3. Le développement de la culture
végétale : une nouvelle alternative alimentaire
du cheptel bovin.
Beaucoup d'acteurs scientifiques, ont eu à souligner
dans leurs écrits, le manque d'innovation et de créativité
des éleveurs dans la pratique de leur activité d'élevage.
Ils dépendent énormément de la pluviométrie qui est
très faible pour assurer les besoins des cheptels bovins en
pâturages durant toute l'année.
Malgré cette forte dépendance à la
nature, certains éleveurs ont pu maitriser la nourriture du
bétail par la pratique de cultures de prairie dans les
périmètres irrigués de la zone waalo et des
cultures fourragères autour de certains forages dans le jeeri ;
à l'image de Biddi. Là, il s'agit de la naissance d'une
véritable révolution indépendante, prise par ces
éleveurs afin de donner aux cheptels la nourriture quotidiennement sans
la bénédiction de la nature (sans dépendance aux
précipitations). En effet, les éleveurs investissement des
techniques agricoles modernes pour développer des cultures
fourragères et de la prairie en saison sèche, dans les
aménagements hydro-agricoles. Ces agro-pasteurs pour enrichir leurs
terres, divisent leur espace en deux qu'ils alternent en
périmètre de cultures de rente et de cultures
végétales. Ainsi, la photographie ci dessous présente un
troupeau de bovin d'Abdoulaye Racine, habitant au village de khodith entrain de
paitre sur une parcelle de prairie qu'il a produit dans ses terres par
l'irrigation.
(Source : enquête de terrain ; projet ESCAPE,
2013).
66
Photo 2 :troupeaux bovins sur une parcelle de
prairie
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Cette image explique des efforts entamés par certains
éleveurs dans la modernisation de l'accès à la nourriture
du cheptel bovin. En effet, dans les aménagements agricoles du canal de
Niangua, Ablaye Racine a montré son savoir faire pour un système
agro-pastoral productif. Il a profondément modernisé son
système de l'élevage. Son bétail ne manque pas de
pâturage ; son cheptel bovin est en sécurité du fait de la
disponibilité de pâturages ; il ne transhume plus vers le
jeeri en saison sèche ; il produit du lait toute
l'année.
Actuellement, conscient, de la réussite d'Abdoulaye
Racine dans son innovation agricole, certains agro-pasteurs ont
formalisé des projets de cultures de prairie pour rentabiliser leur
pratique agricole, longuement hostile à l'intégration de
l'élevage dans les périmètres irrigués, du fait de
l'option politique de l'Etat d'un développement porté uniquement
par l'agriculture irriguée.
Tableau 8 : le modèle de production de cultures
végétales par Abdoulaye Racine Hann.
Nom de l'agro-
pasteur
|
Superficie aménagée
pour la culture végétale
|
Nombre UBT
|
Durée
d'exploitation
|
Durée
d'utilisation
par le cheptel bovin
|
Coût de
production
|
Avantages de ce système
d'élevage
|
Ablaye racine hann
|
1ha
|
20
|
1 mois
|
3 mois
|
200.000
FCFA au maximum
|
Cheptel nourrit
suffisamment ;
disponibilité du
lait ; habitat fixe.
bovin engraissé; source de revenus
après vente de bovin.
|
(Source : enquête de terrain ; projet ESCAPE,
2013).
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Ce système de production montre la possibilité
d'intégration de l'élevage dans les périmètres
irrigués, mais aussi un modèle source de développement
durable. En effet, l'agro-pasteur par cette stratégie d'alternance des
terres de production d'élevage et terres agricoles, n'a pas besoin
d'acheter des engrais chimiques pour enrichir les sols ; il
bénéficie des déjections du cheptel bovin qui fertilisent
ses exploitations agricoles.
Dans le jeeri, le développement des cultures
fourragères arrosées par les forages est d'actualité. En
effet, l'Etat du Sénégal dans sa volonté de moderniser le
secteur de l'élevage et de répondre aux besoins alimentaires du
bétail, a initié par le biais de ses services
départementaux de l'élevage des projets d'exploitation de
cultures fourragères. Le forage de Biddi est l'un des sites
ciblés où un projet de cultures fourragères est en phase
d'expérimentation.
Ce modèle de production de l'élevage bovin mis
en oeuvre dans les périmètres irrigués, a
défié la politique d'aménagement de la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, qui n'a pas pris en compte les
potentialités économiques et écologiques d'intégrer
l'élevage dans l'agriculture irriguée.
4. Les moyens d'abreuvement du cheptel bovin.
4.1 L'abreuvement du bétail en milieu waalo.
L'accès du cheptel bovin à l'eau est une
préoccupation fondamentale et quotidienne des acteurs de
l'élevage. En effet, la distribution de la ressource eau n'est pas
homogène ; la zone waalo est arrosée à partir du
nord par les cours d'eaux du fleuve Sénégal ; elle est le terroir
généralement humide de la communauté rurale
Guédé-village. Dans cette partie, les troupeaux bovins
s'abreuvent directement aux points d'eaux du fleuve (tufdé) qui
sont bien connus par le cheptel conduit par le berger. En effet, le POAS a
identifié 43 points d'accès aux cours d'eau par le bétail
.Malgré les aménagements hydro-agricoles tout au long des cours
d'eau de notre zone, les points d'accès aux eaux de surfaces, sont
ouverts par des pistes de bétail, facilitant la conduite des bovins aux
pâturages après l'abreuvement.
Les cheptels bovins qui s'abreuvent aux cours d'eau du fleuve
appartiennent généralement aux éleveurs habitants les
villages waalo tels que Dioundou, Diambo-diaobé, Boyo et aussi de
troupeaux bovin de la zone centre ou moyen jeeri
(Décollé-Taredji, Medina-Fresbé) après le
tarissement des marres d'eau.
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En outre, disposant d'une charrette attelée à
deux ou trois ânes, les éleveurs transportent l'eau des cours
d'eau au village dans des chambres à air ou des bidons afin d'abreuver
les veaux et les bovins vulnérables à domicile. Dans cette
partie, l'accès à l'eau des cheptels bovins est favorable de par
les potentielles des eaux de surface offertes par la nature même si
certains éleveurs notent des difficultés d'accès à
cause des périmètres irrigués.
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