I.3.3. Tendances
La microfinance n'est pas une panacée. Elle est une
stratégie générale pour réaliser une fin, avec ses
limites et ses points forts. Elle contribue actuellement à
l'éradication de la pauvreté, particulièrement au travers
de la conscientisation des populations cibles pour leur prise en charge par
elles-mêmes en vue de choisir quand et comment accéder aux autres
services de développement, tels que les soins de santé,
l'éducation et l'alimentation et, ainsi, arriver à établir
« un filet de sécurité », qui les empêcherait de
redevenir vulnérable.
Dans la catégorie des pauvres, on s'accorde à
identifier les plus pauvres, qui sont économiquement non actifs. Ils
sont des destitués socio-économiques, tels que les malades du
20 CMIF/ASBL, op. cit., p. 4.
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SIDA et les blessés de guerre, qui n'ont pas la
capacité physique de se prendre en charge. Par contre, les pauvres qui
sont économiquement actifs sont des pauvres parce qu'ils manquent
d'opportunités financières afin de sortir de la
pauvreté.
Ainsi, à chacune de ces catégories correspond un
produit financier, qui lui est propre et efficace, en vue d'aider la population
cible à sortir de la pauvreté, selon une méthodologie
particuliere. Au début de la stratégie de la microfinance, la
catégorisation des pauvres était inconnue ; actuellement,
l'objectif de combiner l'efficacité et la durabilité face aux
objectifs sociaux s'avère important. Le débat économique
se situe, au coeur du conflit politique, sur la question de
l'inégalité et de la redistribution.
D'une part, il y a l'action publique de redistribution, qui
doit pénétrer au coeur du processus de production, pour remettre
en cause la façon dont les forces du marché déterminent
les profits appropriés par les détenteurs des capitaux, et les
inégalités entre les populations cibles en s'appropriant les
moyens de production des riches pour les donner aux pauvres. D'autre part, la
position libérale dit que, seules, les forces du marché,
l'initiative individuelle et la croissance de la productivité permettent
véritablement d'améliorer, dans le long terme, les revenus et les
conditions de vie, en particulier celles des plus pauvres, et donc l'action
publique de redistribution, outre qu'elle doit être de taille
modérée, doit se limiter à des outils interférant
le moins possible avec les mécanismes vertueux des forces de
marchés.
D'où, la microfinance peut se subdiviser en
microfinance sociale et en micro-finance commerciale. La
microfinance sociale est une sorte de microfinance subventionnée par les
bailleurs de fonds et les gouvernements en vue de réaliser un objectif
social, celui d'éradiquer la pauvreté. Les moyens qui y sont
pourvus sont limités et la prise en charge des populations cibles est
mal assurée, minimale et éphémère, par manque de
ressources.
Ainsi, les impératifs relatifs au développement
des institutions de microfinance viables et durables ont contraint les
chercheurs à rechercher l'amélioration de la productivité
et l'efficience contre des objectifs sociaux. Ce faisant, s'est
développé alors la microfinance commerciale.
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Actuellement, la microfinance est entrain de devenir plus
commerciale avec pour objectif la recherche du profit. Certains critiques ne se
gênent pas de dire que l'objectif relatif à la recherche du profit
va détourner les institutions de microfinance de l'objectif noble de
« lutte contre la pauvreté ».
Aujourd'hui encore, la concurrence s'est installée dans
le secteur de la microfinance, avec pour conséquence la réduction
des taux d'intérêts. Ce secteur a également pour
mérite d'induire des mutations à la base et celui d'avoir des
plus grands effets d'entraînement en créant tant un maillage
économique dans le pays que des infrastructures ou de gros projets
industriels profitant rarement aux plus pauvres.
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