II.2.1.2. La politique des prix agricoles au Burundi
La politique des prix agricoles échappe en grande
partie à ceux qui sont censés la mener. Le système de prix
joue un rôle fondamental aussi bien dans l'économie en
général que dans l'agriculture en particulier. La politique des
prix agricoles est souvent la plus importante mesure à court terme qu'un
gouvernement puisse prendre pour influencer la structure de la production et
par conséquent celle de la distribution des revenus (Sinamenye, 1988).
Mais aussi, il s'agit d'un instrument extrêmement
difficile à manier judicieusement en raison de nombreuses ramifications
de ses effets et du grand nombre d'incertitudes qui peuvent compromettre sa
réussite.
II.2.1.3. La politique des prix des cultures
d'exportation
Pour l'agriculteur burundais, les cultures d'exportation n'ont
pas pratiquement la valeur d'usage. Elles sont exclusivement produites pour le
marché. Les cours de ces produits sont déterminés sur les
marchés mondiaux et le paysan n'a aucune emprise sur ce prix. Toutes
fois, de toutes les cultures d'exportation produits ici au Burundi, le
café fait l'objet d'une politique de prix assez suivie compte tenu de
l'influence des ressources du café sur les recettes publiques, la
balance des paiements, les revenus monétaires du monde rural, etc.
Ainsi, au début de chaque campagne café, le
gouvernement arrête l'échelle mobile des prix qui indique la
répartition des recettes du café entre les différents
intervenants dans la filière. Le prix au planteur est donc obtenu
à partir du prix FOB de DAR ES SALAAM après la déduction
des frais de transport, d'assurance et fret, d'usinage et de conditionnement
ainsi que les droits de douane.
Dès lors que le prix FOB DAR-ES-SALAAM est une
donnée sur laquelle l'Etat n'a aucune emprise, le prix au producteur
apparait comme un prix résiduel que l'Etat s'efforce de maintenir plus
ou moins constants.
Mais compte tenu de l'inflation et de la
détérioration des termes de l'échange, le pouvoir d'achat
du producteur continu à se dégrader de temps en temps. Une
politique incitative des prix des produits agricoles d'exportation peut
entrainer une hausse de la production. Comme le montre Sinamenye (1988), la
valorisation du coton à partir de 1976-1977 a entraîné un
relèvement des superficies, du nombre de planteurs et en
conséquence de la production.
Néanmoins, d'autres facteurs que le prix sont pris en
compte par l'agriculteur, notamment le coût de production, les conditions
climatiques, les prix relatifs par rapports à d'autres cultures et
surtout les cultures vivrières. Ces dernières du fait du
relèvement continu par le jeu des lois du marché, exercent une
grande concurrence sur la production des cultures de rente.
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