1.2.3. LE MOYEN ÂGE ILLUSTRÉ
PAR LA FICTION SÉRIELLE
KAAMELOTT
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Le moyen âge illustré par la fiction
sérielle Kaamelott
« Les séries traitant du Moyen Âge
s`articulent souvent autour de la légende arthurienne avec une
fidélité plus ou moins grande aux écrits parcellaires qui
la fondent. La version la plus libre à ce jour est celle de la
série télévisée française Kaamelott
»42. Avec une thématique humoristique et dramatique
d'historique fantaisie, la fiction s`inspire donc de la légende
arthurienne tout en apportant une vision décalée de celle-ci.
Deuxième moitié du Ve siècle, île de Bretagne, alors
que l`Empire romain s`effondre et que le christianisme s`impose peu à
peu face aux dieux païens, le royaume de Kaamelott s`organise
autour de son souverain. Le roi Arthur ; entouré de ses fidèles
chevaliers, peine à être à la hauteur de la tâche que
les dieux lui ont confiée : rechercher le Saint Graal. Accablé de
chevaliers de la Table ronde passablement incompétents,
confrontés à la chute de l`Empire romain et aux incessantes
incursions barbares, il doit pourtant trouver le calice tant convoité.
Une quête qui s`annonce plus que difficile, un combat de tous les jours
où le roi légendaire va connaître bien des
déboires.
Plan de l'expression
Sur le plan de l`expression, les caractères de la
typographie de Kaamelott présentent une police à
empattements épais et rectangulaires caractérisée par un
faible contraste entre pleins et déliés ; renforcée par un
choix chromatique mettant en scène des lettres de feu offrant alors des
reliefs quasiment animés.
Cette typographie présente des similitudes avec la
police Papyrus. Créée par l'Américain Chris Costello en
1983. Le Papyrus est une police de caractères calligraphique romaine
avec des allures humanes, des bords bruts, et des courbes
irrégulières. Papyrus est une typographie qui évoque
l`aspect rustique et intemporel des siècles passés.
Par ailleurs, Kaamelott présente des
similitudes avec la police Folkard également, pour son aspect plus
fantaisiste.
Plan du contenu
42 P. SERISIER, M. BOUTET, J. BASSAGET,
Sériescopie, Ellipses, Paris, 2011, p. 499.
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Le moyen âge illustré par la fiction
sérielle Kaamelott
Sur le plan du contenu, la fiction met en scène
druides, forêt de Brocéliande, korrigans, fées et
magiciens. À travers cette typographie Kaamelott, renoue avec
notre mythologie bretonne et celtique. Voir ressurgir, couplé à
sa typographie, un symbole emblématique du mythe arthurien permet donc
de provoquer un choc visuel diffusant les valeurs de l`époque. En effet,
dans les légendes arthuriennes, les anneaux borroméens sont
souvent associés aux chevaliers de la Table ronde. On retrouve ce
symbole borroméen formé par les descendantes du double
caractère « A ». La typographie est soulignée de la
tranche d`une épée, celle du roi Arthur, fonction
référentielle à la thématique de la fiction.
Niveau fonctionnel
La typographie révélée par la fiction est
baignée dans les mythes et légendes celtiques. La
stratégie de celle-ci est d`immerger immédiatement et totalement
le spectateur dans l`univers mythique qu`encadre la quête du Graal.
L`enjeu est à la fois axiologique et ludique, dans le
sens où la répétition des « a » et des « t
» démontre l`autodérision de la fiction. La typographie
évoque les valeurs d`une époque lointaine, le tout
surplombé d`un symbole « assigné » au roi Arthur.
À l`origine une production humoristique, la série prend une
tournure orientée comédie dramatique à partir de sa
quatrième saison, avant de basculer plus significativement dans le
dramatique lors de la suivante.
Au cours de cette évolution, la série modifie
son identité visuelle. Cela dans le but d`ajuster les nouvelles
ambitions de la série et sa nouvelle orientation vers le genre
dramatique. L`identité visuelle se renouvelle, car l`univers change,
cela se passe à Rome 15 ans avant Kaamelot, les producteurs
véhiculent alors une ambiance plus dramatique. Le symbole celtique
disparaît, la typographie décide d`exclure l`aspect humoristique
au profit d`un aspect représentatif de la guerre et du Moyen Âge.
Ici, l`iconique et le scripturaire sont entremêlés, si bien que
l`on peine à les distinguer. La lettre « T » se couple
à la garde de l`épée qui vient souligner le titre. La
lettre « a » est iconisée sans qu`on puisse identifier le
symbole qu`elle érige. En effet, ici le scripturaire prend tout en
charge, on ne reconnaît plus la référence aux anneaux
borroméens qui s`enveloppent autour de la lame de
l`épée.
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