CHAPITRE 1 :
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
Introduction
Cette étude porte sur l'analyse des risques
d'inondation et de remontées de capillarité à travers
l'approche : aléa - susceptibilité -
vulnérabilité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal.
Elle cherche à comprendre les mécanismes en oeuvre dans
l'occurrence des phénomènes ci-dessus et évaluer le danger
réel qu'ils représentent pour les populations de la zone
d'étude. Afin d'y parvenir, nous avons défini le cadre
théorique de l'étude dont les lignes maîtresses sont :
le contexte de l'étude, la problématique et le questionnement qui
en découle, la présentation des théories et des concepts
à étudier.
1.1. - CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
1.1.1 - Contexte de l'étude
1.1.1.1 - Contexte général
Les inondations font partie des catastrophes naturelles qui
affectent le plus les sociétés humaines. De 1971 à 1991
seulement, elles ont causé la mort de trois millions de personnes et
bouleversé la vie de 800 millions d'autres (UNESCO, 1991 in
Simard M., 1999) ; selon le Dartmouth Flood Observatory (2004), au
cours de l'année 2004 on a recensé près de 200 inondations
de grande ampleur dans le monde, responsables de la mort de plus de 200,000
personnes et du déplacement de près de 51 millions d'individus.
Les dégâts selon ce même observatoire, sont estimés
à 7500 milliards de dollars américains. Ces chiffres sont
d'autant plus préoccupants que les prédictions des experts du
G.I.E.C font état d'un accroissement de la fréquence du nombre
des inondations dans les zones déprimées du globe probablement
dû aux effets induits du réchauffement climatique.
Contrairement aux inondations, le phénomène de
remontée de capillarité, encore appelé remontée de
nappe, ne menace pas directement la vie des individus. Il se produit uniquement
dans les points marécageux où la nappe phréatique est
affleurant. Son impact économique et social est assez limité.
Cependant ses conséquences sanitaires sont indéniables.
En Afrique ces deux phénomènes sont bien
connus, surtout en milieu urbain. Toutefois seules les inondations sont
considérées comme une véritable préoccupation,
étant donné que les villes de ce continent, déjà
meurtries par la pauvreté, subissent régulièrement les
dégâts liés à ce phénomène. Ces villes
sont particulièrement touchées à cause de leurs fortes
densités humaines et d'un aménagement qui échappe au
respect des normes urbanistiques. Il règne donc au sein des villes
d'Afrique noire une anarchie qui débouche sur l'occupation des bas
fonds, des plaines inondables sans aucun encadrement sécuritaire. Au
Gabon par exemple certains quartiers de la ville de Libreville, pour des
raisons sus mentionnées, sont depuis deux décennies
confrontés à une accentuation des problèmes d'inondation
(Mouganga M.D., 2005).
Au Cameroun, bien qu'il existe très peu de
données archivées sur les inondations, on sait à partir
des relais médiatiques et des travaux de recherche, qu'elles posent
d'énormes difficultés aux Collectivités Territoriales
Décentralisées (CTD). Les villes de Limbé, Kribi, Maroua,
sont fréquemment touchées (Direction de la Protection Civile
2003). Par ailleurs, les inondations survenues au mois de septembre de cette
année, au nord, à l'extrême - nord, à l'est, et au
nord - ouest du pays, entraînant la mort de près de 20 personnes
et le déplacement de 40 000 autres, n'ont fait que révéler
la vulnérabilité du territoire national à ce
phénomène.
La ville de Douala, connaît également des
inondations fréquentes. En effet on ne compte plus les cas d'inondation
graves qui surviennent chaque année. La crue de référence
reste celle du 03 Août 2000, qui a entraîné deux pertes en
vies humaines (Mutation 04 août 2000) et de nombreux dégâts
matériels. La plupart des victimes se trouvaient dans les quartiers
défavorisés et appartenaient à la couche de population
démunie.
Les autorités urbaines mettent en oeuvre des
projets d'assainissements pour contourner cette contrainte. Or, les limites
des opérations d'assainissements comme réponse aux inondations
sont tangibles, particulièrement dans notre zone d'étude. Car il
est à noter qu'au cours des années 1970 l'acuité des
problèmes liés aux inondations dans cette partie de la ville a
conduit les autorités à engager une vaste opération de
restructuration pilotée par l'ARAN (Ndjanteng M.C., 2005). Cette
restructuration a permis de reconfigurer les lots, de tracer des routes,
d'ouvrir des canalisations, de drainer le quartier. Mais à l'heure
actuelle la zone connaît régulièrement des inondations et
des remontées de capillarité, ce qui contraint la
communauté urbaine de Douala (CUD) à cureter les drains, sans
pour autant résoudre le problème.
Dans la perspective de l'autonomisation des CTD, avec la
constitution du 18 janvier 1996 et les lois portant orientation de la
décentralisation du 22 juillet 2004, les communes se verront
transférer de plus en plus de compétences. Il est donc urgent que
les CTD, principaux intervenants de la gestion du risque d'inondation sortent
du cadre réduit de l'assainissement dans lequel ils mènent leurs
actions depuis quelques décennies pour rentrer résolument dans
celui de la gestion durable et intégrée des bassins versants
(Fogwe Z. et Tchotsoua M., 2005).
De leur côté, les riverains ayant
été à l'avant-garde de la viabilisation de ces quartiers
estiment que le pire est derrière eux et évoluent par
conséquent dans ce milieu avec une quiétude étonnante.
L'accoutumance aux rigueurs du milieu naturel et la sous estimation du risque
perçu peuvent expliquer un tel état d'esprit qui, en
réalité, est loin d'être rassurant pour tout
spécialiste des questions du risque. La situation est encore plus
criarde quand on sait qu'une grande partie des populations de la zone
étudiée vit en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de
1,25 dollar par jour).
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