Les réseaux sociaux. Un outil de (re)positionnement pour les musées?( Télécharger le fichier original )par Bénédicte Fantin Neoma Business School - Master Grande Ecole 2016 |
C) 3ème séquence d'analyse : mars 2014Durant le mois de mars 2014, on note un recentrage des posts sur l'activité de recherche et de diffusion du Muséum. Ces deux pôles concentrent 60% des publications sur Facebook durant la période avec des mentions récurrentes des découvertes faites par les équipes de recherche du Muséum, la plupart du temps en collaboration avec d'autres instituts scientifiques (CNRS, UPMC, EPHE, etc.) et des rappels des événements organisés par le MNHN. Les posts en lien avec les découvertes scientifiques se caractérisent par un certain degré de complexité mais on note un réel souci de simplification malgré des détails qui gagneraient à être explicités : « L'image en fausses couleurs des distributions du fer (bleu) et de deux terres rares (néodyme, rouge et yttrium, vert), obtenue par fluorescence des rayons X synchrotron, révèle des détails anatomiques cachés des fossiles comme le crâne et les vertèbres de ce poisson du Crétacé datant d'environ 100 millions d'années. » A moins d'avoir bénéficié d'une formation scientifique, l'internaute n'est pas forcément au fait de ce que sont les « rayons X synchroton » par exemple. Ces subtilités de langage ne sont pourtant pas un frein à la viralisation des informations en lien avec les missions de recherche du MNHN. En effet, cette catégorie de posts totalise une moyenne de 45 partages sur la période étudiée et donne parfois lieu à des commentaires constructifs des internautes, conformément au projet des sciences participatives promu par le musée. Ainsi, lorsque le MNHN publie une photo d'une espèce de limace avec le commentaire : « Découverte en France du Plathelminthe de Nouvelle-Guinée, une des 100 espèces exotiques envahissantes les plus néfastes au monde. En savoir plus : http://www.mnhn.fr/.../decouverte-france-plathelminthe-nouvel... », les internautes tentent d'apporter leur pierre à l'édifice de recensement : « je travaille dans un cimetiere en haute Normandie et j'ai vu ces bêtes si ça peut faire avancer l'étude au recensement ! » ou encore « A-t-on découvert d'autres espèces avant celle-là? Je travaille en pépinière et ça fait quelques années que je vois ce genre d'animaux étranges, ils se cachent le plus souvent sous les pots. » Suite aux réactions des internautes, et afin de confirmer la réponse de l'un d'eux ne bénéficiant pas de la légitimité institutionnelle, le MNHN clôt les interrogations : « Nous vous invitons, comme le suggère Harold Lopparelli de vous rendre sur le blog de Jean-Lou Justine, professeur au Muséum qui dirige l'équipe de recherche : https://sites.google.com/.../que-faire-si-je-trouve-un. » Les découvertes sont soit présentées de manière exhaustive directement dans la publication, soit présentées en une phrase qui incite l'internaute à cliquer sur le lien pour être redirigé sur le site du MNHN : « Il y a quelques millions d'années, la côte péruvienne était occupée par des paresseux marins. En savoir plus : http://www.mnhn.fr/.../il-y-quelques-millions-annees-cote-per... » L'option de la phrase courte agrémentée d'un lien est systématiquement adoptée pour annoncer les événements du MNHN sur la période de mars 2014. Une grande partie des informations est déjà disponible sur le visuel qui accompagne l'annonce. En effet, les événements annoncés, qu'il s'agisse de conférences, de projections, de présentations des métiers du MNHN, font l'objet d'une même charte graphique et s'inscrivent dans un cycle intitulé « les rendez-vous du Muséum », avec pour slogan : « partagez les savoirs ». On retrouve dans cet impératif, la mission de diffusion et le principe des sciences participatives qui caractérisent le MNHN. Le slogan est d'ailleurs cohérent avec la 49 logique de gratuité qui prévaut pour la participation aux événements annoncés, renforçant ainsi cette idée de partage immatériel. Comme nous venons de le souligner, une des thématiques événementielles du MNHN concerne la présentation des métiers du MNHN, le site précise la nature de ce rendez-vous : « Un dimanche par mois, le public apprend à mieux connaître les nombreux métiers du Muséum ». Le métier de carcinologiste (spécialiste des crabes) a par exemple été mis à l'honneur le dimanche 30 mars. Dans cette même optique de valorisation des métiers du MNHN, un post se détache particulièrement, celui publié le 8 mars 2014, lors de la journée de la femme : « Elles sont vétérinaires et soigneuses à La Ménagerie, le zoo du jardin des Plantes Elles sont jardinières/apicultrices au Jardin des Plantes Elles sont dessinatrices au Muséum Elles sont guides/conférencières au Muséum Elles sont techniciennes de laboratoire au Muséum Elles sont en charge de la conservation des collections du Muséum Elles sont maîtres de conférences, chercheuses, ou doctorantes au Muséum Et occupent bien d'autres nombreux postes au Muséum... Journée internationale des Droits des femmes aujourd'hui. Elles méritent bien plus qu'une journée, non ? » Le format du post est intéressant. En effet l'anaphore « Elles sont » systématiquement suivie d'un lien vers une vidéo de 3 minutes environ, hébergée sur la plateforme Vimeo, donne beaucoup de rythme à la publication. Chaque vidéo est une interview d'une experte du MNHN qui explique son champ d'étude. De la restauratrice de dépouilles humaines à la phytochimiste en passant par la guide-conférencière en langue des signes, l'internaute découvre un large panel de métiers méconnus. L'accumulation des vidéos rend ainsi le post très riche car dans chacune d'elle l'internaute apprend quelque chose. La question rhétorique finale vise à interpeller. Il s'agit d'un contrepoint efficace qui 50 n'appelle pas de réponse, car après l'énumération antérieure, la place prépondérante des femmes au MNHN, et par généralisation, dans la société française, est indéniable. Dans ce post et sur toute la période étudiée, on notera la faible présence du réseau du MNHN. En effet dans le post précédent, quand le Muséum est mentionné (« Elles sont dessinatrices (...) techniciennes de laboratoire au Muséum ») les interviews concernent toujours des fonctions concentrées sur les sites parisiens du MNHN, et plus spécifiquement encore, au siège, à savoir le Jardin des Plantes. De même, tous les posts « événementiels » concernent la programmation du Jardin des Plantes et de ses Galeries attenantes. Seul la rénovation du Musée de l'Homme est évoquée le 24 mars « Pour ceux qui n'ont pas Twitter, petit aperçu des coulisses publiées ce matin pour la # MuseumWeek : la rénovation du Musée de l'Homme » et illustrée par une série de 4 photos de chantier. Dans ce dernier post, de même que dans celui sur la journée de la femme précédemment évoqué, ou encore dans tous les posts renvoyant vers le site internet du Muséum, la notion d'écosystème numérique émerge. L'internaute est invité à naviguer entre le site officiel du MNHN et ses différents comptes sur les réseaux sociaux. |
|