IV- CONCLUSION
La présente étude consacrée
à certains aspects de la vie communautaire en rapport avec la
déscolarisation des filles dans la commune de Sinendé, s'est
focalisée sur les perceptions du sens commun. Ces perceptions
communautaires désignées sous le terme de représentations
sociales, ont été présentées comme étant des
clichés propres à chaque type d'environnement social.
Particulièrement dans les milieux paysans, les représentations
sociales qui sont des produits de la pensée collective,
déterminent la nature des comportements humains face à une
situation sociale donnée. Il a été ainsi mis en exergue
à travers l'étude de ces représentations sociales, les
comportements des communautés paysannes face au maintien des filles dans
les écoles.
L'étude révèle que la
déscolarisation des filles est un phénomène qui prend de
l'ampleur dans les milieux paysans en zone rurale. Quelques facteurs sociaux
basés sur les principes du mode de vie communautaire des
sociétés paysannes `'baatonu'' ont fait l'objet d'une analyse
approfondie. Cela a permit d'établir des liens entre ces facteurs
sociaux et la déperdition scolaire des filles au primaire. Il ressort
ainsi que le poids des traditions culturelles influe sur les comportements
quotidiens des membres de la société et crée dans les
mentalités des représentations sociales au nombre desquelles, ont
été évoquées celles liées à
l'éducation scolaire des filles.
En effet, le présent ouvrage relate comment les
activités de survie des ménages priment sur la scolarisation des
enfants et particulièrement celle des filles. Ces dernières sont
perçues à partir d'un certain âge comme n'ayant plus leur
place à l'école. Aussi, la communauté se représente
cette école comme étant devenue chère, inadaptée
aux réalités locales et ne répondant plus aux attentes
classiques de pourvoyeuse d'emploi certain. Ainsi, les filles sont
retirées de l'école avant la fin de leur cycle primaire pour
servir dans les activités de production, de reproduction et
communautaires.
Cette situation apparaît à notre avis
comme un indicateur de marginalisation des femmes car elle contribue à
réduire considérablement la participation de celles-ci dans le
processus de développement local. Dans la mesure où leur bas
niveau d'instruction les empêche de mieux apprécier et de
s'approprier la gestion leurs affaires.
Or l'Assemblée Générale des
Nations Unies en 1977, fait remarquer qu' « un pays ne peut atteindre
un développement intégral et total qu'avec la pleine
participation des femmes, sur une base d'égalité avec les
hommes » (Genre et Développement P-4). Comment pourrons-nous
concrétiser cette pensée si les populations de nos zones rurales
doivent continuer à penser qu'il suffit d'être né de sexe
masculin pour être sûr de réussir dans la vie et
d'être utile à sa société ? Pour éviter
cette situation aux futures générations, il est nécessaire
que la lutte soit orientée sur une vision consistant à faire de
la génération d'aujourd'hui, victime du phénomène,
une génération plus éclairée faite d'élites
instruites, équitablement réparties du point de vu genre.
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