INTRODUCTION
L'éducation, qu'elle soit traditionnelle ou
moderne et classique, constitue un besoin fondamental pour l'homme. C'est un
fait social qui permet l'intégration sociale d'une personne en lui
transmettant le savoir être et le savoir faire. Elle s'acquiert aussi
bien spontanément par des pratiques routinières dans
l'environnement social que par des pratiques méthodiques et formelles au
sein d'une institution appelée école.
Depuis l'indépendance du Dahomey devenu
aujourd'hui République du Bénin, l'éducation a
été au centre des préoccupations des différents
gouvernements. Des efforts ont été jusque là
déployés pour améliorer la qualité de
l'enseignement en général, et particulièrement celle de
l'enseignement primaire, au moyen des différente réformes qu'a
connu le système éducatif national. Au nombre des ces
réformes, nous pouvons citer celles liées à la
réduction de l'inégalité des chances au niveau de
l'accès à l'éducation. La présente étude se
focalise sur les inégalités de chance liées au sexe. En
effet, depuis 1960 à nos jours, l'histoire de la politique
éducative du Bénin a connu trois grandes périodes ayant
toutes évolué, au moins jusqu'en 1994 (cas de la commune de
Sinendé), avec des disparités flagrantes dans les effectifs des
salles de classe. Et ceci en défaveur des filles. Selon certaines
statistiques: « le taux brut de scolarisation sur le plan national
est passé de 60 à 69%, avec de fortes disparités entre les
garçons (85%) et les filles (52%), entre les régions
(Atlantique : 112% ; Borgou : 42%) et entre le milieu urbain des
grandes villes (74%) et le milieu rural (32%). » (Source :
Recherche-action en faveur de l'éducation des filles ; Cotonou -
juin 1998 / UNICEF). La commune de Sinendé est l'une des communes
où le taux de scolarité est le plus bas au Bénin. On y
constate une quasi absence des filles dans le système scolaire jusqu'en
1994 où le projet Education et Communauté (EDUCOM) a
démarré ses activités en faveur de la scolarisation des
filles dans cette commune. Mais malgré les efforts
déployés par cet projet, moins du quart des filles inscrites en
première année du primaire (CI), parviennent en fin de cycle
(CM2). Cette situation nous fait penser que si la communauté a
accepté inscrire massivement les filles CI afin de
bénéficier des avantages du projet (matériels et
équipements scolaires, crédits sans intérêt, etc.),
force est de constater que, entre le parcours du CI au CM2 qu'il existe des
obstacles empêchant ces filles d'évoluer normalement, comme
garçons. Dans ce contexte, les recherches ont été
menées au sein de la communauté afin d'identifier les facteurs de
l'environnement social ayant un impact défavorable sur
l'évolution de la fille au primaire. Le cadre des recherches est
circonscrit à la commune de Sinendé qui est une parcelle de
l'aire socioculturelle baatonu. Cette dernière est
caractérisée d'une façon générale par une
prédominance des pratiques culturelles traditionnelles dans le
vécu quotidien des communautés. Il importe aussi de signaler que
Sinendé est commune enclavée et compté parmi les pauvres
du Bénin. Le présent document qui est un essai d'explication du
phénomène de déperdition scolaire des filles comporte
trois grandes articulations à savoir : la problématique et
l'état de la question, la présentation des résultats et
enfin la conclusion.
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