III-COMPREHENSION DU SUJET
La sécurité alimentaire n'est pas en soi un
concept agricole mais un concept social qui exprime des jugements de suffisance
ou de dépendance alimentaire. Cependant on distingue des
définitions statistiques utilisées dans les recueils de
données statistiques. Ceux-ci donnent des informations sur les
quantités de vivriers afin de déterminer les volumes des flux
alimentaires et les définitions géographiques fondées sur
l'analyse de l'espace MORGAN, W. (1997). Ainsi, faire une
« Etude géographique » de la
sécurité alimentaire revient à faire une évaluation
en relation avec l'espace d'étude, des disponibilités ; de
l'accessibilité alimentaire ; de l'utilisation et bien entendu de
leur stabilité dans cet espace. L'étude se dérouler dans
le Nord-Ouest de la Côte d'Ivoire, espace que nous avons voulu faire
échapper aux contingences administratives.
Au regard des éléments susmentionnés, on
peut donc retenir que « Etude géographique de la
sécurité alimentaire dans le Nord-Ouest de la Côte
d'Ivoire. » est une invite à nous pencher sur l'analyse
spatiale de la réalité de la question alimentaire dans cette
région.
IV-LA REVUE DE LA LITTERATURE
La question de la sécurité alimentaire suscite une
profonde analyse fondée sur la connaissance des écrits
antérieurs concernant le sujet.
1-Définition et historique du concept de la
sécurité alimentaire
Le concept de sécurité alimentaire a beaucoup
évolué depuis la conférence mondiale de l'alimentation
tenue à Rome en 1974. A l'époque, on s'attachait essentiellement
à le définir comme l'adéquation entre les
disponibilités alimentaires nationales et les besoins
énergétiques de la population. En somme, à quelques
nuances près, elle s'apparentait à l'auto-suffisante alimentaire
au niveau national (FAO, 2002). Pourtant, si cette condition est
nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire, elle est
loin d'être suffisante. Ainsi, dans les dix années suivant la
conférence, le concept s'est enrichi des questions de la
stabilité, des disponibilités et de l'accessibilité des
ménages et des individus. Ensuite, à partir de 1985, on l'a
considéré comme partie intégrante de l'ensemble du
complexe qu'est la sécurité des moyens d'existence. Et donc les
façons de mesurer la sécurité alimentaire ont
évoluées avec le concept afin de prendre en compte la
vulnérabilité alimentaire. Ainsi, d'une mesure classique de
l'adéquation de l'apport aux recommandations en termes de qualité
énergétique, on a évolué vers la recherche d'une
mesure de l'adéquation en termes de qualité nutritionnelle,
mais également d'acceptabilité culturelle, de cohérence
avec les habitudes alimentaires et d'auto-détermination. L'accent a
été mis sur l'évaluation du niveau
d'insécurité alimentaire ressentie qui met l'individu au centre
telle qu'il la ressent et face à laquelle il va réagir. Pour
résumer, Becquey et Martin-Prevel (2007) identifie trois niveaux
d'évolutions dans le concept de sécurité alimentaire ces
trente dernières années. Il est parti du niveau national exclusif
au niveau individuel et du ménage ; glissement d'une perspective
strictement alimentaire à une perspective concernant les moyens
d'existences, d'indicateurs objectifs à une perception subjective.
Ainsi, partant de ces considérations historiques, les organisations du
système des nations unies comme le FAO et la Banque Mondiale ont
donné une définition du concept de sécurité
alimentaire.
Figure 2 : Cadre conceptuel de la
sécurité alimentaire
Source : FAO, 2002
Ainsi, la définition de la FAO a été
adoptée au sommet mondial de l'alimentation tenu à Rome en 1996
et qui, depuis lors, fait de cette notion son cheval de bataille. Ces
organisations la définissent comme la situation dans
laquelle « tous les être humains ont à tout
moment, un accès physique et économique à une nourriture
suffisante saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins
énergétiques et leurs préférences alimentaires pour
mener une vie saine et active». A la suite de la FAO, le PAM a aussi
pris cette définition à son compte et engage des programmes dans
le sens de réaliser cet objectif. La définition de la Banque
Mondiale est très voisine de celle adoptée par la FAO. Pour elle,
la sécurité alimentaire est l'accès de tous les individus
à tout moment à suffisamment de nourriture pour mener une vie
saine et active. Selon la Commission Européenne (2009), la
sécurité alimentaire comprend quatre piliers qui sont : la
disponibilité physique des aliments, l'accessibilité
économique et physique des aliments, l'utilisation de la nourriture et
enfin la stabilité de l'approvisionnement alimentaire dans le temps et
dans l'espace. Ainsi, la disponibilité physique des aliments pour tous,
implique une offre suffisante de denrées alimentaires de manière
à répondre aux besoins de tous grâce à la production
agricole nationale, la distribution et les importations, ainsi que des
politiques locales ou nationales, adéquates dans ces secteurs;
l'accès économique et physique à la nourriture, aux
besoins de base (santé, éducation, etc.) et aux ressources
adéquates. Elle implique des marchés stables, des prix
accessibles aux populations locales, des revenus décents et un pouvoir
d'achat suffisant permettant aux ménages de subvenir à leurs
besoins alimentaires. Le paradoxe de l'insécurité alimentaire est
qu'il s'agit moins d'une insuffisance globale de la quantité de
nourriture produite que d'un problème d'accès. Il peut y avoir
insécurité même dans des régions qui ont connu une
croissance économique élevée, si les prix du
marché sont trop élevés pour les ménages
vulnérables. De même, si des pays disposent de stocks alimentaires
suffisants, la précarité voire l'absence de réseaux de
transports peut empêcher l'acheminement des denrées dans certaines
zones en déficit.
S'agissant de l'utilisation de la nourriture, il s'agit de
fournir une alimentation adéquate et équilibrée de nature
à satisfaire les besoins physiologiques (nutrition) des populations pour
leur permettre de mener une vie saine et active. Une bonne utilisation des
aliments suppose un équilibre nutritionnel et un apport suffisant en
micronutriments (vitamines, minéraux...).
Enfin la stabilité de l'approvisionnement alimentaire
dans le temps doit garantir que l'accès à la nourriture ne sera
menacé ni par l'émergence de chocs soudains (crise
économique ou climatique), ni par des événements cycliques
(insécurité alimentaire saisonnière). Ainsi la
sécurité alimentaire est un concept multidisciplinaire qui inclut
des dimensions économiques, politiques, démographiques, sociales
(discrimination à l'accès à la nourriture), culturelles
(habitudes alimentaires) et techniques. Pour l'atteindre, il est indispensable
de prendre également en compte le rôle de facteurs non
alimentaires. Comme le montrent Bekoloh et Gerster-Bentaya (2006), la
sécurité alimentaire est influencée par deux facteurs
à savoir physique et temporel. Le facteur physique détermine les
flux alimentaires : disponibilité accessibilité ? usage
et utilisation. Le facteur temporel se rapporte à la stabilité
affectant les trois éléments physiques. On peut donc retenir que
la sécurité alimentaire est un ensemble intégré de
quatre éléments indissociables et sont considérés
comme les facteurs-clés de la sécurité alimentaire et sont
associés aux avoirs des ménages, à leurs stratégies
de subsistance et à l'environnement politique, social, institutionnel et
économique.
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