
de hankenh. Une fois ces démarches du mariage
coutumier sont effectuées et selon la tradition, la jeune fille devient
l'épouse du jeune homme. Cependant, avant de s'établir dans son
foyer conjugal, plusieurs étapes sont à observer, notamment, le
KwaanKpoe (prise de nourriture ou de vivres dans le
champ du mari), le hamfaalôudi (période
où la jeune fille passe trois semaines dans la maison du jeune mari)
suivie du retour de la mariée à la maison de ses
parents, et enfin à l'étape du
Dî-koûl-la ou la jeune fille part
s'établir définitivement à son domicile conjugal. Mais de
nos jours, toutes ces procédures conjugales sont en train de changer au
fil du temps. Désormais, il est de plus en plus question de mariage
d'amour (par consentement des deux époux) qui s'officialise par le
Kôkôdu jeune homme et sa famille, puis la dot selon une contenance
redéfinie par l'ensemble des acteurs de la vie sociale (cadres et
autorités traditionnelles).La famille Dègah est composée
des enfants et du père. Les femmes peuvent se marier en dehors du clan,
mais on s'attend à leur retour à la maison de leur père
après la mort de leurs maris.
Les Dègah sont très religieux. Leurs
ancêtres ont émigré avec la divinité de la terre,
Tîhon, et ils ont ajouté d'autres divinités qu'ils
ont rencontrées, comme Gnangan, Gbogboti, etc. Selon eux, ces
divinités donnent des enfants à toutes les femmes qui en
demandent et, par conséquent, les enfants doivent porter leurs noms.
C'est ainsi qu'on a des Dègah avec des noms comme Kouakou Gbogboti...
Les religions révélées font également parti des
croyances des populations. Cependant, avant même que le Christianisme et
l'Islam ne fassent leur entrée chez les Dègah, ils
reconnaissaient l'existence de Dieu, l'être surnaturel, qui est
appelé Yadôloû Korowiri. Cependant pour
eux, Korowiri, le chef de tous les esprits est trop loin de l'humanité
et ne peut être atteint qu'à travers les ancêtres,
divinités et autres esprits, notamment les
Vôuga (les divinités locales), qui sont
considérés comme les représentants de Dieu. C'est pourquoi
ils restent attachés à leurs fétiches qu'ils adorent
constamment.
Sur le plan architectural, même si les constructions
sont de plus en plus de types modernes, la plupart des villages Dègah
étaient construits de maisons en terre avec des toits en paille. Les
styles architecturaux sont de variétés différentes:
généralement des maisons aux toits plats faites de boue et des
maisons rondes et rectangulaires aux toits de chaume. Les cases traditionnelles
aux toits en paille sont très populaires chez les Dègah. On les
retrouve au village sous l'appellation de
djènguin ou hiliman,
et aux champs sous le nom de lôguî pour
désigner une sorte d'appâtâme de repos et de restauration ou
se prépare le kookaalâ (le foutou du
champ). Les Dègah ont en effet pour habitude de manger du foutou quand
ils vont au champ. Au bout d'un bon moment de travail, ils profitent de leur
temps de repos pour s'adonner à une petite partie de chasse aux rats,
souris, agoutis et autres, qui leurs servent de viandes pour la confection d'un
plat de foutou igname appelé kookaalâ
qu'ils partagent entre hommes avant de rentrer au village le
soir.
En raison de leur longue alliance avec les Ashanti et les
Brong, les Dègah ont été influencés par un certain
nombre de coutumes comme l'adoption de noms Akan, car les noms Kouassi ou
Kossa, Kouadio ou Adjoua, Kobenan ou Abenan, Kouakou ou Akoua, Yao ou Yawa,
Koffi ou Affoua et Kouame ou Aman qu'ils portent sont des emprunts de leurs
rapports avec les Akan. Il existe cependant des noms de la linguistique
Dègah qui sont portés selon le rang de naissance de l'individu
dans sa famille de père et mère, jusqu'au sixième
né chez les hommes et la septième chez les femmes. Ainsi, chez
les hommes, le premier né s'appelle Sié, San pour le
deuxième, Wolo pour le troisième, Penh pour le
quatrième, Gnamanp our le cinquième et Tonh
pour le sixième. Chez les femmes, on a Yéli pour la
première, Yah pour la deuxième, Gninin pour la
troisième, Pènin pour la quatrième,
Sélé pour la cinquième, Gnaman pour la
sixième et Tonh pour la septième. Au-delà de ces
limites, les nouveaux nés qui suivent peuvent porter n'importe lequel de
ces noms pris au hasard ou à la convenance des parents. Aussi, les
Dègah portent souvent des noms inspirés de leur patois,
expliquant une situation de vie ou traduisant une pensée. On a par
exemple des noms comme Onmindôman (craint ton ennemi),
Donganrèdigin (plus jamais pareille), Ndomgbounin (me
battre pour réussir dans la vie, contre la volonté de mes ennemis
de me voir périr), Maliret (surprise agréable, situation
heureuse à laquelle on s'entendait le moins et dont Dieu nous fait
grâce), etc. Traditionnellement, les chefs Dègah et les sages
avaient l'habitude de porter de grandes blouses et montaient à cheval.
Mais aujourd'hui, ils ont adopté de nouvelles habitudes vestimentaires
telles que le port de pagnes et d'ornements d'or par les chefs, le port des
chefs etc. Le calendrier traditionnel Dègah reconnait seulement six
jours que sont : Tchîla, Sémé, Kanan,
Mouléha, Saaga, et Saagatchô. L'année lunaire
s'étend sur une période de douze mois appelés
tchan.
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