Section 2ème : Carences liées à
l'application de sa mission
Investi d'une mission transversale, le ministère
réalise difficilement ses activités. Les causes de ce
problèmes sont nombreux parmi lesquelles il y a l'inefficacité de
ses
30 UCAC : Université Catholique d'Afrique
Centrale de Yaoundé.
31 IDHL : Institut Droits de l'Homme de Lyon en
France.
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
actions, le manque de moyen pour conduire à bout ses
actions et l'inadaptation de certaines de ses actions.
La mauvaise volonté politique n'est pas la seule raison
occasionnant les manquements reprochables à ce département
ministériel. L'application de la mission du ministère souffre de
plusieurs autres carences qui rendent ses actions moins pertinentes. La
volonté politique manquante contribue à une mauvaise application
de la mission. Mais l'inefficacité même de ses bonnes actions et
les problèmes de collaboration avec ses partenaires peuvent être
comptés dans le lot.
Paragraphe 1. L'inefficacité des activités de
protection
La jeunesse du ministère peut apparaitre comme une
excuse à certains manquements qui lui sont imputables. Toutefois, si les
carences liés aux manques de moyens et de personnel est imputable
à l'Etat, il y a des carences dont le ministère lui-même
est responsable. Il est vrai que les directions techniques du ministère
n'ont pas les moyens de leur politique, car elles n'ont pas de budget propre
permettant de gérer au quotidien certaines situations des droits de
l'homme qui imposent la diligence. Ce qui ne favorise pas l'organisation
permanente des activités. Mais il existe des possibilités avec
les partenaires opérationnels, si des projets sérieux sont
conçus. Malheureusement, la conception des projets et d'activités
pose encore un problème d'inefficacité de certains agents.
Car, plusieurs responsables de ce ministère auraient
reçu des formations arabophones et sont nommés à des
postes de responsabilité du ministère. Ceux-ci brillent par leurs
absences en longueur de semaine au profit des affaires du quartier et ne se
présentent au bureau que pour les divertissements sur leurs ordinateurs.
Ils ne conçoivent rien, et semblent ne pas être à la
hauteur de leurs taches.
Par ailleurs certains leaders des droits de l'homme, trouvent
qu'il y'a des activités qui sont réalisées dans un but
purement politique sans tenir compte de la finalité de cette
activité. Ces leaders pensent que le ministère choisi quelques
fois de bonnes actions telles que les forums. Mais l'activité perd son
efficacité parce que la priorité
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
est donnée au tapage autour de l'intérêt
que l'Etat accorde à la question des droits de l'homme et la noble
finalité et l'effet que doit produire l'activité sont
négligés au point ou l'activité est déviée
de son objet.
A titre d'exemple, Mr BALDAL OYAMTA32 dans une
interview33 déclare : «(...) pour le récent
forum national, beaucoup des organisations de défense des droits de
l'homme n'ont pas participé parce que la plupart des invitations
étaient pour assister à l'ouverture et la clôture. De plus,
ce forum a été vidé de son contenu parce qu'on ne peut pas
faire un forum de ce genre sans relever ce qui se passe, ou sans faire un
diagnostic, or le diagnostic a été
refusé(...)».
Cette déclaration s'inscrit dans l'inefficacité
des actions du ministère. En effet, si le ministère ne pense pas
à une réorientation de ses actions, il se retrouverait en train
de faire le travail que les activistes des droits de l'homme font
quotidiennement et tombera ainsi en désuétude.
Les forums, les campagnes de sensibilisation, les sessions de
formation et autres activités déjà pratiquées sur
le terrain par les leaders de droits de l'homme ont montré leurs
limites. Donc le ministère doit se lancer dans des missions innovantes
et inexplorées par ces organisations de défense des droits de
l'homme, où encore le ministère doit aller un plus loin,
là où eux en tant qu'organisation des droits de l'homme, ne
peuvent pas aller, par contre que lui en tant que ministère, peut y
aller. Cela pour donner de l'efficacité à ses actions.
De plus, les Délégués des droits de
l'homme en accord avec les cadres du ministère devraient se pencher sur
des questions telles :
- Pourquoi après vingt ans de démocratie, les
violations des droits de l'homme n'ont pas connues des améliorations
significatives ?
- Pourquoi, malgré les efforts déployés
par la société civile avec ses partenaires, le problème
des droits de l'homme reste alarmant ?
32 Coordinateur National de la Ligue Tchadienne des
Droits de l'Homme (LTDH).
33 Interview réalisée par BERAMGOTO
Singabé Jean-Claude le 04 février 2011 dans le cadre de ses
recherches.
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
- Pourquoi malgré la création par l'Etat des
institutions oeuvrant en faveur de la paix et de la démocratie telles
que la CNDH, la Médiature de la République, le ministère
des droits de l'homme ainsi que les normes législatives et
réglementaires, la question des droits de l'homme n'a pas connue des
avancées notables ?
Les tentatives de réponses à ces questions avec
l'implication de la société civile peuvent permettre au
ministère de déceler le véritable problème et les
pistes de solutions envisageables. Car il ne sert à rien de continuer
à sensibiliser et organiser des séminaires et forum pour recenser
les violations, ou encore créer des nouvelles lois.
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