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Analyse des déterminants de l'offre du café dans la région naturelle de Kirimiro (1990-2012).

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par Jules BARANDERETSE
Université du Burundi - Licence en Economie Rurale 2014
  

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I.2. Réformes dans la filière café

I.2.1. Réformes initiales

En 1992, le gouvernement Burundais s'est engagé dans une privatisation limitée du sous-secteur café, à travers le retrait du gouvernement de toute gestion directe. La responsabilité des opérations pour les 133 stations de lavage appartenant au gouvernement a été transférée vers cinq sociétés de gestions publiques et privées régionales, les SOGESTAL, chacune responsable de 27 stations de lavage en moyenne, dans l'une des cinq régions productrices : NGOZI, KAYANZA, KIRIMIRO, KIRUNDO-MUYINGA et MUMIRWA. Le café a été dès lors transformé principalement par deux grandes installations de traitement par voie humide appartenant au gouvernement et gérées par la SODECO ; chacune a une capacité de 60 000 tonnes de café parche. Récemment, deux usines plus petites, privées et en propriété coopérative, ont été mises en fonction avec des capacités approchant pour chacune les 5 000 tonnes.

L'industrie du café, qui a vu le jour en 1992 au Burundi, a été organisée par l'OCIBU avec un Conseil d'administration comprenant des représentants du gouvernement, des exploitants, des transformateurs et des exportateurs. L'OCIBU avait la responsabilité de la réglementation, du développement et de la coordination des stratégies, de la politique du sous-secteur café et de son industrie.

Le prix par cerise de café payé aux producteurs était fixé et géré par l'OCIBU. Techniquement, il s'agit du prix plancher de la cerise de café, mais, en pratique, ce prix a tendance à devenir le prix plafond. Dérégulés via la procédure de réforme, ces prix connaîtront le risque croissant associé à leurs variations : des taux de crédit plus élevés et, éventuellement, des marges plus fortes pour les transformateurs et les exportateurs.

I.2.2. Réformes et redressement récents

La guerre civile des années 1990 a entraîné d'énormes bouleversements au Burundi. Les combats ont chassé les habitants de leurs provinces, les contraignant ainsi à abandonner leurs foyers et leurs champs. Le bétail a quasiment disparu, privant les champs de matière organique. Les forêts et les petits peuplements ont été abattus pour obtenir du fuel de manière non contrôlée et l'érosion du sol se manifeste partout.

La production de café est l'activité qui rapporte le plus de devises étrangères au Burundi. Elle a connu un déclin sérieux, passant de 36 800 tonnes par an entre 1992 et 1996 à 15 000 tonnes en 2001, pour descendre jusqu'au niveau désastreux de 7 000 tonnes en 2003. Mais depuis la fin de la guerre et les premières élections libres en 2005, le redressement, si lent soit-il, est bien là (PAGE, 2007).

En ce début d'année 2005, une série de mesures est entrée en vigueur dans le contexte de dérégulation et de privatisation de l'industrie :

-14 janvier 2005 - L'accès au sous-secteur café est dérégulé par un décret présidentiel.

-19 janvier 2005 - Élargissement du Comité consultatif sur la commercialisation du café afin d'accueillir des représentants de l'OCIBU, des SOGESTAL, des exploitants et des ministères de l'Agriculture, des Finances et du Commerce et de l'industrie, des installations de traitement par voie humide, des exportateurs, de la BRB, et de l'Association des banques commerciales.

-Mars 2005 - Suppression de la garantie gouvernementale aux banques permettant de prêter à l'OCIBU pour la commercialisation d'une cerise de café.

-8 juin 2005 - Un décret ministériel stipule que l'OCIBU aura dorénavant le rôle de coordinateur et d'agent régulateur.

-16 juin 2005 - Un décret ouvre le sous-secteur café à tous les milieux d'affaires, dérégule le prix de la cerise de café et des cafés parche Washed (lavés), autorise les ventes-exports directes sans autorisation préalable, autrement dit : les ventes ne passent plus obligatoirement par l'OCIBU.

-Suppression de l'impôt sur la plantation, longtemps imposé aux producteurs ne fournissant pas les services correspondants. Certains de ces décrets font date, notamment par l'élargissement aux producteurs du Comité consultatif, ainsi que la libéralisation des ventes-exports directes. Mais le programme de libéralisation peine toujours à trouver son élan.

À la fin de l'année 2006, le débat sur la privatisation continue au Burundi. L'OCIBU a recommandé une révision de la stratégie gouvernementale en matière de privatisation. Son but serait de retenir les ventes avant de libéraliser le sous-secteur. En effet, la libéralisation n'a pas de sens si les installations de traitement par voie sèche ou humide ne peuvent pas utiliser les usines en nantissement. Sans garantie gouvernementale, sans nantissement, l'OCIBU souligne que le programme de libéralisation ne peut qu'échouer, faute de financement. Si la libéralisation était réalisée en premier, les nouveaux propriétaires/opérateurs pourraient utiliser leurs nouvelles propriétés en nantissement pour obtenir des crédits agricoles saisonniers de la part des banques (OCIBU, 2000)

Le PAGE a appuyé l'étude sur la stratégie de désengagement de l'Etat dans la filière du café. Ladite stratégie adoptée en 2008 a marqué un pas décisif dans la réforme de la filière, laquelle réforme est axée sur deux principes: la privatisation de l'outil de production et la libéralisation des relations commerciales.

Dans le but de recentrer effectivement les fonctions de souveraineté tout en privilégiant les intérêts des producteurs dans la filière libéralisée; le Gouvernement du Burundi a opté pour un nouveau dispositif institutionnel et régulatoire de la filière qui s'articule autour de deux instruments: l'autorité de régulation et l'Interprofession.

Ainsi, le décret n° 100/99 du 1er juin 2009 crée un établissement public à caractère administratif dénommé Autorité de Régulation de la Filière Café au Burundi « ARFIC ».

En décembre 2009, les acteurs de la filière café se sont convenus de créer une Association Interprofessionnelle du Café du Burundi, «Intercafé - Burundi».

Ces deux structures sont distinctes mais complémentaires. En effet, l'ARFIC est une création de l'Etat et est chargée d'assurer le respect des règles de fonctionnement dans la filière café, de centraliser et de diffuser toute information tant technique, économique que financière relative à la filière. Elle joue également le rôle de Conseil de l'Etat dans le domaine de l'industrie de production, de transformation et de commercialisation du café.

Quant à l'Interprofession, il s'agit d'une initiative des acteurs de la filière café. Elle constitue un cadre de concertation et de décision et elle a la responsabilité opérationnelle de la filière. Certaines fonctions sont transversales et sont dévolues à la fois à l'ARFIC et à l'Inter Café. C'est notamment la détermination des qualités et des normes, l'information et le traitement statistiques, la promotion, l'arbitrage et le règlement des litiges. Par ailleurs, les deux organes de la nouvelle structure doivent coopérer et collaborer pour la bonne marche du secteur du café. La nouveauté et l'originalité du système de l'interprofession du Café au Burundi obligent tous les acteurs à donner leurs meilleures contributions et à travailler vite et bien pour ne pas hypothéquer un secteur dont l'effondrement serait fatal pour le Burundi à tous les points de vue économique, sociale et politique.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault