I.3.4. La micro finance en République
Démocratique du Congo
En R.D.C., la méthodologie de la microfinance, en ce
qui concerne le crédit, repose sur le profil de l'emprêteur.
L'évaluation des crédits est centrée sur la volonté
et la capacité des clients de rembourser, plus que sur les actifs
pouvant être saisis en cas de non-remboursement. Même si certaines
institutions de microfinance prennent des garanties matérielles en
dépôts, ces derniers constituent rarement le fondement de leurs
décisions d'octroi de crédit.
Ainsi, dans les méthodologies de crédit, il se
classe deux groupes : les modèles de crédits individuels
et les modèles de crédit de groupe. Les
modèles de crédits individuels recourent, lorsque c'est possible,
à des garanties matérielles, comme le nantissement des actifs,
terrains et constructions, tandis que les modèles de crédits de
groupe recourent à des groupes solidaires, composés
généralement de quatre à six membres, qui sont voisins, ou
qui exercent des métiers dans le même quartier ou dans le
même secteur d'activité. L'historique de toutes ces
méthodologies est présenté dans ce qui suit.
I.3.4.1. Aperçu historique
21 BANQUE CENTRALE DU CONGO, Etat des lieux de la
micro finance en R.D.C., Kinshasa, B.C.C., 2003, pp. 8-12.
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Il est généralement reconnu que l'histoire de la
microfinance en RDC se subdivise en quatre parties, à savoir :
- de la période coloniale à 1970 ;
- de 1970 à 1990 ; - de 1990 à 2003 ;
- de 2003 à nos jours.
a) De la période coloniale à 1970
Par le décret du 24 mars 1956, le législateur a
organisé la création et le fonctionnement des
sociétés coopératives indigènes, dont l'objet
social était de promouvoir, par la mise en oeuvre des principes de la
coopération, les intérêts économiques et sociaux de
leurs membres exclusivement.
Toutes les sociétés de type coopératif,
y compris les coopératives d'épargne et de crédit,
étaient assujetties à cette loi et placées sous tutelle du
gouverneur de Province. Durant cette période, aucune structure
financière de proximité formelle d'initiative privée n'a
été agréée. Par contre, le colonisateur avait
créé la Caisse d'Epargne du Congo, institution de droit public,
afin de collecter les petites épargnes. Cette institution n'ayant pas
été considérée comme faisant partie des
systèmes financiers décentralisés, ne fera pas l'objet de
cette étude. Après l'indépendance, en 1969
précisément, la première COOPEC congolaise, la caisse
populaire coopérative, fut créée à Mbuji Mayi, mais
son expérience ne fut pas concluante, faute de cadres
compétents.
b) De 1970 à 1990
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Cette période est caractérisée par
l'émergence des coopératives d'épargne et de
crédit, en raison de l'accessibilité des services offerts aux
membres et de l'implantation de ces coopératives dans les milieux les
plus reculés du pays et dépourvus de banques. Toutefois, faute
d'un cadre légal spécifique, ces coopératives continueront
à se conformer aux dispositions du décret de 1956 et, de ce fait,
seront placées sous la tutelle du Ministère du
Développement Rural.
Le mouvement coopératif congolais se développera
autour de trois principaux foyers : Basankusu, en 1970, Bukavu et Kinshasa, en
1971, avec la création du réseau fédération des
caisses populaires de LUYMAS/CECO. Dès ce moment, le mouvement s'est
répandu sur tout le territoire national, et plus sensiblement à
Kinshasa et dans les provinces du Bas-Congo, du Bandundu et du Kivu.
La structure des COOPEC congolaises est
caractérisée par une organisation à trois niveaux : le
niveau primaire (COOPEC), le niveau secondaire (centrale ou COOCEC) et le
niveau tertiaire (union ou fédération). Les COOPEC se chargent de
la mobilisation de l'épargne et de l'octroi des crédits aux
membres. Les centrales regroupent plusieurs COOPEC dont celles de
représentation et de coordination des activités du
réseau.
En 1987, les coopératives détenaient
l'équivalent de 7% de l'épargne du secteur bancaire. Elles
étaient, pour la plupart, des affiliées à des centrales,
regroupées à leur tour, au niveau national, à une union
des coopératives centrales d'épargne et de crédit.
En 1989, l'UCCEC supervisait cinq réseaux provinciaux,
totalisant 145 coopératives primaires, 274389 membres et 4.9 millions de
dollars américains d'épargne.
c) De 1990 à2003
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Pour rappel, depuis 1991, le contexte socio-économique
et politique difficile, caractérisé notamment par les pillages,
l'hyper-inflation, la prise des mesures monétaires incohérentes
et l'instabilité politique, a contribué à fragiliser le
système financier en RDC, et particulièrement les COOPEC. Ainsi,
les coopératives ont perdu, entre 1991 et 1993, près de 80% de
leur clientèle et 66% des fonds placés dans les banques de
dépôts, justifiant ainsi le climat de méfiance entre les
coopératives et leurs membres.
Aujourd'hui, la plupart des COOPEC se sont regroupées
en 15 centrales et ont adhéré à deux structures
faîtières de 3ème niveau, à savoir
l'Union des Coopératives Centrales d'Epargne et de Crédit et la
Confédération nationale des Coopératives d'Epargne et de
Crédit. Les institutions de microfinance, autre que les COOPEC, se sont
développées en RDC vers les années 1990, dans le secteur
informel. Elles sont l'oeuvre, dans leur quasi-totalité, des
organisations non gouvernementales et d'initiatives locales de
développement.
d) De 2003 à nos jours
L'environnement microfinancier congolais s'est sensiblement
modifié avec l'arrivée sur le marché des structures
professionnelles, généralement issues de programmes avec les
partenaires au développement. Ainsi, la coopération canadienne,
dans le cadre de l'exécution du programme de renforcement des services
financiers adaptés aux besoins des femmes de la RDC, par son agent
d'exécution SOCODEVI, a créé deux mutuelles
d'épargnes et de crédit à Kinshasa. Ces mutuelles
d'épargne et de crédit ont été
agréées par la Banque Centrale du Congo le 19 novembre 2003.
Il y'a également lieu de relever que l'USAID, dans le
cadre de la promotion du secteur de la microfinance congolais, a amené
des ONG internationales, telles que la FINCA et l'HOPE international, à
s'installer à Kinshasa. Avec le concours de SOCODEVI, l'USAID a
cofinancé la création de deux mutuelles d'épargne et de
crédit à Kikwit et à Mbandaka.
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