1.4.7. Système financier
congolais : un cadre fragile pour le blanchiment des capitaux
La République démocratique du Congo (RDC) , pays
membre de la Communauté de développement de l'Afrique australe
(SADC), sort peu à peu de deux décennies de guerre civile qui ont
précédé l'accord de paix de Lusaka de 2001 et qui ont
conduit à l'effondrement de l'activité économique, avec le
PIB par habitant passant de 400 dollars américains en 1960 à 139
dollars en 2006. Des progrès politiques et économiques
significatifs ont aidé le processus de reconstruction économique,
et le PIB par habitant est passé à 160 dollars en 2009, mais des
défis post-conflit majeurs demeurent encore. Les infrastructures du
pays, détruites pendant la guerre, sont peu développées et
disposent de goulots d'étranglement. L'économie se base fortement
sur l'agriculture, dont la contribution au PIB est considérable et
représente la majeure partie de la main-d'oeuvre et des activités
informelles. Sa contribution aux exportations est limitée et elle ne
dispose pas d'activités capables d'apporter une valeur ajoutée.
À partir de 2001, le gouvernement a mis en oeuvre un programme de
réformes économiques, financières et structurelles visant
à stabiliser la situation macroéconomique et à
créer un environnement favorable au développement tiré par
le secteur privé. Par conséquent, la RDC a enregistré des
taux de croissance solides entre 2003 et 2008, avec un taux de croissance
annuel moyen de 6,2. La crise économique et financière a
toutefois eu un impact sur l'économie. La croissance du PIB réel
a connu un ralentissement, passant de 6,2 pour cent en 2008 à 2,8 pour
cent en 2009. L'inflation a aussi grimpé, passant de 16,7 pour
cent en 2007 et 18,0 pour cent en 2008 et 46,2 pour cent en 2009. On
s'attend à ce que l'économie se redresse grâce au
redressement du secteur des mines et aux investissements publics et
privés. La croissance du PIB réel est passée à 7,2
pour cent en 2010 et est estimée à 6,5 pour cent en 2011 et 6
pour cent en 2012, alors que l'inflation, descendue à 23,5 pour cent en
2010, est estimée à 12 pour cent en 2011 et 11 pour cent en 2012.
Le système financier du pays a été
durement touché par les effets de la guerre, l'instabilité
politique, et la politique monétaire peu prévisible. Le niveau
d'intermédiation financière est faible : le crédit est
essentiellement informel, et le crédit bancaire formel au secteur
privé représente moins de 3 % du PIB. Les services bancaires aux
particuliers sont en général peu développés, et la
plupart des banques agissent comme des agents financiers du gouvernement ou
n'octroient des crédits qu'aux institutions internationales
opérant dans le pays. Les banques commerciales étrangères
dominent l'industrie en tant que pourvoyeurs de financements pour les secteurs
des mines et du pétrole. Le ralentissement économique a
réduit les dépôts institutionnels, alors qu'un taux
d'inflation élevé et un taux de change instable ont permis une
plus grande dollarisation de l'économie.
L'accès aux services bancaires, tant pour les
entrepreneurs que pour les particuliers, est très limité et est
souvent réservé aux nantis. La RDC a l'un des plus faibles taux
de pénétration bancaire au monde, avec six comptes de
dépôts seulement pour 1 000 adultes, et les prêts bancaires
aux particuliers représentent moins de 5 % de toutes les
opérations de prêt des banques. La solidité et la
vulnérabilité du système bancaire demeurent toujours une
question importante. Bon nombre de banques ont été incapables de
respecter le niveau de liquidité exigé. Le ratio de prêts
à faible rendement par rapport aux prêts bruts globaux est
passé de 2,77 pour cent en 2008 à 10,6 pour cent en
septembre 2009, bien que ceci puisse être attribué, en partie, aux
améliorations de l'exactitude des comptes rendus.
Les autorités ont récemment entrepris
plusieurs processus de réforme du secteur financier dans le but de
renforcer la supervision du secteur bancaire et la conformité avec des
règlements prudentiels. Ces réformes envisagent un plan de
réorganisation et de restructuration pour le secteur bancaire, et le
renforcement des ratios prudentiels et la supervision du secteur. Les
autorités du pays effectuent maintenant des paiements aux fournisseurs
domestiques et des collectes des recettes fiscales en monnaie locale au
détriment des paiements en devises étrangères dans le but
de mettre fin à la dollarisation de l'économie et d'encourager le
développement du marché des capitaux. Aucun marché
boursier n'opère dans le pays, mais un petit nombre de
sociétés de capital-investissement investissent activement dans
l'industrie minière. Le marché des capitaux de la RDC est
composé essentiellement de titres d'État. En l'absence d'un
marché des titres d'emprunt dans le pays, le marché des
instruments à taux fixe est limité à l'émission des
bons du Trésor émis par l'Etat avec des échéances
allant jusqu'à 28 jours qui sont dématérialisés et
négociés par l'intermédiaire des banques
commerciales. Jusqu'en avril 2011, le pays n'avait reçu aucune
notation à long terme de la part des agences principales de notation.
La base d'investisseurs institutionnels est peu
développée, avec une compagnie d'assurance et un fonds de
retraite étatique. La RDC pâtit de la faiblesse et de la
fragilité de son infrastructure financière. Les systèmes
nationaux des paiements ne sont pas régis par une législation
centrale, bien qu'un processus de réforme juridique soit en cours
d'engagement par le Comité national des paiements et des
règlements. La RDC dispose d'un bureau du crédit, placé
sous le contrôle de la banque centrale, mais ce bureau opère
manuellement et est généralement considéré comme
inefficace, avec relativement peu de clients et desservant essentiellement les
clients institutionnels pouvant prétendre à d'importants
prêts.
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