I.2.2. L'environnement urbain, une vaste aire de jeux
J'ai pu constater que le Roller Street se pratique
principalement dans les espaces publics des centres villes urbains: places,
rues, monuments, rails, escaliers et bancs. La pratique est donc
répartie massivement dans les villes dans la mesure où elles
disposent de mobiliers urbains et de Skate Park appelé aussi zones
multi-glisse. Les usagers cherchent à utiliser les espaces pour assouvir
leurs aspirations ludiques et leurs besoins d'activités. De ce fait,
nous pouvons qualifier le Roller Street de pratique principalement urbaine.
Selon Yves PEDRAZZINI, dans la famille des sports urbains tels que le
Skate-Board ou le BMX, le roller est celui qui est le plus emblématique
de ce que peut être le rapport entre sport et ville, parce que c'est
l'espace urbain, et notamment la rue qui détermine la pratique.
Le Roller est ainsi l'un des premiers sports de glisse
à s'approprier l'espace urbain, appelé dans le langage
opératoire "Spot". Le roller, à la base moyen de locomotion, ne
s'avère donc pas être seulement un outil pour découvrir
purement la ville. En général, les Riders Street se servent de
cet outil pour « chercher de nouveaux "Spots" » afin de
« s'exercer » à leur pratique. Par sa manière
d'être pratiquée et sa volonté d'appropriation de l'espace
urbain, le Roller Street pousse les Riders à conquérir de
nouveaux espaces afin de « créer de nouvelles figures »
en fonction du lieu choisi et de sa complexité.
I.2.3. Le Roller Street, un "sport extrême"
Le Roller Street est né aux Etats-Unis en 1960,
à Chicago, berceau du Roller en ligne. Depuis sa démocratisation
dans les années 80-90, la France compte plus de cinq millions de «
Riders », pratiquants de Roller Street, dont la moyenne d'âge se
situe entre 14 et 25 ans, selon cette même enquête universitaire de
1997.
La pratique du Roller Street constitue donc, par le nombre de
ses pratiquants, un phénomène de société. Les
premières études à s'intéresser aux sports
extrêmes, c'est à dire, à la "prise de risques" comme
phénomène sociétal, sont celles de Lyng en 1990, Stranger
en 1999 et Willig en 2008. Ces études ont permis d'apporter un premier
niveau de compréhension des motivations et besoins des pratiquants de
cette activité régulière à hauts risques.
Selon la littérature scientifique, les activités
dites à risques, tel que le Roller Street, ont un véritable
rôle dans la création d'une identité individuelle et
collective. Dans les entretiens que nous avons effectué, les
pratiquants, appelés "Rider", évoquent les bienfaits de la
pratique à hauts risques : des sensations de « courage »
et de « plaisir », la « découverte de
ses limites », « de maitrise de soi » ainsi que le
sentiment d' « appartenance » à « un groupe
» et de « reconnaissance » par des personnes
extérieures, pratiquants comme non pratiquants.
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Ainsi, ces bienfaits répondent à des besoins
spécifiques des pratiquants, qui précisent savoir «
appartenir à une minorité quelque peu exclusive par leur
goût du risque », comme le souligne Willig ( 2008).
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