II.2.1.4. Les prix payés comme facteur d'incitation
En général, il est admis que les prix exercent
une forte influence sur la production agricole. La majorité des
agriculteurs souhaitent maximiser leur revenu après que leurs besoins de
subsistance aient été satisfaits. En cas de changement de prix,
les cultivateurs ont une réaction de tout homme rationnel maximisant ses
profits et travaillant dans un monde rongé d'incertitudes. En effet, si
par exemple le prix d'1kg de haricot (prix au producteur) augmente
considérablement par rapport au prix d'1kg du tabac, les producteurs
n'hésitent pas à favoriser la culture des haricots ; toute
chose restant égale par ailleurs (Kanyange, 2003). Par
conséquent, la tendance aura été que toute la superficie
cultivable sera cédée à la culture du haricot qui
rapportera plus de revenus au producteur en comparaison du revenu que
générera la production du tabac.
Au KENYA, du fait de la chute des prix liée à la
surproduction, la production passa de 20 777 tonnes en 1936 à
7 325 en 1949. Les surfaces plantées diminuèrent, surtout
dans les régions où la culture du caféier étant
pratiquée de façon secondaire dans un système de
polyculture. A l'ouest du rift valley, la surface plantée passa de
16 240 à 9 100 hectares en 1960, soit une réduction du
verger de l'ordre de 44% (Michelle et al., 2003). Ce constant
qui s'est passé au Kenya, montre bien que les agriculteurs sont bien
sensibles aux variations des prix.
II.2.1.5. Le rôle des prix dans l'économie
Le prix joue dans l'économie des fonctions
contradictoires. C'est une source de revenu pour les uns et un coût pour
d'autres. Les prix influencent la consommation alimentaire ainsi que la
production agricole. Les prix sont l'inventaire permanent et public. Ils
conditionnent le choix et les préférences de tous les hommes et
concourent par conséquent à orienter leur activité
économique dans la consommation comme la production.
Certains économistes à l'instar de Boussard
(1983), soutiennent la théorie selon laquelle, la production agricole ne
serait influencée par les prix et c'est plutôt l'habitude, la
routine qui guide la production. Plus souvent les changements de prix de
marché n'interviennent qu'alors que l'appareil de production a
été mis sur place. Ce qui fait que le producteur ne peut
réagir sur la production. Ceux qui soutiennent cette théorie
lancent l'argument selon lequel, il y a absence d'anticipation chez les
producteurs en ce qui concerne le niveau futur du prix. Selon eux,
l'élasticité de l'offre est nulle (Brown, 2000).
La fixation des prix nécessite l'intervention des
pouvoirs publics qui garantissent un certain niveau de revenu aux agriculteurs
grâce à des mécanismes divers. Dans les pays
développés, l'Etat intervient lorsque le prix tend à
dépasser ou à aller en dessous d'un niveau de prix fixé
à l'avance. L'intervention de l'Etat peut se faire de différentes
manières : lorsque le prix descend jusqu'à un niveau
minimum, l'Etat intervient pour relever le prix par retrait des
quantités aux marchés qui sont exportées, soit
détruites ou dénaturées ou tout simplement
stockées. Le contraire se réalise, quand les prix tendent
à augmenter plus rapidement, suite à une pénurie des
produits agricoles sur le marché.
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