4.1.3.2 Le besoin du chez - soi et la présence
d'un proche
Toute la littérature sur l'occupation des quartiers
populeux où plane le risque, révèle une soif
irrépressible chez les habitants d'avoir un « chez -
soi » (Mainet G. 1985). Cette aspiration fondamentale répond
à une construction sociale du groupe tribal prédominant dans la
zone d'étude.
Le droit au logement est inhérent à tous les
individus, c'est sans doute pour disposer pleinement de ce principe naturel que
les individus recherchent des habitations individuelles et personnelles. Or,
dans une ville comme Douala, tout le monde ne peut pas se construire une maison
qui plus est respecte les normes d'urbanisme. Dans cette perspective les
populations les moins nantis vont entreprendre des démarches peu
courantes pour obtenir un lopin de terre et se bâtir coûte que
coûte une maison. Ces populations au revenu modeste ne vont pas
hésiter à s'établir dans des zones inondables. Dans notre
zone d'étude l'enquête de terrain révèle que 23,42%
de chefs de ménage se retrouvent sur le site parce qu'ils avaient
là l'opportunité de posséder un chez soi.
Posséder un « chez - soi » a une
forte valeur symbolique chez le bamiléké. Car le regard et la
considération familiale et sociale que l'on porte sur un homme sont
d'autant plus positifs, qu'il est propriétaire de son propre domicile. A
vrai dire être « chez soi » est un signe de
réussite sociale. Cette perception du domicile est
sédimentée par l'idée latente selon laquelle le jeune
homme qui réside encore chez ses parents est un éternel
assisté qui vit au crochet de sa famille. Il y a donc dans ce groupe une
pression morale liée à la culture qui amène les jeunes
chefs de ménage en quête de prestige et d'estime à devenir
propriétaire d'une habitation. Quitte à la bâtir dans un
quartier inondable.
Les enquêtes révèlent que 2 ,8% des
habitants interrogés se sont installés dans la zone
d'étude en recherchant la proximité d'un proche. On peut donc
s'imaginer qu'à ce moment, les chefs de ménage choisissaient de
s'installer dans le quartier pour se rapprocher ou habiter chez un frère
du village. Cette filière de migration se fonde sur les liens de
solidarité et permet une reconstitution identitaire post tribale, bien
avantageuse dans un contexte urbain de pauvreté et de maitrise
laborieuse du milieu naturel.
A présent, très peu de chefs de ménage
arrivent dans les quartiers étudiés par ce type de migration. Car
le milieu naturel a beaucoup évolué et les prix immobiliers ont
flambé. Ceci dit la zone accueille maintenant très peu de courant
migratoire en provenance du monde rural. On note cependant une migration intra
- urbaine et ceux qui s'y installent recherchent plutôt la
proximité au centre ville (Bonanjo, Akwa) ; aux
marchés : Central, Madagascar où ils exercent des
activités génératrices de revenus.
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