? Titre foncier
C'est un document officiel attestant de la
propriété de quelqu'un sur un terrain. Ce titre n'existe pas
nécessairement dans tous les pays. Il apparaît dans les pays
où le droit de propriété est reconnu par l'autorité
administrative. Quand le principe de l'immatriculation est appliqué
comme c'est le cas au Cameroun et dans les anciennes colonies
françaises, le titre foncier est une copie de l'inscription des droits
du propriétaire au livre foncier.
? Stratégie
Brunet R et Ferras R., dans les mots de la
géographie, (2003) : définissent le concept de
stratégie comme l'art de parvenir à un but par un système
de dispositions adaptés. Étymologiquement, stratégie vient
du mot grec stratos'' qui signifie armée
.Stratégie implique un bilan, et passe par des tactiques du lieu ou de
l'instant. La stratégie comporte quelques ficelles sûres,
disponibles dans tous les bons hasards : exemple de la sûreté du
reste de la terre. Aussi Brand et Durousset (2002), l'appréhende t'elle
comme l'ensemble des jugements, des pratiques et des tendances des ruraux
devant une situation préoccupante. C'est dans ce sens que nous abordons
le concept de stratégie dans le cadre de ce travail. En effet, en
l'appliquant à la géographie, nous définissons la
stratégie comme le plan d'action coordonné, la conduite
générale élaborée et à tenir pour faire face
à un obstacle, une difficulté, ou pour conduire les
opérations économiques, géographique de grande envergure.
Les stratégies apparaissent alors ici comme les avantages
décisifs que les populations rurales se créent dans
15
le but de s'adapter à nouveau à la recomposition
des espaces ou alors les moyens élaborés, conçus ou alors
les techniques utilisées par les paysanneries afin d'accéder au
foncier en vue du développement des systèmes de productions.
Concept
Stratégie
Dimension
Économique
Typologie
Spatiale
politique
-Stratégie d'accès aux
terres
-Stratégie d'accès aux
plantations
Variable
systèmes de production
- Achat
- Métayage - Fermage -
Donation - Héritage
Indicateur
Tableau n°2: Opérationnalisation du
concept de stratégie
- Différents types de
? Précarité foncière
Selon Jean Bonnal (1995), un droit foncier est précaire
lorsqu'il ne permet pas aux exploitants de s'engager dans des actions ayant des
effets à long terme, par exemple la plantation d'arbre. Elle se traduit
par les droits de culture accordés temporairement (les contrats de
courte durée à l'instar des prêts et locations annuels ou
saisonniers) ou provisoirement de part et d'autre par la cession de droits de
cultures annuelles ou saisonnières qui s'opposent aux droits de planter.
Les auteurs tels que Philipe Lavigne-Delville (2001) ; Bakayogo Nouhoun (2003)
; François Jarrige (2003) (Bachir Doucoure (2004) sont du même
avis que J. Bonnal.
Par ailleurs un exploitant est en situation foncière
précaire lorsque les contrats de courte durée dont il
bénéficie ne sont pas reconduits régulièrement ou
si en cas de rupture, il ne peut plus relativement en bénéficier
ailleurs, c'est-à-dire accéder à une nouvelle parcelle
agricole
16
(Philipe Lavigne-Delville (2001). De tout ce qui
précède, l'on parle de précarité foncière
lorsque les droits d'usage sur la terre sont de courte durée ou lorsque
ces droits, malgré leur caractère permanent ne permettent pas la
mise en place des cultures pérennes et par ricochet ne garantissent pas
l'accès régulier ou définitif sur une parcelle
agropastorale.
Cadre théorique de la recherche
Une théorie est censée expliquer ou alors
confirmer un fait. En effet, dans le cadre de cette étude nous avons
fait appel à quelques théories pour nous permettre une meilleure
lecture non seulement des rapports sociaux qui existent entre les
différents acteurs, entre ces acteurs et la terre, mais aussi pour nous
permettre d'appréhender l'espace d'application de cette étude.
- La théorie de la formation socio-spatiale de
Guy Di Méo selon laquelle « La géographie
sociale s'efforce de proposer des méthodes de conceptualisation et
d'identification d'analyse et de compréhension de tels
espaces/territoires ». Cette recherche de logiques constitutives, de
détermination des forces, des seuils et des discontinuités qui
structurent l'espace se rapproche de la démarche qui motive le jeune
chercheur que nous sommes. Ainsi donc : La formation socio-spatiale
est une grille détaillée de lecture du territoire qui se
décompose en quatre instances.
? Les instances géographiques et économiques
relevant de l'infrastructure.
? Les instances idéologiques et politiques relevant de
la superstructure.
Ces quatre instances se combinent de manière
dialectique pour former la Formation Socio-spatiale, et les rapports
dialectiques de l'infrastructure et de la superstructure créent la
spécificité qui fonde le territoire. Dans notre travail, cette
théorie nous permettra d'appréhender les différentes
interrelations et les corrélations qui se créent tout autour des
anciennes plantations et nous permettra de mieux cerner les rapports
qu'entretiennent les populations avec leurs terres.
? La théorie des maîtrises
foncières d'Etienne Le Roy : celle-ci décompose la
notion de possession d'une ressource en ses différentes dimensions .En
ce qui concerne la terre, elle renvoie à deux niveaux de maîtrises
de la ressource foncière : -« la maîtrise de l'usage »de
la terre et la « maîtrise du contrôle de l'usage » de la
terre. La « maîtrise de l'usage » de la terre se
décompose à son tour en deux maîtrises principales : «
l'accès à la ressource » et le «
prélèvement de la ressource ». Au niveau supérieur,
on a la « maîtrise du contrôle de l'accès à la
ressource ». Celle-ci se décompose en deux maîtrises : «
la gestion de la ressource » qui
17
est la capacité d'autoriser et d'organiser,
l'accès, le prélèvement et le « pouvoir d'exclure
» qui est la capacité d'interdire l'accès et le
prélèvement. Ce dernier était détenu par des «
maitres de la terre »ou des « chefs de terre ». A ces
différentes maîtrises s'ajoute une autre : « le droit
d'abusus » ou « d'aliénation », qui interviennent quand
la terre devient un bien ayant une valeur marchande. Cette théorie
s'appliquera dans ce travail, dans la mesure où, elle va nous permettre
de mieux comprendre le cadre de la propriété foncière tout
autour et au sein même, des anciennes plantations coloniales.
? La théorie de la propriété de
John Locke : d'après celle-ci, il existe trois façon
d'acquérir la propriété d'une terre à la limite du
monde connu, là où les terres n'ont jamais appartenu à
personne, on les conquiert en apportant son travail à la terre en
friche, en clôturant et en défendant son titre de
propriété. Le moyen habituel pour hériter d'une terre dans
une zone colonisée est le transfert de titre, c'est-à-dire,
recevoir les titres des mains du propriétaire précédent,
ici le concept de « chaine de titre » est important, la preuve en est
que l'on peut toujours remonter cette chaine jusqu'au propriétaire
originel, qui a conquis le terrain. Enfin, cette théorie prévoit
le cas où, un titre de terrain serait perdu ou abandonner par exemple,
si le propriétaire meurt sans héritier. Ainsi, une étendue
de terrain laissée en friche peut être réclamée par
une partie adverse qui s'y installe, l'aménage et la défend comme
dans le cas d'une conquête. Cette théorie appliquée dans
notre travail renchérira davantage la compréhension de la notion
de l'appropriation foncière dans le département du Noun, mais
aussi au sein des terroirs tout autour et dans les ex-plantations
coloniales.
Les différentes clarifications conceptuelles et
théories utilisés dans le cadre de ce travail nous ont permis non
seulement de faire une lecture des rapports entre les individus au sein d'un
groupe social mais aussi une meilleure compréhension du régime
foncier en pays Bamoun en général et dans les plantations de la
C.O.C en particulier, de façon à prévoir des
améliorations futures si ces théories tendraient à ne plus
être applicable dans ce contexte.
17
Question de recherche
|
Objectif de la recherche
|
Hypothèse de recherche
|
Plan sommaire du mémoire
|
Méthodes/
Outils de la recherche
|
Q.p. Quels sont les enjeux fonciers
|
O.p. comprendre les réels
|
H.p. Le contexte
|
|
Données primaires et
|
actuel tout autour et dans les
plantations de la C.O.C?
|
motifs qui poussent les
paysans à accéder aux terres
|
d'implantation des paysans et les modalités de reprises
de
|
Introducti on
|
secondaires,
questionnaire, interview, récits
|
|
dans les plantations de la
|
cette plantation par les
|
générale
|
de vies, Cartes, Google Earth
|
|
C.O.C.
|
nationaux traduisent la
précarité foncière''
observée.
|
|
Pro 2015, Open Street Map, ARCGIS, G.P.S Garmin 1.4
|
Q.s1Que deviennent les titres
fonciers hérités de la colonisation?
|
O.s1Analyser et comprendre les logiques paysannes au
travers l'étude de la situation foncière
actuelle à
la C.O.C. et de la
clarification des titres de
|
H.p1Les multiples conflits à caractères
sanglants enregistrés sur ce domaine ont entrainé le
dépérissement de cette
plantation industrielle et
explique l'envahissement
|
1
|
Questionnaire, interview,
photos,
figures, tableaux, observations,
cartes, SPSS, caméscope, Quantum Gis 2.12, ARCGIS,
Adobe Illustrator 2015
|
|
propriété de ce domaine.
|
illicite de ce domaine.
|
|
Microsoft office Word et Excel
|
|
|
|
|
2013...
|
Q.s2Qui sont les acteurs fonciers à la C.O.C (quand et
comment sont-
|
O.s2Identifier les acteurs et
décliner leurs jeux dans
|
H.p2L'absence de clarification
claire, des droits d'accès et
|
|
Questionnaire, interviews,
photos,
|
ils arrivés et quels droits avaient-ils
|
l'acquisition des terres tout
|
d'usage au moment de
|
|
figures, tableaux, récits de vie
|
sur la terre)?
|
autour et dans les
plantations de la C.O.C.
|
l'implantation des paysans
explique en partie les conflits observés
|
2
|
observations, Cartes, SPSS, caméscope, Quantum Gis
2.12,
Adobe Illustrator 2015, ARCGIS
|
|
|
|
|
Microsoft office Word et Excel
|
|
|
|
|
2013...
|
Q.s3Quelles peuvent être les
conflits de gouvernance afférente à
de telles situations dans un
contexte de décentralisation, de
|
O.s3Eclairer sur les conflits
de gouvernance foncière locale dans le cadre de la
décentralisation par le biais
|
H.p3Les principes de
gouvernance dans le cadre de
la Décentralisation avec
l'apparition des nouveaux
|
|
Questionnaire, interviews,
photos,
figures, tableaux, observations, récits de vie.
|
domination et de monétarisation de
|
des acteurs en présence
|
acteurs institutionnels de
|
3
|
Quantum Gis 2.12, Adobe
|
la terre?
|
|
gestion du foncier dans cette
localité expliquent les
différents rapports de force observée.
|
|
Illustrator 2015, ARCGIS Microsoft office Word et Excel
2013...
|
18
Tableau n°3 : vue synoptique des outils et
méthodes de la recherche
19
Méthodologie
Le choix de la thématique abordée dans ce
mémoire n'est pas anodin et mérite quelques précisions.
Premièrement, le Master 2 recherche en
géographie Pays Émergents et en Développement de
l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne offre une grande
liberté dans leurs orientations thématiques. Le sujet
présenté ici est donc un choix tout à fait personnel, mais
ayant été influencé par deux facteurs majeurs à
savoir notre positionnement dans le champ scientifique et notre vécu
quotidien.
? Au plan scientifique, nous avons pour ambition d'emboiter le
pas à de nombreux auteurs qui ont consacré leurs travaux aux
études foncières. En effet, qu'ils soient juristes, historiens,
anthropologues, géographes, politologues ou économistes, nombreux
sont ceux qui se sont penchés sur ces questions. Non pas parce que les
autres domaines de la recherche ne sont pas en fait intéressants, mais
surtout parce que ces questions sont devenues, une réalité connue
de toutes les sociétés. Nous aborderons ces questions cette
fois-ci dans une perspective conflictogène dans une
société rurale en pleine mutation et aux enjeux fonciers
colossaux, mais partant plutôt de la situation foncière dans les
anciennes plantations coloniales et les enjeux afférents dans l'analyse
des systèmes fonciers ruraux, des systèmes de productions au sens
large du terme pour une meilleure compréhension des dynamiques villes
campagnes.
? Au plan du vécu quotidien, nous avons bien
évidemment été socialisé dans la
localité de Foumbot et ce, depuis notre tendre enfance
nous avons été témoin de nombreux conflits autour de la
terre issus des inégalités de partage des terres laissées
par les Nàssàh''16 comme nos parents ont
l'habitude de dire. Ce qui fait qu'une fois que nous avons abordé le
stade de la recherche universitaire, nous avons décidé
d'éclairer la lanterne sur ce problème crucial qui mine la
société qui est la nôtre, en termes de frein au
développement.
De la conjonction entre notre positionnement sur le champ
scientifique, notre vécu quotidien et l'intérêt que nous
avons pour les études de géographie, résulte notre
thématique : «Foncier et stratégies d'accès
et de contrôle dans les anciennes plantations coloniales au Cameroun:
l'exemple de la C.O.C ou le reflet d'un territoire en crise
».Cependant, cette position comporte un risque : L'attachement
affectif pour le sujet couplé à notre appartenance
16 Terme local qui signifie : blanc
20
ethnique, car nous sommes Bamoun, pourrait nous faire perdre
de vue les enjeux spatiaux et universitaires du travail. Il sera donc important
de conserver en permanence le point de vue et les réflexivités du
géographe.
Le choix du terrain
La détermination de notre terrain répond
à plusieurs critères et impératifs.
Tout d'abord sur le plan académique, l'un des enjeux
majeurs du Master recherche Pays Émergents et en Développement de
l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne est l'étude et la
compréhension des questions et problèmes que l'on rencontre dans
les pays en Voie de Développement, par conséquent le terrain doit
nécessairement se dérouler dans un pays du sud, d'où le
choix du Cameroun.
Ensuite, notre fascination pour l'étude des dynamiques
Villes-Campagnes dans les pays du sud en générale et des
questions foncières en particulier soutiennent cette logique. En effet,
le monde rural africain en général et camerounais en particulier
est en pleine mutation : tout bouge, plus rien n'est statique. Le foncier rural
devient un enjeu majeur pour le développement des systèmes de
productions, non seulement pour se nourrir mais aussi pour approvisionner les
marchés locaux et régionaux voire sous régionaux,
l'agriculture se veut un impératif, tandis que les terres sont «
finies » en ville, le monde rural offre encore des opportunités en
matière foncière. Or, ce monde rural est encore sous l'emprise
d'une superposition de droit en matière d'appropriation et de gestion du
patrimoine foncier qui le maintien dans une situation de floue totale en termes
de règles et normes sensées régulées
l'appropriation et la sécurisation foncière dans cet espace. L'on
a en effet, des systèmes de gestion coutumière de la terre dites
traditionnels qui font de la terre un bien collectif inappropriable par un
individu auxquels se superposent des systèmes d'appropriation relevant
du droit moderne concrétiser avec l'établissement d'un titre
foncier selon la loi n°80/22 du 14 juillet 1980, portant répression
des atteintes à la propriété privée et domaniale,
que l'Etat camerounais se porte garant de préserver. Notre terrain en
est un bel exemple: les anciennes concessions coloniales
bénéficiant des titres fonciers, font l'objet de contestation de
nos jours et sont davantage prisent d'assauts par les paysans qui au nom de la
tradition revendiquent un droit dit « traditionnel » de gestion et
d'usage de la terre qu'il convient de clarifier.
C'est donc dans les arrondissements de Foumbot et Kouoptamo,
plus précisément dans les villages de Nkoupa're, C.O.C et
Nkou'omboum, villages sur lesquels s'étendent les plantations de la
Compagnie de l'Ouest-Cameroun sur une superficie totale de 2400 hectares, que
portera notre étude.
21
Carte 1 : Localisation des plantations de la
Compagnie de l'Ouest-Cameroun (C.O.C) Le protocole de
recherche
22
À ce stade et préalablement au terrain, un
protocole de recherche doit être établi. Celui-ci comporte des
objectifs, une problématique et des hypothèses
susmentionnés mais doit nécessairement reposer sur un choix
méthodologique comportant le choix et l'explication des outils de
collectes et de traitement des données.
? Les outils de collecte et de traitement des
données
Les outils méthodologiques qui ont utilisés pour
la rédaction de ce travail de recherche ne sont pas disciplinaire au
sens où, bien des sciences connexes à la géographie que
sont notamment l'anthropologie, la sociologie, l'économie pour ne citer
que celles-ci, peuvent être amenées à les mettre en oeuvre
dans leurs pratiques du terrain. Dans notre contexte précis, il s'agit
du terrain, ses enjeux à la fois méthodologiques et
théoriques qui constituent le terreau d'un dialogue interdisciplinaire
basé sur des convergences réelles. Ainsi le travail
effectué sur les plantations de la C.O.C qui s'étend sur trois
villages à savoir : C.O.C, Nkoupa're, Nkoundoumbain, mais donc le
spectre d'action s'étend aux localités de Foumbot et de Kouoptamo
(Mbankouop), a été fait suivant l'élaboration d'un
calendrier de recherche et couvrant une période de six mois pour la
collecte des informations. Celle-ci commença au début du mois de
Février et se termina au mois de juillet 2015. Ce travail s'appuie
d'ailleurs sur l'exploitation des sources d'archives, de données
écrites et statistiques, les levés de points au GPS pour
l'ensemble de la plantation et la situation des grandes infrastructures de
communication, d'un levé de parcellaire pour rendre compte de
l'occupation du sol par des systèmes de productions et autres
aménagements humains, combiné à cela l'utilisation des
fonds d'images Google Earth, Open Street Map et des fonds de cartes
préexistantes afin de réaliser une cartographie assez
précise de la plantation et de pouvoir localiser les espaces les plus
disputés. A cet effet les logiciels ArcGis et Quantum Gis ont
été fortement utilisés. Les entretiens entendus ici comme
situation particulière et artificielle ont été fortement
utilisés. Le contexte de son déroulement s'est fait de
façon privé, afin de rassurer les paysans de ce que nous
protégeons leurs anonymats. Ainsi nous avons effectué des
rencontres avec les paysans à la fois dans les champs et dans les
maisons d'habitations villageoises ; les données récoltées
contenant mais à part variable, des éléments
référentiels, dans notre cas précis, il s'agit de la
question foncière dans les plantations de la C.O.C, il a
été question à la fois d'obtenir de ces paysans, un
récit de vie, la narration et la nature des conflits fonciers mais aussi
bien la description des pratiques et normes locales qui régulent la
gestion et l'appropriation du patrimoine foncier. Au total c'est un
échantillon raisonné de deux cent paysans, hors mis les
autorités coutumières traditionnelles et administratives de ces
localités,
23
qui ont été enquêté ceci suivant
l'estimation du nombre d'agriculteurs de la localité de Foumbot
établie par le MINADER.
NOMBRES DE NOM DES VILLAGES
|
PERSONNES ENQUETES
|
Compagnie Ouest Cameroun
|
70
|
Nkou'omboum
|
30
|
Nkoupa're
|
40
|
Foumbot
|
30
|
Mbankouop
|
30
|
Total
|
200
|
Tableau n°4:
Récapitulatif des questionnaires guide- d'entretien
récoltés par villages parcourus
La phase théorique, où l'écrit
occupe une place particulière dans le dispositif
d'enquête sur le foncier, une étude réflexive et critique
des archives, ouvrages et documents qui traitent de la thématique du
foncier a été au préalable réalisée, afin de
mieux appréhender les textes de lois qui régissent le foncier au
Cameroun, d'avoir une idée sur la propriété et la gestion
foncière avant, pendant et après la colonisation dans ce pays en
général et sur le No man's land qui abrite notre plantation
d'étude. Cela nous a permis en outre, de cerner et de clarifier les
contours conceptuels et sémantiques du foncier, d'avoir une idée
sur la zone d'étude, le mode de vie et les histoires de vies des
populations dans cette zone. C'est au total, une trentaine de circulaires et
sources d'archives qui ont été consultés dans les locaux
du bureau national de archives de Yaoundé, du centre d'archives
d'Outre-mer de Montpellier, des arrêtés et ordonnances, de textes
juridiques qui ont été consulté dans les archives des
départements ministériels du MINDCAF, du MINATD et du MINADER,
des services d'arrondissement du MINDCAF, du MINADER et du MINATD de Foumbot
qui nous renseignes sur les législations foncières et domaniales
au Cameroun, son évolution à travers le temps et l'espace.
Les lectures bibliographiques ont été
menées dans trois directions majeures. Des lectures assez
généralistes, privilégiant des approches
théoriques, ont été poursuivies dans le but de confronter
des points de vue très différents de géographes, mais
aussi d'historiens, d'anthropologues, de sociologues, sur l'utilisation des
notions de territoire, foncier et gouvernance. Les auteurs ayant des
interrogations sur les temporalités des territoires et les
24
rapports de pouvoir au sujet du foncier ont été
privilégies. Les références indiquées ici n'ont
aucune prétention à l'exhaustivité et ne sont qu'un
échantillon des influences reçues. Un deuxième axe
bibliographique, plus précis, a cible les études de
géographie rurale, de géographie physique et d'agronomie sur le
pays Bamoun. Les références les plus récentes ont
été sélectionnées ; il reste néanmoins
à poursuivre les lectures dans ce sens en recherchant des écrits
plus anciens. Enfin, une première recension des ouvrages, articles,
colloques et thèses sur le foncier dans les pays en développement
a été menée. De la question foncière dans les
anciennes plantations coloniales aux stratégies de contrôle de la
terre, ces études abordent des aspects très diversifies.
Les techniques d'enquêtes ici présentées
ne sont pas uniquement qualitatives car, il est des aspects nécessitant
l'élaboration de procédures de recension
systématique (et donc pas simplement « quantitatives
» au sens strict), qui peuvent prendre la forme de recensements, de
cartes, de comptages, de diagrammes, de généalogies. Les
données statistiques quant à elles sont celles des
différents recensements généraux de la population et de
l'habitat effectués en 1976, 1987 et 2005 au Cameroun. Celles-ci seront
compléter par les fichiers de l'Etat Civil et de listes
électorales obtenus au niveau de la mairie municipale d'arrondissement
de Foumbot, afin d'avoir une idée approximative sur la taille des
populations des différents villages ouvriers. Les sources statistiques
des brigades de gendarmerie de Foumbot, de Mbankouop et du T.P.I de Foumbot ont
été consultées, notamment pour avoir une idée sur
le nombre et les fréquences des plaintes déposées au sujet
des conflits fonciers entre les différents acteurs identifiés.
Les registres de recensement des patients des districts de santé des
différents villages de notre zone d'étude ont également
été passés en revue afin de pouvoir appréhender la
nature le type de conflits et d'avoir une idée approximative sur le
nombre de victimes, ce qui nous a permis de caractériser l'ampleur du
conflit. Cette étude nous a permis également d'identifier les
dates les plus troubles et les plus mouvementées de l'histoire de la
plantation. Les levés de points au GPS : cette étape a
été cruciale notamment pour la réalisation de la
cartographie de la zone d'étude. Pour cette cartographie, nous avons
opté pour une approche multiscallaire à savoir :
? Une cartographie à l'échelle régionale
: celle-ci consiste à la cartographie des différents villages sur
lesquels s'étendent les plantations de la C.O.C, ceci dans le but non
seulement de circonscrire notre zone d'étude mais aussi d'identifier les
grandes infrastructures routières et réseaux viers, les centres
de santé et les infrastructures étatiques de
sécurité, d'identifier les grands villages ouvriers par rapport
à la plantation.
25
? Une cartographie à l'échelle de la plantation
elle-même, d'une superficie de 2400 ha. Ce fut un travail fastidieux
d'environ six jours, pour un parcours journalier à pieds de sept
kilomètres pour la prise des points GPS. Pour ce faire l'utilisation des
images Google Earth et Open Street Map mais aussi des cartes
préexistante afin de faire une synthèse s'est
avérée indispensable.
Selon la pluralité des acteurs identifiés
à savoir les paysans, les gestionnaires de la plantation, les
autorités coutumières locales et administratives, la
réalisation des guides d'entretiens et des interviews a
été un impératif. Ce faisant, le choix des personnes
à enquêter fut exhaustif et raisonné suivant le nombre
d'agriculteurs encore présents dans la zone fournie par les services
déconcentrés du MINADER. Au total, ce ne fut pas moins de deux
cent guides d'entretiens qui ont été élaborés, hors
mis ceux destinés aux autorités coutumières, locales et
administratives repartit sur les villages qui couvrent notre terrain. Leurs
entretiens et interviews fut indispensables pour la compréhension des
logiques des différents acteurs pour l'accès au foncier dans
cette plantation en particulier et du territoire Bamoun en
général. D'où la pluralité.
Nous avons aussi fait recours à l'observation directe,
celle-ci étant bien plus une stratégie de recherche qu'une
méthode unifiée, (cf. Davis 1999 : 67) : « lorsque l'on
est inséré dans une situation sociale comme observateur et
participant, on va certes observer des actions, des attitudes, écouter
des discours, mais aussi recenser, compter, et encore discuter, poser des
questions. Ainsi en va-t-il des discussions menées lors d'un transect,
de la visite de confins litigieux ou d'une forêt classée,
squattée ou non : on peut les voir comme des entretiens en contexte ou
des « observations discutantes... »
Ainsi, dans la réalisation des parcours de
différentes parcelles que ce soit avec les paysans eux-mêmes
qu'avec les gestionnaires des plantations, cette technique nous a permis de
mieux comprendre la façon dont les différents acteurs se
représentent leurs espaces, leurs limites ; celle-ci nous a non
seulement permis de gagner la confiance des paysanneries mais aussi de parvenir
à faire une meilleure analyse des systèmes de productions y
afférents.
L'illustration du mémoire par des photographies
s'avérant par moments nécessaire. Notre intension première
a donc été de prendre suffisamment de photos sur le terrain pour
constituer une banque de donnée photographique personnelle alimentant le
mémoire.
La réalisation des guides d'entretiens : la
productivité de l'entretien résidant dans la capacité
à faire, et à laisser, surgir des idées,
hypothèses, champs d'investigation imprévus,
26
qu'il va s'agir de suivre dans l'entretien même et
au-delà, des questionnaires guides d'entretiens ont été
élaboré sur la base des questions et objectifs de ce travail
scientifique. Cette possibilité est d'autant plus élevée
que l'interaction se déroule de la manière aussi détendue
et « naturelle » que possible, s'approchant autant que faire se peut
de la conversation et nous a permis de récolter un nombre
insoupçonné de données sur le vécu quotidien de ces
paysanneries, notamment le manque d'appui au développement local.
Les difficultés de terrain : La
première et principale difficulté de ce travail de recherche est
relative à l'objet de recherche lui-même. Si la
problématique de la stratégie d'accès à la terre
est abordée sans gêne par la majorité des acteurs, surtout
les populations locales, il en est autrement pour ce qui est relatif au foncier
lui-même : A qui appartient la terre ? Car la terre représente la
vie et la mort pour ces paysanneries qui n'ont de sources de revenus que le
travail de cette ressource et la vente des produits qui en résultent.
Par conséquent, certaines informations restent secrètes
malgré les mutations des pratiques dont la tendance est à la
désacralisation du foncier.
La deuxième difficulté est liée au fait
que nous sommes en zone d'accueil de migrants qui représenteraient
près de 65% des habitants actuels de la commune (BUCREP, 2010). La
plupart des acteurs migrants ne se prononcent pas sur certains aspects des
rapports fonciers par crainte des représailles foncières
(expropriations). Il est donc évident qu'il y a beaucoup de non-dits
à l'heure actuelle même si les données collectées
font état d'une crise foncière qui s'est déjà
installée dans la commune de Foumbot (Mounvera S., 2015)17,
particulièrement dans certaines localités.
La troisième difficulté est celle de rencontrer
certains « nouveaux acteurs » du jeu foncier. Non seulement ils ne
sont pas résidents dans la zone d'étude, mais dès lors
qu'ils se rendent compte qu'il s'agit de discuter avec eux de foncier, nombreux
sont ceux qui ne se montrent pas disponibles. Les formes de transactions
(décrites dans la deuxième partie du document), le plus souvent
non transparentes, peuvent expliquer la « clandestinité »
actuelle de nombre d'entre eux.
La quatrième difficulté fut sans doute le fait
pour nous d'avoir préservé notre anonymat en s'abstenant de
préciser notre appartenance ethnique, pour la simple raison que le
pouvoir de l'autorité traditionnel y est dans ce territoire encore
très fort, ce qui fait que lorsque vous voulez remettre en doute ou en
question les propos d'un notable ou dignitaire de la cour
17Mounvera Simon (2015),
Insécurité foncière et gestion durable des terres dans
l'Arrondissement de Foumbot, mémoire de Master 2 ;
Université de Yaoundé I
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royale, cela est perçu de tous comme un mépris
et peu vous valoir des représailles très violentes allant de
votre endroit à celle de votre famille toute entière. De ce fait,
ceux-ci ont souvent tendance à raconter des histoires connues de tous,
qui parfois ne reflètent ou alors ne cadrent pas avec les
réalités quotidiennes, comme va nous le révéler
notre travail de terrain. Pour nous donc, ce fut très facile de nous
faire passer pour un étranger'' afin d'obtenir les
informations au lieu de révéler notre attachement ethnique pour
récolter des informations peu pertinentes voire même
erronées ; comme on dit très souvent : « nul n'est
prophète chez soi ».
De l'ordre des limites, on peut noter qu'il règne une
confusion entre « anciens » et « nouveaux acteurs » dont la
grande majorité se livre à un accaparement des terres, (que nous
tenterons de distinguer dans cette étude) dans l'entendement local. Ce
qui rend encore plus ardu un travail de stratégie ou de logiques
d'acteurs dans la quête foncières c'est sans doute
l'hétérogénéité de leurs buts. Les effectifs
des « nouveaux acteurs » dans les villages sont parfois
approximatifs, certaines identités échappant même aux
propriétaires terriens qui ont prêté ou « vendu »
leurs terres à ces derniers.
- Le fait que l'étude s'est amorcée en saison
sèche qui est une saison presque morte en matière agricole.
Excepté le maraîchage et quelques cultures de contre-saison,
l'activité agricole est en pause. Certains ouvriers temporaires dans les
fermes étaient absents et attendaient, probablement le retour des pluies
pour revenir dans la localité. Ce qui a eu pour conséquence, la
multiplication des missions de terrains effectuées, ce qui nous a valu
un accident de motocyclette caractérisé par une fracture de la
cheville et de nombreuses lésions.
A quoi l'étude a-t-elle abouti ?
La présente étude à aboutit à la
rédaction d'un mémoire qui devra permettre (et ou pas) la
validation du diplôme de Master 2 Recherche option Pays Emergents et en
Développement à l'Institut de Géographie de
l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Le mémoire est structuré en trois parties :
? La première partie traite de l'histoire de la
plantation de la C.O.C, de son
accaparement foncier sur l'espace environnant, depuis sa
création jusqu'à nos jours. ? La deuxième partie traite du
jeu d'acteurs et de leurs implications dans le foncier à la
C.O.C.
? La troisième partie quant-à-elle traite de
l'éclairage sur les conflits de gouvernance qui sont ainsi
révélés et des perspectives dans le cadre de la
décentralisation.
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