Paragraphe 2. Manque de professionnalisme et insuffisance
du
personnel
Le personnel du ministère des droits de l'homme pour
être à la hauteur de sa tâche doit avoir une certaine
compétence avérée en matière de droits de l'homme.
Or dans la réalité, cet aspect est négligé et n'est
pas pris en compte dans la nomination des agents au sein de ce
ministère. La formation académique en droit public ou
privé ne dote pas les bénéficiaires de toutes les
aptitudes nécessaires à l'accomplissement de la mission de
protection des droits de l'homme.
Les agents du ministère qui sont de formation juridique
ou de la magistrature pour la plupart ne sont pas incapables d'assurer les
responsabilités qui leurs seront confiées au sein de ce
ministère, mais il leur faudra beaucoup d'efforts supplémentaires
à consentir pour y arriver.
En effet, l'affectation des professionnels des droits de
l'homme facilitera l'avancée de la situation et l'efficacité des
actions. Car cela éviterait au ministère d'organiser des
activités de recyclage ou de formation permanente. Aussi, un
professionnel en la matière fera plusieurs réalisations et
propositions innovantes au profit du ministère contrairement à un
juriste de formation.
A ces difficultés, s'ajoute le nombre insuffisant du
personnel de ce ministère. La plupart des Directions techniques
chargées de la mise en oeuvre des missions spécifiques
fonctionnent sans personnel d'appui et voire même sans secrétaire
de direction, ni réceptionniste ou chargé de courrier et moins
encore un planton. Le nombre de personnel de certaines directions se limite
à deux, dont le Directeur et son adjoint. Ce qui rend la tache
très exaltante pour ceux-ci. Ils ne disposent plus de temps
matériels pour concevoir des programmes, des activités ou actions
liées à leur domaine d'intervention. Ils sont obligés de
s'occuper de toutes les taches administratives dont le secrétariat,
l'enregistrement des courriers, la lecture, la rédaction des
correspondances, la saisie de leurs réponses, et au besoin, la
distribution de certaines correspondances urgentes et lorsqu'ils sont
conviés à une
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
réunion, une rencontre ou un séminaire, la
direction reste fermée et n'ouvrira sa porte qu'à leur retour. Il
en est de même quand ces responsables prennent des permissions pour des
convenances personnelles.
Par ailleurs, il ressort de la synthèse des rapports
produits par les délégations que l'un des
délégués aux droits de l'homme aurait confondu le
ministère chargé des droits de l'homme au ministère de la
justice, ce qui aurait retardé son installation. Même un titulaire
d'une formation en administration générale sans une connaissance
approfondie en droit ne peut confondre le ministère de la justice
à celui des droits de l'homme. Cela remet en cause le problème de
niveau d'instruction des responsables et cadres de ce ministère en
général et celui des délégués aux droits de
l'homme en particulier ; en même temps que l'assimilation de la missions
qui est la leur.
La mauvaise volonté politique de l'Etat est à la
base de toutes ces situations. Car, ce n'est pas des spécialistes de
droits de l'homme qui manquent au Tchad ; chaque année, plusieurs
étudiants nantis des diplômes de droits de l'homme de
l'UCAC30 ou de l'IDHL31 rentrent au pays et sont parfois
intégrés à la fonction publique. Mais on
préfère les affecter dans d'autres ministères que celui
des droits de l'homme. Quelques fois, ils se retrouvent dans des
ministères dont la mission n'a rien à voir avec leur formation ou
parfois, viennent en supplément d'effectif et passent leur temps dans
des services sans trouver quelque chose à faire.
Ce désordre peut être résolu si l'Etat se
décide à assainir la fonction publique, ou même à
faire appel à des volontaires d'autres ministères ayant une
formation ou expérience en droits de l'homme en vue de renforcer les
capacité opérationnelles de ce ministère. Sinon, tant
qu'il y aura ce désordre, le fossé ne fera que s'agrandir en ce
qui concerne les carences liées à l'application de sa mission.
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