I.2.5. La réappropriation de l'espace public
Le Roller Street s'avère donc être à la
fois un sport, qualifié de sport " à risque " ou de sport "
extrême ", tant pour le pratiquant que pour l'usager de l'espace urbain.
Par ailleurs, la ville fait partie intégrante de l'idéologie de
cette pratique. Cette idéologie s'appuie sur le détournement et
l'appropriation de tout type d'espaces, réglementés comme non
réglementés. Ainsi, le caractère mobile des Riders Street
les amènent à délocaliser fréquemment leurs
pratiques, d'où cette recherche continue de Spots. De ce fait, les
Riders donnent une nouvelle qualification à l'espace de la ville en la
détournant de son usage originel.
Selon le sociologue Alain Loret, dans son ouvrage
Génération glisse de 2001, l'origine de ce
développement et de ce changement de perspectives provient de la
multiplication des territoires sportifs « hors-piste, hors limite et
hors norme », centrés sur les lieux de vie et les liens
sociaux.
I.2.6. Une pratique nomade autogérée
Eric Adamkiewicz, ancien enseignant-chercheur du Laboratoire
Sport - Intégration - Culture de la Faculté des Sciences du Sport
de Lille II, définissait en 1998 le Roller Street comme « une
pratique sportive libre ou auto-organisées »4. Nous
notons, au regard de tous ces éléments, que les Riders
évoluent de manière autonome, sans rapport à une pratique
établie, car celle-ci évolue constamment et selon leurs propres
règles.
4Adamkiewicz Eric, Les performances sportives de rue,
1998.
Le Roller Street n'est donc pas seulement un sport, c'est
aussi un mode de vie, doté d'une idéologie de
réappropriation de l'espace urbain. Les Riders se réclament d'une
« culture Roller Street », qui possède ses propres
codes vestimentaires, une culture musicale et multimédia
spécifique et un langage opératoire propre à ses
pratiquants truffé d'anglicismes. De ce fait, le Roller Street
s'apparente à une pratique de la contre-culture urbaine, tel que le
graffiti, le rap ou encore le hip-hop.
Plus généralement, on peut analyser la pratique
du Roller et son développement culturel et sportif au regard des autres
pratiques sportives. En effet, on constate que cela correspond à
l'évolution de la perception de l'activité sportive, celle-ci
étant déplacée d'un objectif de compétition vers
des fonctions de convivialité, ce qui en d'autres termes, en fait un
"sport de loisir".
Repenser les usages de la ville et les aménagements
urbains est aujourd'hui une manière pour les villes d'encadrer les
pratiques autogérées telle que le Roller Street. Dans l'objectif
de contrer l'interprétation des règles informelles, les projets
de conception urbaine s'organisent afin de répondre aux mieux aux enjeux
sociétaux de cohabitation des différents usagers.
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