Chapitre deuxième : ETAT DES LIEUX DU
SYSTEME
BANCAIRE CONGOLAIS
Pour étudier la composition du système bancaire
congolais, il convient d'abord de faire une étude historique de ce
secteur afin de voir son évolution. Ceci nous permettra de mieux
comprendre sa structure actuelle26.
SECTION I. HISTORIQUE DU SYSTEME BANCAIRE CONGOLAIS
1.1. La première implantation bancaire en RDC
Pendant la période précoloniale (avant 1885), on
ne peut parler de l'existence d'une Banque pas plus que celle d'une
activité bancaire au sens où on l'entend aujourd'hui.
Néanmoins, à côté du troc qui était le moyen
d'échange le plus répandu, on pouvait noter la présence de
certains métaux comme le cuivre travaillé, utilisé comme
monnaie.
En 1908, lorsque les territoires composant l'Etat
indépendant du Congo sont cédés à la Belgique, il
n'existe aucune banque sur place. Dans le milieu des affaires coloniales, ces
perspectives d'un avenir économique en rapide progrès plaident en
faveur de la création d'une banque au Congo. Selon certaines
considérations, cette banque pourrait, dès le début,
compter sur la clientèle de diverses sociétés, dont
notamment la Compagnie du Chemin de Fer du Congo et sur l'essor de la
région minière du Katanga. D'autres personnes soutenaient qu'une
telle banque rendrait, en outre, de précieux services à l'Etat et
au progrès économique du pays en assurant la diffusion de la
monnaie sur tout le territoire. « Mais en cette année-là,
tous ces arguments ne reposaient en somme que sur des hypothèses et la
plupart des hommes d'affaires estimaient qu'il n'y avait encore aucune place au
Congo pour des opérations bancaires ».
En 1909, la Belgique prend part, avec toutes les grandes
banques belges, à la fondation de la banque du Congo Belge une
société anonyme de droit belge.27
S'implantant progressivement dans les principaux centres
économiques, elle va contribuer, petit à petit, à la
diffusion de la monnaie étatique. La première agence est ouverte
le 1er juin à Matadi, qui est déjà un centre commercial
relativement actif abritant le port le plus important du pays et une bonne
clientèle de la Compagnie du Chemin de Fer du Congo.
26 MBATIKA MAMBU Jerry, « Causes et effets du
faible taux de bancarisation de l'économie. Cas de la RDC »,
mémoire de DEA-NPTCI, FASEG, UNIKIN, Juin 2013, P36.
27 R.J. LEMOINE cité par JOYE Pierre et
LEWIN Rosine, les trusts au Congo, société populaire
d'édition, Bruxelles, 1961, P45.
Page 30
En octobre 1909, s'ouvre l'agence d'Elisabethville (actuel
Lubumbashi) qui réunira ses premiers clients à l'Union
Minière du Haut Katanga et parmi des recruteurs de main-d'oeuvre locale
ainsi que des commerçants venus de la Rhodésie voisine
(actuellement, la Zambie). En août 1910, l'agence de Léopoldville
(actuelle Kinshasa), future capitale du pays, ouvre ses portes profitant
justement du régime du commerce libre et de l'obligation se conformant
aux clauses de son mandat ultérieur d'institut d'émission et de
caissier colonial, la Banque du Congo Belge établit deux nouvelles
agences : à Boma le 1er octobre 1911 et à Stanley
ville en janvier 1912. En 1912, près de 1.800 comptes ouverts à
ses guichets. Elle poursuit sur cette lancée lorsque survient la
première guerre mondiale de 1914-1918.
La Banque du Congo Belge va résister avec bonheur
autant à la première guerre mondiale et à la grande
déflation de 1920 qu'à la dépression économique et
financière d'après 1929. Si, au début de la guerre, le
caoutchouc, le copal, l'huile de palme et l'ivoire se vendaient mal, faute de
preneurs, ces mêmes produits ont aussitôt
bénéficié de la raréfaction des produits
concurrents sur les marchés européens et, aussi, de l'ouverture
de nouveaux débouchés en Amérique et au Japon. Les cours
mondiaux du cuivre de l'Union Minière du Haut Katanga se sont
également améliorés.
L'Etat a accru ses dépenses d'infrastructure, le
pouvoir d'achat des populations s'est nettement amélioré, et
l'activité bancaire a profité de cette expansion
économique générale.
1.1.2. La Banque du Congo Belge : la banque
d'émission monétaire » (19111952)
Après un décret du 18 juillet 1911,
l'autorisation d'émettre des billets fut accordé à la
Banque du Congo Belge pour une période de 25 ans ; le jour même
où la Banque du Congo Belge se donnait de nouveaux statuts conformes
à son mandat d'Institut d'Emission, une autre banque, la « Banque
Commerciale du Congo » (BCDC), se constituait à son initiative afin
de reprendre les opérations auxquelles son aînée devait
renoncer. Le décret du 27 juillet 1935 confirma le privilège
d'émission monétaire reconnu à la Banque du Congo Belge,
non seulement sur les billets mais aussi sur les monnaies métalliques
dont le Gouvernement de la colonie s'était réservé
jusque-là le monopole.
Les monnaies frappées par l'Etat Indépendant du
Congo étaient progressivement retirées de la circulation au
profit du franc congolais émis par la Banque du Congo Belge. Le
privilège d'émission qui lui était accordé fut
prorogé jusqu'au 30 juin 1952.
Page 31
|