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La microfinance et le développement socio-économique de la ville de Kinshasa. Cas de la coopec ceac/matete.

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par MEILLEUR BASEMA KOMANDA
Université catholique du Congo (UCC) - Licence 2008
  

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I.3.4.2. Situation actuelle

La crise économique, qui sévit en RDC depuis plus d'une décennie, a laissé des séquelles sur le système financier de ce pays :

- la faillite des banques commerciales, contrôlées par l'Etat, et l'essoufflement de celles à capitaux privés ;

- la réduction significative des activités des institutions financières non bancaires ;

- le ralentissement sensible de l'activité des COOPEC en matière de collecte de l'épargne et de distribution de crédits.

En outre, un bref aperçu de l'organisation du système bancaire congolais a permis de dégager deux constats : une couverture bancaire insuffisante du pays et des distorsions dans l'implantation provinciale des guichets des banques commerciales. Ces constats ont rendu pressant la nécessité de promouvoir des structures alternatives de financement capables d'assurer la mobilisation de la petite épargne, d'octroyer des microcrédits en milieu rural et urbain défavorisés, et de créer des conditions d'une insertion progressive du secteur informel dans l'économie formelle.

Par ailleurs, de nombreux ménages, confrontés au problème de proximité, ont entrepris des nouvelles activités capables de générer des revenus. Cette situation les a amenés à concevoir des microprojets en quête de micro financements. En réponse à ces attentes, on a assisté à l'éclosion d'une catégorie d'institutions chargées de mobiliser des ressources, tant internes qu'externes, et capables d'octroyer des micros crédits. Ces institutions ont commencé à offrir des services financiers de crédits et / ou d'épargne aux personnes les plus démunies et ne pouvant accéder aux avantages du système bancaire classique.

De manière générale, les acteurs impliqués dans ce secteur en République Démocratique du Congo sont :

- des individus ou des groupes de base bénéficiaires des services de micro finance ; - des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) formels et semi- formels ;

- des bailleurs de fonds qui interviennent soit dans la promotion de ces SFD au niveau du renforcement des capacités, soit dans les actions desdits SFD sur terrain, par l'octroi de financement ;

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- le gouvernement, en l'occurrence le Ministère de l'Industrie, Petites et Moyennes entreprises et la Banque Centrale du Congo.

Les institutions du système financier décentralisé opérant en RDC offrent plusieurs types de produits financiers et le travail abattu par elles a donné au secteur de la microfinance une grande ampleur, en raison notamment de sa capacité de créer des emplois et des revenus.

Pour illustrer ces propos, voyons quelques éléments structurels tirés de l'enquête menée par la Banque Centrale Congo auprès des institutions financières de proximité de la ville-province de Kinshasa et des provinces du Bandundu et du Bas Congo, au 30 juin 2005. En ce qui concerne la répartition géographique du crédit, les zones urbaines sont desservies à concurrence de 97% contre 3% pour les zones rurales. Quant à la distribution par secteur d'activité, l'enquête révèle que 66% des crédits sont alloués au secteur commercial, 16% à l'agriculture et 18% aux autres secteurs.

Enfin, l'approche « gender » donne une répartition de l'ordre de 39% des crédits aux hommes contre 61% aux femmes. L'épargne mobilisée par ces institutions au cours de ce même exercice s'élève à CDF 308.4 millions et le volume de crédit distribué se chiffre à CDF 665 millions, dont 415.9 millions au moins provenant des bailleurs de fonds.

Hormis les trois provinces dont il est question dans le paragraphe précédent, à l'Est de la RDC, la population, appauvrie par la crise que traverse le pays, a développé de nouveaux comportements, parmi lesquels des mécanismes financiers, qui lui ont permettent de survivre.

En effet, à l'Est de la RDC, particulièrement au Kivu, les acteurs de l'économie populaire s'étaient mis en intense activité pour résister dans un contexte social et macroéconomique désastreux.

On peut ainsi remarquer entre autres :

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- de petits marchands qui vendent la journée en monnaie locale, et apprenant à garder le soir la marchandise en lieu et place de la monnaie qui, le matin suivant, peut dévaluer. Cet exercice a été renforcé par la libéralisation du dollar, une monnaie stable, qui a succédé au stockage des produits ou de la marchandise. Aujourd'hui, dans certains milieux, les prix se fixent en dollar ;

- de petits commerçants qui s'organisent en tontines pour s'octroyer des crédits rotatifs ; - des groupes qui mettent sur pied un système de « Likelemba » ou « Kinkudimba »

(ristourne) pour des avances rotatives et pour la constitution d'une petite caisse

commune gardée par un membre ;

- le recours au système de troc et de crédit en nature a pris de l'ampleur au sein des groupes et des associations dans plusieurs milieux (ex : crédit tôle remboursable en café, crédit chèvre remboursable en chèvre, crédit matériel remboursable en nature...) ;

- des ONG, associations et églises introduisent des crédits sociaux dans les milieux frappés par des calamités (ex : habitat à Goma, femmes violées, sidéens, démobilisés et les enfants de la rue) ;

Ces multiples initiatives de lutte quotidienne de la population pour la survie sont devenues propices au développement des microsystèmes financiers. Différents acteurs bâtissent des mécanismes (monétaires et non monétaires) réalistes et ajustés aux activités économiques et financières de la population à la base.

De ces mécanismes naissent de nouvelles formes de services microfinanciers à la base offertes par des églises, des organisations d'appui laïque, des fédérations d'organisation de base, des partenaires extérieurs et même des organismes humanitaires. Une enquête menée sur 9 organisations révèle que ces dernières encadrent pour le moment 7.080 groupes emprunteurs clients d'en moyenne 7 personnes. Cela signifie qu'à l'heure actuelle, plus de 35.400 personnes travaillent avec ces crédits. Ainsi, 247.800 personnes bénéficient directement des actions de ces organisations pour un montant de 2.891.159 dollars. Ces chiffres, bien que partiels, montrent un certain dynamisme dans le secteur de la microfinance et prouvent à suffisance que ce secteur est porteur d'espoir et qu'il mérite une attention particulière de tous.

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Structure d'encadrement et encadrement institutionnel

En vue de trouver des solutions aux problèmes qui leur sont communs, ces coopératives et d'autres institutions de microcrédits, ont des réseaux d'encadrement tels que :

- Le réseau groupe d'acteurs de microfinance de sud-ouest, GAMF en sigle, qui est un réseau local ;

- Le Regroupement des Institutions du système de Financement Décentralisé au Congo, RIFIDEC en sigle, une émanation de la coopération technique allemande, créé en l'an 2000 et qui poursuit deux principaux objectifs, à savoir :

1. Assurer la défense des intérêts des opérateurs du système de financement décentralisé ;

2. Renforcer les capacités institutionnelles de ses membres à travers des formations des échanges d'informations, des appuis techniques et des conseils. - Le forum de la microfinance du Bas- Congo, FOMIF Bas- Congo en sigle ; - Le forum de la microfinance du Bandundu, FOMIF Bandundu en sigle.

Ces deux derniers ont pour but de :

1. Défendre et protéger les intérêts des systèmes financiers décentralisés ;

2. Fournir un cadre de formation, d'information et d'étude ;

3. Construire une vision commune et élaborer un plan pour le développement efficient de la microfinance dans la province ;

4. Améliorer le taux de pénétration.

L'encadrement institutionnel est assuré par la Banque Centrale du Congo. En effet, le secteur de la microfinance est devenu un outil d'émancipation économique et social. L'institut d'émission, par la sous direction chargée de la microfinance, mise en place au mois de septembre 2000, a résolu d'y porter un intérêt particulier. C'est ainsi qu'il a été assigné à cette dernière les missions ci-après :

22 RIFIDEC, Rapport annuel des activités 2007, kinshasa, juillet 2007, pp. 11-15.

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- Dresser le diagnostic du secteur et constituer une base de données fiables et actualisées ;

- Vérifier et contrôler la conformité des opérations aux instructions réglementaires y relatives ;

- S'assurer de la régularité de la gestion interne et de la conformité des activités des institutions du système financier décentralisé aux dispositions légales en la matière.

Par ailleurs, à côté de ses missions de supervision, de contrôle et de réglementation du secteur, la Banque Centrale du Congo poursuit entre autres les objectifs spécifiques suivants :

- La promotion, la rationalisation et la rentabilisation du secteur de la microfinance en RDC ;

- La création d'un système financier de proximité capable de collecter la petite épargne et d'octroyer des micros crédits, sur une base durable, aux micros entrepreneurs et aux ménages à faibles revenus.

Ainsi, pour remplir valablement ses tâches et atteindre les objectifs lui assignés, la sous direction de la microfinance a arrêté un certain nombre de stratégies destinées à :

- Formaliser le secteur de la microfinance en le dotant d'un cadre légal et réglementaire

cohérent et adapté à ses exigences ;

- Assurer l'accessibilité au financement à un nombre élevé de bénéficiaires ;

- Pérenniser les IMF par l'application de pratiques financières saines ;

- Professionnaliser les acteurs du secteur de la microfinance.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo