L'esthétique du titre de fiction sérielle, vers un système scriptovisuel du genre narratif.( Télécharger le fichier original )par Morgane LONGUEPEE Sciences du langage, de là¢â‚¬â„¢information et de la communication de Limoges - Master 1 Sémiotique et Stratégies 2015 |
1.2.2. LE MOYEN ÂGE CENTRALILLUSTRÉ PAR LA FICTIONSÉRIELLE VIKINGS25 26 Le moyen âge central illustré par la fiction sérielle Vikings Scandinavie, à la fin du VIIIe siècle. Ragnar Lodbrok, un jeune guerrier viking, est avide d'aventures et de nouvelles conquêtes. Lassé des pillages sur les terres de l'Est, il se met en tête d'explorer l'Ouest par la mer. Malgré la réprobation de son chef, il se fie aux signes et à la volonté des dieux, en construisant une nouvelle génération de vaisseaux, plus légers et plus rapides. La série Vikings est basée sur le personnage de Ragnar Lodbrok, ayant réellement existé, et qui, de paysan, est devenu un explorateur, un marin qui voulait découvrir les richesses que le monde (au-delà de celui qu'il connaissait) avait à lui offrir. Plan de l'expression Sur le plan de l`expression, la typographie adopte un style épuré. En effet, les linéales selon la classification Vox ou « Antiques » selon la classification Thibaudeau regroupent les typographies aux formes plutôt mécaniques et modulaires. La typographie de Viking sans empattement arbore des largeurs uniformes et une silhouette écrasée. Par ailleurs, certains caractères sont traités comme des ascendantes et comportent une finition en forme de biais. Nous sommes donc en présence d`une police sans empattement et non grasse. Cela signifie que le dessin des lettres est peu contrasté reflétant une forme d`opposition avec le « V » présent et assez chargé. C`est aussi pour rajouter une forme de caractère à la police que les trois stries ont été ajoutées sur les lettres. Par ailleurs, les caractères sont indépendants les uns des autres, ils possèdent chacun leurs propres espaces qui leur confèrent des propriétés modulaires. Plan du contenu L`analyse typographique démontre que sur le plan du contenu se pose une idée de contraste entre un style typographique épuré et l`élément iconique chargé de symboles. On est dans une sorte d`expérimentation conforme au générique qui confronte des images et des sensations comme le froid des abysses versus la terre qui s'embrase, le silence face au chaos, la tranquillité des profondeurs par opposition aux vagues qui s'écrasent contre les rochers. La police dispose d`un aspect modulaire à caractère monochasse. La stylisation amenée par la modularité repose sur la clarté, la lisibilité et l`impact visuel. La lettre doit revêtir une forme internationale, universelle et se libérer des connotations culturelles restrictives. Cependant, l`élément iconique prédomine. La lecture du titre ne peut se faire de manière traditionnelle, de gauche à droite. En fait, on lit ce titre comme un logo, comme un idéogramme, dans sa globalité. Le « V » au centre du titre pose tout de même un problème de lecture d`autant plus qu`il est teinté de rouge, une colorie qui permet de le relayer au premier plan. 27 Le moyen âge central illustré par la fiction sérielle Vikings La typographie de Vikings, malgré une forme d`empattements en biais peu traditionnelle, possède des similitudes avec les linéales dans son univers connotatif. En effet, les linéales ont été liées à la nouveauté, mais également à la conquête et à la mondialisation ; des valeurs elles aussi véhiculées par la fiction. Le « V » s`impose au centre du titre « Viking » reprenant donc la première lettre du mot, mais on peut penser à une référence au « V » de Victoire. Le « V » de Viking raconte l`histoire de ce peuple. En effet, « la "tranche" droite évoque la guerre, le sang et l'aspect émoussé de la lame renforcent cette analogie. Le côté gauche, plus détaillé, représente la famille et le quotidien, de la construction des bateaux à la fraternité qui unit ce peuple, pour finir, tout en bas, par le symbole de la vie à la ferme et les récoltes qui rythment les saisons ». 33 Jean Marie Floch avait traité l`identité visuelle comme un ensemble de signes qui « forme une série de catégories sémantiques qui reste complémentaire ».34 Vikings illustre ces catégories sémantiques dans son générique de présentation comme étant ; terre versus mer, force versus faiblesse, construction versus démolition, vie versus mort et fraternité versus trahison. TRIBUS ET VIE EN COMMUNAUTÉ VIOLENCE ET CONFLITS Technologie et construction navale Fraternité Marque de conflit Croissance et vie En matière de choix chromatiques, on retrouve sur la police et sur le « V » une texture effet métal, gris acier représentant les armes. La tache de sang (rouge) fait référence au conflit, à la lutte, une conquête du Nouveau Monde. Par ailleurs, Michel Pastoureau évoque cette notion de lutte de pouvoir à travers la symbolique de la couleur rouge qui selon lui est « associée à la mise en scène du pouvoir et du sacré, celle du sang et du feu, celle de la vie et de la vigueur, celle de l`autorité et de la 33 King and Country Creates Bold and Iconic Logo for History Channel`s Epic Vikings? Series, 20.03.2013, disponible sur http://adland.tv/adnews/king-and-country-creates-bold-and-iconic-logo-history-channel-s-epic-vikings-series/136373966 ,[consulté le 02.01.2016]. 34 J. M. FLOCH, Identités visuelles, Paris, Puf, 2e édition, 2010, p. 97. Le moyen âge central illustré par la fiction sérielle Vikings 28 beauté. C`est une couleur ambivalente : à l`époque romaine, le rouge, qui est à la fois la couleur de la guerre et celle de l`empire, participe à toutes les victoires et solennités »35. Niveau fonctionnel La stratégie des graphistes est de mettre en avant le caractère victorieux des Vikings. Les Vikings étaient un de ces peuples profondément liés aux éléments de la nature : la mer, forcément, mais aussi le vent, le feu, les tempêtes, la glace et la terre. On peut alors évoquer la notion de « métadiscours »36 dont parlait Jean Marie Floch. Un mysticisme omniprésent, les batailles, la violence et ces eaux glacées qui parfois rappelaient à elles les guerriers tombés au combat. On part dans l`exploration mythologique de ce peuple. `enjeu de ce choix typographique est clairement axiologique, car il se sert volontairement de tous s éléments qui font vivre encore de nos jours la légende des Vikings, ces images que nous avons ous en nous, ces légendes nordiques, logées dans l'inconscient collectif. La typographie en est émoin puisque celle-ci est très étudiée notamment dans les droites horizontales et verticales. On econnaît notamment des formes celtiques ainsi que des symboles nordiques forts de sens sur le V ». Le Jormungand qui « dans la mythologie nordique, Jormungand, également connu sous le om de serpent de Midgard, ou serpent du Monde, est un serpent de mer, et le cadet de la géante Angrboda et du dieu Loki. Selon l'Edda en Prose, Odin prit les trois enfants de Loki, Fenrisulfr, Hel et Jormungandr, et jeta Jormungandr dans le grand océan qui encercle Midgard. Le serpent evint si grand qu'il fut capable d'entourer la Terre et de saisir sa propre queue. Quand il la lâchera, e sera la fin du monde »37. Il y a donc une analogie par rapport à l`histoire Ragnar Lodbrok qui est n quête de dépassement de soi et de besoin de réalisation38. Quant au Gungnir, « Dans la mythologie nordique, Gungnir est la lance magique d'Odin ; elle atteint toujours son but »39. Il faut bien reconnaître ici une forme d`absence de neutralité de la figurativité, celle-ci avait été démontrée par Greimas dans la création d`identités visuelles « la dimension figurative et celle où s'actualise, dans la production dans la saisie du sens, les significations secondes : les connotations »40. La typographie s`imprègne pleinement des symboles mythologiques nordiques et ancre la série dès la lecture du titre dans l`atmosphère de l`époque. Comme l`avait souligné Jean Marie Floch, « La figurativité d'un logo dote celui-ci d'une certaine épaisseur culturelle aux yeux de tel ou tel public ou de telle ou telle cible, et rend plus efficace son message dénotatif »41. 35 M. PASTOUREAU, Dictionnaire des couleurs de notre temps, Paris, Bonneton, 1999, p. 189-193. 36 J. M. FLOCH, Identités visuelles, Paris, Puf, 2e édition, 2010, p. 92. 37 Ancient-Symbol, 2014, disponible sur http://www.ancient-symbols.com/french/norsesymbols.html [consulté le 14.03.2016]. 38 Voir A. MASLOW, L?accomplissement de soi, Paris, Eyrolles, 2004. 39 Ibidem 38 40 J. M. FLOCH, Identités visuelles, Paris, Puf, 2e édition, 2010, p. 70. 41 Idem, p. 71. 29 |
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